Est-ce toujours plus beau dans le jardin du voisin ? | Espace Infirmier
 
Est-ce toujours plus beau dans le jardin du voisin ?

01/10/2011

Est-ce toujours plus beau dans le jardin du voisin ?

Au Québec, la formation des infirmières se fait déjà à l'université. Si la France veut s'en inspirer, attention à l'abus d'approche biomédicale. Par Bernard Roy, infirmier québécois, docteur en anthropologie, spécialiste des premières nations, professeur à la faculté des sciences infirmières de Laval

(Chronique parue dans L'Infirmière magazine n°286,
1er octobre 2011)

 

J’ai écho que, dans les milieux infirmiers français, a lieu un débat concernant l’avenir de la formation infirmière. J’entends que les milieux de la médecine se profilent à l’horizon pour prendre le contrôle de la formation universitaire des futures infirmières françaises. Je comprends mes collègues français qui se dressent devant ce nouvel élan colonialiste du monde médical. Mais il importe aussi d’être vigilant en regard de la posture biomédicale qui se profile au sein même des milieux infirmiers.

Au Québec, la formation infirmière est offerte, entre autres, dans les milieux universitaires, où le cursus est élaboré par des infirmières. L’idéologie biomédicale y est de plus en plus influente. Ce colonialisme interne prend notamment la forme d’une pratique infirmière strictement basée sur les données probantes, au détriment de ce que je me plais à nommer les « données parlantes » : un discours privilégiant un soin de plus en plus technicisé. Une approche qui conduit souvent à négliger les soins qu’exige le traitement d’un patient en tant que personne.

Si la formation infirmière québécoise inspire mes collègues français, je les invite à demeurer vigilants quant à la biomédicalisation du discours infirmier. La France a produit des modèles infirmiers qui devraient être davantage connus. Je songe ici à Léonie Chaptal ou à Marie-Françoise Collière. S’il est important que les infirmières aient de solides connaissances cliniques, il est impérieux qu’elles acquièrent aussi des connaissances relevant du social et du politique. En ce sens, je crois que les milieux infirmiers québécois auraient avantage à s’inspirer et à s’associer à une certaine tradition infirmière française. Tiens-je ces propos parce que c’est toujours plus beau dans le jardin du voisin ?

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