« Les aides-soignants et les infirmiers ne changent pas si fréquemment de métier » | Espace Infirmier
 
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18/03/2021

« Les aides-soignants et les infirmiers ne changent pas si fréquemment de métier »

Défi métiers, le Carif-Oref francilien, a réalisé une évaluation sur la durée de carrière des aides-soignants et infirmiers. Les résultats, rendus publics fin février, vont à contre-courant des données habituellement communiquées sur le sujet. Le point avec l’auteur de l’étude, Mathieu Le Floch.

Dans quel contexte l’étude a-t-elle été réalisée ?

La Direction des formations sanitaires et sociales de la Région Île-de-France a demandé au Centre animation ressources d'information sur la formation/Observatoire régional emploi formation (Carif-Oref), qui vient en appui aux politiques publiques d’orientation, de formation et d’emploi sur la région, de mener une étude sur les durées de carrière des aides-soignants et des infirmiers. Les acteurs du secteur affirment souvent que ces durées sont courtes. Les chiffres de cinq à sept ans circulent régulièrement, sans que personne ne puisse dire d’où ils proviennent. Ce n’est pas surprenant puisque pour les connaître précisément, il faudrait effectuer une étude longitudinale longue et forcément coûteuse puisque c’est uniquement lorsqu’une personne arrive à la retraite qu’il est possible d’analyser toute sa période d’activité professionnelle. Cela n’a jamais été réalisé.

De notre côté, nous avons obtenu et analysé des données de la Caisse des dépôts sur la carrière des infirmiers et des aides-soignants exerçant au sein de la fonction publique hospitalière. Nous avons pu avoir accès à une partie de leur parcours jusqu’à leur retraite, analyser leur évolution de carrière et ainsi réaliser une projection pour effectuer une estimation au sein la fonction publique. Les chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) nous a par ailleurs permis de nous intéresser à tous les aides-soignants et infirmiers, aussi bien dans la fonction publique que dans les structures privées, et d’estimer le temps durant lequel ils restent actifs dans leur métier.

Quels sont les principaux enseignements de votre enquête ?

En regardant les données existantes, nous nous sommes rendu compte que finalement, dans le domaine de la santé et du social, les aides-soignants et les infirmiers changent moins de métier que dans d’autres secteurs d’activité. Les durées de carrière sont également plus longues que ce qui est généralement affirmé dans le secteur. On peut estimer que les durées moyennes en Île-de-France se situent entre 11 ans et 15 ans pour les aides-soignants, et entre 10,5 ans et 14,5 ans pour les infirmiers. Celles des professionnels de la fonction publique hospitalière sont plus longues : environ 17,5 ans pour les premiers et 15,5 ans pour les seconds.

Cela rejoint une autre problématique, celle du turn over au sein de ces métiers. Dans le secteur sanitaire et médico-social, il y a un ressenti de carrières courtes qu’on ne peut pas nier. Mais il est en partie lié à l’usage très répandu des contrats courts, ce qui implique un taux de turn over très important. Cela ne veut pas dire pour autant que les soignants changent de métier. Certains sont satisfaits de ce type de contrat, notamment en début de carrière, car cela leur permet de multiplier les expériences. Mais il ne faut pas pour autant relativiser la pénibilité au travail, qui est bien réelle dans le secteur. Les conditions de travail influent d’ailleurs sur le turn over mais à une moindre échelle que les contrats courts.

Des distinctions sont également à souligner entre l’Île-de-France et le reste du pays…

Tout à fait. En Île-de-France, le solde migratoire est négatif. Il y a plus d’aides-soignants et d’infirmiers qui quittent la région que de professionnels qui s’y installent. Le coût de la vie, des loyers, les distances, les transports sont quelques hypothèses expliquant ce phénomène. D’autant plus que les soignants peuvent facilement trouver du travail ailleurs, dans des territoires où ils pourront bénéficier d’une meilleure qualité de vie et d’un meilleur pouvoir d’achat.

Quel va être l’impact des résultats de cette étude ?

La Région pilote la formation des aides-soignants et infirmiers, il est donc important pour cette collectivité de connaître le nombre de professionnels formés et leur durée d’exercice dans leur métier pour répondre au mieux aux besoins. Mais le solde migratoire négatif implique de prendre des mesures concernant l’attractivité du territoire et les conditions de travail, mobilisant alors d’autres acteurs que la seule Région.

Propos recueillis par Laure Martin

Étude « Carrière des aides-soignants et des infirmiers : durée d’exercice en Île-de-France », Défi métiers, Carif-Oref francilien.

CHIFFRES-CLÉS DE L’ÉTUDE DÉFI MÉTIERS

   - D’après la Dares (2018) sur la période 2010-2015, 9 % des professionnels de la santé, de l’action sociale et culturelle ont changé de métier, contre 22 % des actifs tous professionnels confondus.

   - Selon l’étude effectuée par Défi métiers et l’Insee (2018), en Île-de-France, entre 2012 et 2015, 18 % des AS et 8 % des infirmiers et sages-femmes ont changé de famille professionnelle.

   - L’entrée en formation se fait à 23 ans en moyenne pour les infirmiers.

   - Les âges moyens d’obtention des diplômes en Île-de-France sont de 26,5 ans pour les infirmiers, et 31 ans pour les aides-soignants.

   - Au niveau national, la moyenne d’âge des départs est de 47,5 ans pour les infirmiers contre 42 ans pour la région Île-de-France.

   - Le solde migratoire en Île-de-France concernant les infirmiers est de - 1,4 %

Les dernières réactions

  • 18/03/2021 à 18:29
    elo
    alerter
    on est pas assez de femmes sur ces professions, pour que le masculin l'importe dans votre article ...
  • 19/03/2021 à 08:38
    alerte
    alerter
    comme quoi on nous dit n'importe quoi cependant quand j'entends les propos des jeunes professionnelles je suis inquiet quant à leurs motivations professionnelles
  • 30/03/2021 à 10:14
    Dal
    alerter
    Bonjour, j'aimerais que des études post-COVID (à partir de 2020) soient réalisées, étant très sceptique de la qualité de l'étude réalisée, surtout quand on analyse l'actualité.

    Comment le Carif-Oref francilien explique-t-il ?
    * Que des médecins doivent fermer des lits, faute de personnel dans plusieurs CHU ?
    * Que de plus en plus d'IDE poursuivent des études universitaires en master RH/Gestion, suffit de voir les profils Likendin, les universités demandant votre profession/statut dans les dossiers d'admissions ?
    * Que les plannings sont modifiés avec des nouveaux noms ?

    Où sont ces IDE puisqu'ils ne changent pas souvent de métier dixit l'étude ?

    Ils vont dans le libéral dit-on ? Absolument faux, si vous connaissez la profession IDE, vous savez parfaitement que l’installation d'une IDE en zone surdotée (là où vous vont principalement les IDE) nécessité une autorisation = sinon remplacement, et ces remplacements sont de plus en plus difficiles à trouver. S'installer par ex en région PACA = impossible dans certaines zones..

    Je demande au lecteur de prendre du recul avec le contenu de cet article (et même mon commentaire d'ailleurs), et d'analyser froidement et empiriquement ce qui se passe sur le terrain.

    Je doute sincèrement de la fiabilité de l'étude quand je vois ce qui se passe sur le terrain.
  • 25/04/2021 à 20:19
    Annre
    alerter
    Pourquoi dans l'étude on ne compte pas les infirmières qui exercent à l'étranger, le luxenbourg, la Suisse ,le Canada et d'autres pays?

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