Repensons la vaccination | Espace Infirmier
 

22/11/2017

Repensons la vaccination

Anne Perraut Soliveres est cadre supérieure de santé, chercheur en sciences de l'éducation et membre du comité de rédaction de «L'Infirmière magazine». Elle revient sur l'annonce des onze vaccins obligatoires pour les enfants dès 2018 et les polémiques suscitées dans la population générale.

Si les ministres de la Santé qui se sont succédé avaient voulu compromettre la vaccination de masse, ils ne s’y seraient pas pris autrement. Car enfin, comment les politiques en charge des questions de santé pouvaient-ils imaginer que la défiance qui s’est développée dans la population, y compris chez les soignants après les différents scandales affectant certaines campagnes de vaccination, allait céder devant une obligation, a fortiori sans le moindre argument valide justifiant une telle offensive.

Passer autoritairement et aveuglément de trois vaccins obligatoires à onze pour le tout-petit ne peut que raviver chez le citoyen le sentiment d’être dépossédé de son libre arbitre, ce qui va à l’encontre de la responsabilité tant individuelle que collective, que l’on devrait plutôt encourager.

C’est là où le bât blesse. Combien de médecins et d’infirmières sont en mesure de conseiller justement les personnes qui s’adressent à eux et qui émettent des doutes ou des craintes sur la pertinence de ces multivaccins, dont on ne cesse d’augmenter le nombre dans la seringue ? Hélas, ils en sont généralement incapables, faute d’information fiable et de formations indépendantes des fabricants, qui se gardent bien de prendre en compte les questions d’intolérance à certains adjuvants ou les effets à long terme de ces manipulations de l’immunité.

Des études à ce sujet existent pourtant et mériteraient l’éclairage de chercheurs indépendants. Comme tout produit de santé, la prescription de vaccins devrait aussi faire l’objet d’une évaluation des bénéfices et des risques pour la personne, en fonction de critères comme l’âge, le sexe, les conditions de vie, les problèmes individuels de santé, l’hygiène ou l’environnement.

On connaît, hélas, la force des lobbies pharmaceutiques et leur présence active auprès des médecins, dont l’esprit critique n’est guère aiguisé. On sait aussi le pouvoir de persuasion des laboratoires producteurs de ces vaccins auprès des autorités qui, faute de compétence, font confiance à des experts qui se révèlent souvent en conflits d’intérêts.

La ministre de la Santé a beau jouer sur le registre émotionnel, moralisateur, c’est plutôt de transparence et d’informations fiables dont nous avons besoin pour sortir du manichéisme du « tout pour » ou du « tout contre ». Il serait pour le moins judicieux de pouvoir distinguer les vaccins, qui n’ont pas tous la même utilité ni ne posent les mêmes problèmes. Or, les mélanger empêche précisément cette distinction et fait perdre de précieuses informations sur leurs effets réels ou supposés, qui alimentent les réticences.

Il serait plus pertinent de vacciner en fonction des risques réels pour la personne et non pas uniquement pour des raisons dites de santé publique. Pour nous, soignants, qui avons été éduqués à respecter la personne dans sa globalité, dans ses choix, imposer une pratique de masse est en contradiction fondamentale avec nos valeurs.

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