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La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) publie son rapport d’activités et souligne une proportion importante de signalements concernant des dérives thérapeutiques dont une grande partie présente un caractère sectaire. Les infirmier(ère)s forment un maillon indispensable de la vigilance face à la menace sectaire.
En 10 ans, le nombre de signalements et de demandes d’informations faits à la Miviludes a plus que doublé : 4 571 en 2024 contre 2 160 en 2015. Parmi les thématiques les plus impactées figurent la santé et le bien-être avec 37 % des signalements, puis viennent les cultes et spiritualités (35 %), la formation, l’emploi et les finances (13 %).
Si la Miviludes s’accorde à dire que la crise sanitaire a largement contribué à cette augmentation, l’impact des réseaux sociaux explique également la diffusion de certaines théories et pratiques sectaires de même que le besoin de spiritualité « puissant vecteur de dérives sectaires. »
La situation est d’autant plus préoccupante qu’elle entraîne des conséquences qui peuvent être particulièrement graves : « aux risques habituels de rupture avec l’entourage, d’exigences financières exorbitantes et de troubles psychologiques causés par la relation d’emprise s’ajoutent les risques de retard de diagnostic, de pertes de chance de guérir voire de survivre quand la personne souffre d’une maladie grave », alerte le rapport.
LES PSNC EN LIGNE DE MIRE
La Mission cite les nombreuses pratiques de soins non conventionnelles (PSNC) qui peuvent donner lieu à des dérives. L’Ordre des médecins avait publié en 2023 un rapport sur ces PSNC.
Selon la Miviludes, le danger principal des PSNC réside dans le fait que leurs praticiens sont souvent installés dans des endroits où des professionnels de santé exercent déjà, ce qui entretient un certain flou auprès des patients. Ils seraient notamment présents dans certains hôpitaux sans réelle mise en garde ou encadrement médical, avec le risque de détourner le patient de sa prise en charge initiale : « il est courant de trouver des séances de Reiki, de magnétisme ou de “bol tibétain” dans les établissements publics de santé », décrit la Miviludes qui y voit un risque en raison de la « prétention de certains pseudo-thérapeutes à substituer les PSNC à la médecine conventionnelle, excluant totalement le recours à celle-ci. » Outre le domaine de la santé mentale qui est fortement impacté par ces pratiques sectaires, c’est dans la prise en charge des malades atteints de cancer que les signalements explosent, notamment dans le domaine des soins de support : « Les personnes fragilisées par la maladie peuvent en effet être plus sensibles à des pratiques faisant la promotion de “soins” sans chimiothérapie, un traitement lourd et redouté », note le rapport. En 2010, la Miviludes avait estimé que 4 Français sur 10 avaient recours à des PSNC et 60 % d’entre eux étaient suivis en cancérologie.
Des dérives en lien avec la quête de longévité ont également été remontées, proposant çà et là des lits issus d’une technologie extraterrestre permettant de réparer l’ADN, des appareils visant à arrêter le vieillissement quand ce ne sont pas des « chambres à tachyons » qui permettent de retrouver son énergie.
LA LOI COMME GARDE-FOU
Depuis la loi du 10 mai 2024 visant à renforcer la lutte contre les dérives sectaires, un délit de sujétion psychologique ou physique ainsi qu’un délit de provocation à l’abandon ou l’abstention de soins médicaux a été mis en place avec une peine d’1 an de prison et 30 000 euros d’amende.
Pour la Miviludes, il s’agit désormais d’animer la politique de lutte et la mise en œuvre des différentes mesures prévues par la stratégie nationale de lutte : elle a par exemple dispensé des sessions d’action et de sensibilisation auprès de différents professionnels de santé.
Elle s’appuie également sur les ordres professionnels avec lesquels elle a signé des conventions. Lors de la signature avec l’Ordre infirmier, il y a deux ans, le rôle important des infirmiers, « seuls professionnels de santé présents partout sur le territoire », était souligné. Ils sont un maillon indispensable de la vigilance face à la menace sectaire, par la variété de leurs lieux d’exercice, à tous les stades de la vie, au plus près des patients et de la réalité de leur quotidien.
Anne-Lise Favier
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