Les Ibodes mobilisées dans toute la France | Espace Infirmier
 

26/05/2021

Les Ibode mobilisés dans toute la France

Ibode et infirmiers travaillant au bloc étaient en grève ce mardi 25 mai. La profession réclame plus de reconnaissance avec une revalorisation salariale et une formation plus accessible, notamment. Et certains sont venus de loin pour se faire entendre.

Elles ont du mal à se faire entendre, alors elles vont tâcher de se faire voir. Plusieurs dizaines d’Ibode étaient assises, en début d’après-midi, ce mardi 25 mai, au milieu du carrefour près de l’entrée du ministère des Solidarités et de la Santé. Ibodes et IDE travaillant au bloc se sont réunies pour crier ensemble : « Les Ibodes ne sont pas en solde. » La profession veut la nouvelle bonification indiciaire (NBI) déjà versée aux Iade notamment, une reconnaissance salariale indiciaire bac+5, la réingénierie avec obtention d’un master 2, et la reconnaissance des actes exclusifs Ibode.

Florence C. travaille depuis sept ans dans un bloc du CH de Sens, dans l’Yonne. Elle est diplômée en tant qu’Ibode depuis l’année dernière. « L’hôpital m’a demandé de faire la formation de dix-huit mois, à l’école. Je suis revenue dans mon bloc d’origine avec un certain nombre d’années dues à l’hôpital. Mais avec un salaire plus bas. J’ai perdu 100 € net par mois à peu près, compte la jeune femme. On nous donne de plus en plus de tâches, de compétences à acquérir sans aucune valorisation, c’est dur. »

Bloqué dans les mesures transitoires

Rémi Landrat, lui, est bloqué depuis deux ans et demi dans les mesures transitoires, ce dispositif supposé faciliter l’accès à la formation Ibode. Il exerce à Mont-de-Marsan depuis onze ans. « On n’a pas accès à la formation complémentaire pour finir le chapitre. Je me suis engagé dans la VAE pour accéder aux compétences et être reconnu, pour ne pas me retrouver coincé entre deux portes et me faire virer. C’est pourtant ce qui va arriver un jour », craint l’infirmier. Sa collègue, Marie-Cécile Fuhrer, travaille depuis trente ans au bloc. « Je suis en fin de carrière, il me reste six-sept ans à faire. Je n’ai jamais vu aucune amélioration de rien. On n’a jamais été entendus. Je vais avoir une retraite catastrophique », s’insurge la soignante.

Grégory Chakir, Ibode à Toulouse, hôpital mobilisé depuis de nombreux mois, était à Paris ce mardi. Rien n’atténue la colère. « Quand tu vois les dernières grilles salariales, avec une augmentation de 16 €  net pour devenir Ibode en début de carrière… C’est scandaleux. Ce n’est pas un choc d’attractivité mais un choc d’inattractivité. Ou comment décourager les infirmiers qui ont envie de s’engager en tant qu’Ibode, s’énerve le soignant. La nouvelle bonification indiciaire, une petite dizaine la versent, d’autres pas, ils interprètent les textes et nous renvoient vers le ministère qui fait la sourde oreille. Quant à la réingénierie de la formation, ça fait dix ans qu’on attend. »

Déception et colère

Le collectif a proposé un plan de formation en alternance pour leurs collègues IDE. Et craint, par ailleurs, pour celles qui ont choisi de partir à la retraite. « Tout est fait pour tuer à terme la spécialité, se désespère le représentant. Au bloc, on est les seuls à ne pas toucher la NBI. »
Le collectif a été reçu par le ministère. « C’est une grosse déception, lance d’emblée Rachid Digoy, président du Collectif Inter-Blocs (CIB). D’abord, parce qu’on s’attendait à rencontrer le ministre, puis parce que les représentantes du ministère n’entendent pas du tout que le métier n’est pas attractif ! La colère est grande. » 430 procédures sont en cours auprès des tribunaux administratifs de France. Le collectif l’annonce : « Tant qu’on ne rencontrera pas Véran en tête-à-tête, on ne lâchera rien et on continuera les mobilisations, les grèves. » Rendez-vous le 15 juin pour un appel à la convergence.

Thomas Laborde

Pour une juste reconnaissance de la spécialité Ibode

L’appel à la grève a été lancé par le Collectif Inter-Blocs et la CGT. Les organisations professionnelles dénoncent le traitement réservé à leur spécialité, qu’elles jugent « malmenées depuis de trop nombreuses années » et qui « vient de subir le coup de grâce, avec les dernières annonces du Ségur de la santé »  : « une valorisation de 16 € net, pour une formation de 18 mois ». Les représentants de la profession se mobilisent donc pour la création dans la fonction publique hospitalière d’un corps complet des Ibode avec une reconnaissance salariale indiciaire bac+5, la réingénierie de la profession avec obtention d’un master 2 et revalorisation salariale niveau bac+5, l’attribution de la NBI, la reconnaissance des actes exclusifs Ibode, l’application de la réglementation prévoyant la présence d’au moins un Ibode en salle de chirurgie cardiaque et lors de prélèvement multi-organes. Ils ne délaissent pas leurs collègues IDE travaillant en bloc « confinés dans leurs mesures transitoires », et demandent une obligation de formation dans les cinq ans. La motivation repose toujours sur une juste reconnaissance des compétences, des responsabilités, de la pénibilité, et des risques de cet exercice spécifique.

Les dernières réactions

  • 26/05/2021 à 19:26
    Dol
    alerter
    Bon courage à vous....et en espérant que vous obtiendrez la revalorisation du salaire + reconnaissance Bac+5....c'est la moindre des choses quand on regarde ce qui se fait dans la, plupart des pays civilisés.

    2000 euros dans le public pour gérer les soins en association avec des chirurgiens sur des opérations de pointe, avec une pression psychologique monstrueuse, c'est la honte absolue.

    Ah oui, autre chose, interdiction des VAE pour devenir IBODE et formation obligatoire comme les IADE !

    C'est quoi la prochaine étape, VAE pour devenir cardiologue ?

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