Je sais que je ne sais rien | Espace Infirmier
 

28/08/2018

Je sais que je ne sais rien

Nouvelle IDE, cette jeune infirmière (et son joli chapeau) découvre la vie, la vraie ! Aujourd'hui, elle est confrontée à cette première urgence vitale, celle qui prend aux tripes et fait réaliser que le savoir de l'Ifsi est bien peu de chose. Il va falloir réagir, et bien !

C’était un samedi. Cela aurait pu être demain, la semaine dernière ou le mois prochain. Mais c’était le samedi 14 octobre. Dix jours d’expérience. Cela fait presque rire, et pourtant... C’est tout ce sur quoi j’ai pu m’appuyer lorsqu’il a fallu s’improviser à la hauteur. Tes pupilles devenues fixes et ton cœur qui a cessé de battre durant les soins, comme ça, sans me prévenir que ce jour allait être inoubliable.

Les choses se sont enchaînées. Pourtant, cette heure où nous avons défié la vie avec de lourdes manœuvres de réanimation m’a paru une éternité. Un instant, j’ai voulu partir en courant, très vite et très loin, sans me retourner.  Mais sans vraiment réfléchir, j’étais déjà en train de masser ton cœur. Si le tien ne battait plus, le mien faisait mal tellement il frappait fort.

Le 14 octobre, j’ai vécu ma première situation d’urgence vitale en tant que jeune infirmière, et je pourrais te la raconter dans les moindres détails. On m’a demandé de préparer des produits dont je n’avais plus entendu parler depuis des mois, depuis les cours en Ifsi. On s’attendait à ce que j’installe du matériel dont j’ignorais l’existence ou, tout du moins, l’emplacement dans le service. Chacun faisait ce qu’il avait à faire comme si tout était écrit. Quand, à bout de forces, j’ai été relayée pour le massage cardiaque, j’ai eu un mouvement de recul et j’ai compris qu’en fait, je ne savais rien.

J’avais eu beau être l’étudiante la plus sérieuse du monde, le stress de l’urgence et la sensation de méconnaissance, on ne nous les apprend pas. Le matériel et les produits, c’était facile dans les manuels ou en travaux pratiques, avec les copines qui jouent au patient-mannequin. Mais dans la vraie vie, avec une patiente en arrêt cardio-respiratoire et dix personnes qui comptent sur vous, votre savoir et vos compétences, c’est autre chose. On m’a donné le diplôme en juillet 2017, comme la permission d’exercer un métier auquel j’aspirais depuis longtemps. Mais il est loin d’être un poids de savoir ou d’expérience...

Nous étions le 14 octobre, j’étais jeune infirmière dans un lourd service hospitalier et je ne savais quasiment rien... Rien à part mon soulagement lorsque j’ai vu ton rythme cardiaque se redessiner sur le scope. Huit mois plus tard, je me souviens encore de ton nom, du regard de ta fille et de l’atmosphère particulière qui régnait, avec ce paradoxe gênant mais bien réel. J’étais infirmière diplômée d’État, ma formation était terminée, et pourtant, mon apprentissage de la profession ne faisait que commencer.

Retrouvez ce billet dans L'Infirmière magazine n°397 (septembre 2018) et suivez les aventures de cette jeune infirmière sur son blog : vismaviedinfirmiere.over-blog.com

Les dernières réactions

  • 29/08/2018 à 21:54
    Didier
    alerter
    Rien d'étonnant avec le LMD......continuons dans l'ignorance......je plains de tout mon coeur les jeunes étudiants infirmiers qui débutent.et ceux qui sont en formations avec le savoir de nos cher cadres technocrates.....LMD.....!!
    compétence 0
    Semestre 12.....
    référenciel...XXX
    ....heu on fait comment un lavement évacuateur......???
    parce que le lavage de cerveau , la masturbation de l'esprit et le lèchage de pompe....çà on connait!

    rebellez vous les étudiants, refusez vous cours,demandez de vrais apprentissages et non des théories libidineuses....!!et abracadabrantesques...!!!
    car demain vous serez seul...très seul et personne ne vous soutiendra....si problème PERSONNE !!!!
    touit est fait pour l'individualisme....rien pour le travail en équipe..et les soutiens ne les attendez pas!

    tout n'est pas pourri mais révoltez vous avant qu'il soit trop tard...( il l'est déjà un peu!)
  • 30/08/2018 à 16:12
    Agathe
    alerter
    A propos de la vaccination anti-grippale accordée aux pharmaciens et autres ...il y a aussi les lavements évacuateurs que la ministre de la santé a oublié de leur proposer ! sic!!!
  • 04/09/2018 à 09:34
    ENIRETHAC
    alerter

    A propos de la vaccination anti-grippale accordée aux pharmaciens et autres ...il y a aussi les lavements évacuateurs que la ministre de la santé a oublié de leur proposer ! sic!!!
  • 04/09/2018 à 09:53
    Didier
    alerter
    ......le touché rectal c'es tpour nous !
  • 09/09/2018 à 16:00
    Nainfirmier
    alerter
    En Belgique la formation va passer à 4 ans. Il existe des diplômes de spécialités d'urgences supplémentaires.
    3 ans c'est trop peu LMD ou pas MSP ou pas! Je suis moi même issu de l'ancien diplôme et le débat n'est pas là! le débat est d"intégrer les IFSI aux facs de médecines pour intégrer les labos de simulation et autres afin de former des vrais pros de santé et pas de former des gens qui désinfectent en escargot parce qu'on leur a dit que c'est bien! I ll faut se baser sur les preuves oser le questionnement et l'erreur en formation !
    La génération qui arrive est plus décomplexée, stop à la vocation, stop aux cornettes!
    allez les jeunes
  • 09/09/2018 à 17:52
    Didier
    alerter
    ....discours de technocrate !!! generation décomplexée...??? avec combien de suicides??? c'est cà décomplexée???de ton époque y a vait t il des suicides d'etudiants ??
    à mon époque de vieux con (26 ans de diplôme,) il n'y avait pas de suicide du à la formation, tu abandonnais et cela n'était pas pris pour un échec ! tu a raison stop à la vocation !
    allez les jeune courrez à l'uberisation des soins!!! allez y .!!!les vrai pro de santé sont ceux qui savent techniquer !!! pas de souicis....mais les relations humaines...ha oui...çà c'est vieux jeu...... has been!! révolu !!
    allez y fermez vos geules et acceptez tout!
  • 10/09/2018 à 11:42
    Nainfirmier
    alerter
    Didier,
    1/ A aucun moment il n'est question d'opposer les vieux et les jeunes dans mon commentaire précédent;
    2/ Pour les suicides , cela existe dans nos professions malheureusement et ce quelque soit les époques mais cela n'était pas le thème de ma réflexion ( pour les chiffres je ne suis pas une base de données ambulante donc je m'en remets à l'ARS) affirmer qu'il n'y en avait avant pas du tout, plus ou moins = je n'en sais rien!
    3 / Il n'y à pas d'opposition de l'aspect technique/relationnel de notre profession dans mon commentaire
    4/ Pour info le thème de l'article est : première prise en charge d'une urgence vitale par une jeune DE
    5/ Bon repos!

À découvrir

Toutes nos formations pour les professionnels de santé.

- Gestes & soins d'urgence
- Douleurs
- Management
- Droit & éthique
- SST
- Santé mentale & handicap


Télécharger le catalogue
Feuilleter le catalogue