Covid-19 : ces clusters hospitaliers dont on parle peu | Espace Infirmier
 

18/12/2020

Covid-19 : ces clusters hospitaliers dont on parle peu

Depuis quelques semaines, la presse fait état de plusieurs clusters dans des hôpitaux à travers la France, et 22 000 patients et soignants seraient contaminés. Pour Santé publique France, l’augmentation des cas de Covid serait en lien avec la mise en place de SI-Monic. Mais pour d’autres, cela reflète les conditions dans lesquelles les soignants travaillent.

« Les clusters dans les hôpitaux se multiplient mais nous n’avons pas de chiffres exacts car leur nombre évolue chaque jour. Dans mon établissement, nous avons eu quatre clusters de plus en quinze jours, ce qui porte leur nombre à sept ou huit au total », observe Céline Durosay, vice-présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI). « En septembre, nous avons eu au CHU de Poitiers un premier cluster en neurologie en raison d’une patiente contaminée, ensuite un autre en gériatrie puis, récemment, un deuxième avec 80 patients infectés et autant de soignants », relate Céline Laville, présidente de la CNI. Les deux infirmières ne sont pas les seules à faire ce constat. La presse régionale s’en fait régulièrement l’écho : le 4 novembre, 20 minutes évoquent un cluster à l’hôpital de Carhaix, en Bretagne, le 12 novembre c’est France 3 qui annonce quatre clusters au centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Tours (Indre-et-Loire), le 26, Sud-Ouest signale un cluster à l’hôpital de Sainte-Foy-la-Grande (Gironde), et le 12 décembre, La Dépêche alerte sur un cluster à l’hôpital de Saint-Gaudens (Haute-Garonne). Différents services sont touchés : médecine, cardiologie, chirurgie cardiaque… Et des dizaines de soignants et de patients sont contaminés.

Environ 22 000 patients et soignants concernés

Pour autant, il est difficile d’avoir une vision globale de la situation des hôpitaux, même si Santé publique France (SPF) communique certaines données. Entre le 9 mai et le 26 octobre, l’agence a ainsi recensé 1 352 clusters dans les entreprises privées et publiques, 1 065 dans les écoles et facultés, et 686 dans les établissements de santé, soit 10 % du nombre total de clusters. Mais depuis cette date, SPF n’indique plus de statistiques. Dans ses points épidémiologiques, l’agence mentionne seulement que « le nombre de clusters a augmenté de façon importante depuis la mise en place du système d’information Monic (SI-Monic). Cependant, ce nombre est actuellement fortement sous-estimé ». En revanche, depuis le 19 novembre, l’agence présente des données sur les signalements d’infections à SARS-CoV-2 nosocomiales. Au 6 décembre, 2 589 signalements de Covid-19 avaient été reçus (56,4 % des signalements) dont 2 276 concernaient des cas de Covid nosocomiaux et impliquaient 12 997 patients avec 127 décès liés, 8 978 professionnels et dix visiteurs. Parmi ces signalements, 1 481 correspondaient à des cas groupés, c’est-à-dire au moins trois cas liés. Dans 54 % des cas groupé, la source est un patient, dans 39 % des cas un professionnel et dans 6 % ou un visiteur. « Les clusters se situent souvent dans des services où les effectifs sont moindres que dans ceux dédiés aux patients Covid-19, le personnel prend beaucoup de patients en charge et l’application des gestes barrières peut être moins stricte, explique Céline Durosay. Des soignants asymptomatiques continuent aussi de travailler soit parce qu’ils n’ont pas les moyens d’arrêter les gardes ou d’avoir un jour de carence, soit parce que l’hôpital leur demande. » Céline Laville évoque aussi les salles de pause, souvent très petites : « Il est très difficile d’organiser des temps de pause pour deux soignants dans un service qui en compte quinze », remarque-t-elle. Les déjeuners peuvent aussi être des situations à risque, comme pour l’ensemble de la population. Les visites sont aussi des sources de contamination.

Vacciner d’abord les soignants

Face à ces clusters, les hôpitaux mettent en œuvre différentes actions : dépistage, renforcement des mesures barrières, isolement des patients et des soignants et, par conséquent, des réorganisations des services, mais aussi limitation ou arrêt des visites, arrêt des admissions et/ou des activités, voire transfert des patients dans d’autres établissements. Mais pour le docteur Jean-Paul Zerbib, président de l’Union nationale des médecins salariés (UNMS), « l’analyse faible des clusters dans les hôpitaux participe un peu à cette culture du “c’est comme ça, on fait avec” ». Selon le médecin, la meilleure solution serait de vacciner en premier tous les soignants contre la Covid-19. Ce qui ne sera pas le cas : d’après la stratégie vaccinale présentée par le gouvernement, seuls les professionnels de santé âgés et/ou présentant des comorbidités seront en priorité vaccinés.

Magali Clausener

Les dernières réactions

  • 07/01/2021 à 18:20
    Phildurand
    alerter
    On devrait ajouter à ces clusters les instituts de formation infirmiers, aides soignants, et autres personnels paramédicaux, impactés dès le début de la pandémie, tant pour les personnels que pour les élèves et étudiants. De plus ce sont souvent les parents pauvres des dispositions prises sur leurs établissements de rattachement et/ou de stage.
  • 07/01/2021 à 19:32
    Nana
    alerter
    Et pour le personnel.qui se sont contaminés sur leur lieu de travail. Qu est ce qui en advienne pour eux? Prise en charge maladie professionnelle? Ou impacté sur des jours de carence? Donc perte sur leur prime et autres avantages...
  • 07/01/2021 à 22:06
    DROL21
    alerter
    Vacciner le plus rapidement possible tous les professionnels de santé volontaires en commençant par les réa et unité covid.
  • 08/01/2021 à 11:10
    clémentine
    alerter
    c'est bien d'annoncer un nombre important de clusters hospitaliers, c'est encore mieux de se battre pour que ce soit à nouveau et définitivement reconnu comme une maladie professionnelle! Pour l'avoir attrapé en octobre à l'hopital où je travaillais étant nouvelle arrivée, cela m'a coûté plusieurs centaines d'euros de perte de salaire. 15 soignants et 6 patients contaminés plus tard ils ont pourtant refusés qu'on signale nos collègues comme cas contact, niés la contamination sur le lieu de travail et ses conséquences. Au final ce sont les soignants les victimes et la reconnaissance ne vient jamais (surtout quand on a déjà vu la prime COVID nous passer sous le nez car refusée par les RH de l'APHP compte tenu du nombre d'heures effectuées en mars-avril).
  • 10/01/2021 à 17:57
    Fred
    alerter
    Ide de nuit contaminée dans mon service et prévenue de cas covid qu une semaine + tard de patients malades du covid... Car la nuit nous sommes toujours là 5 e roue de carrosse.. J ai eu besoin d un arrêt de prolongation car trop fatiguée pour reprendre.. Et hop... 100€ de carrénce en moins... Merci la fonction publique

À découvrir

Toutes nos formations pour les professionnels de santé.

- Gestes & soins d'urgence
- Douleurs
- Management
- Droit & éthique
- SST
- Santé mentale & handicap


Télécharger le catalogue
Feuilleter le catalogue