Covid-19 : les URPS Paca très critiques sur la gestion de la crise | Espace Infirmier
 

20/10/2020

Covid-19 : les URPS Paca très critiques sur la gestion de la crise

Les Unions régionales des professionnels de santé libéraux, dont les infirmières, de Provence-Alpes-Côte d’Azur demandent à participer aux décisions des instances régionales dans la gestion de la crise sanitaire actuelle.

Biologistes, chirurgiens-dentistes, infirmières, masseurs-kinésithérapeutes, médecins, orthophonistes, orthoptistes, pharmaciens, pédicures-podologues et sages-femmes : dix URPS Paca ont réalisé un communiqué commun dans le but de se faire entendre. En effet, ces professionnels de santé libéraux sont concernés et impactés par le Covid-19. Et tous demandent une amélioration de la gestion de la crise qui tienne compte de leur présence quotidienne sur le terrain et de leur expérience.

Écoutés mais pas entendus par l’ARS

« Nous travaillons ensemble, sur le terrain et en ville, précise Lucienne Claustres-Bonnet, présidente de l’URPS Infirmières Paca. Si nous restons chacun dans notre coin, nous n’arriverons à rien. Depuis le début du Covid-19, nous faisons des réunions régulières où chaque profession fait le point sur ses difficultés. Au plus nous avançons, au plus il me semble que nous sommes écoutés par l’Agence régionale de santé Paca, mais pas entendus. Nous faisons sans arrêt des propositions mais elles ne sont pas appliquées. C’est à un niveau plus haut que cela bloque. Concernant les dépistages, ils se font de manière anarchique or, il faudrait vraiment cibler les personnes prioritaires pour éviter la déstabilisation des soins au sein des laboratoires de biologie médicale. »

Manque d’organisation et de communication

Au quotidien, la difficulté pour exercer le métier d’infirmier ne cesse d’augmenter. En cause, notamment, le nombre croissant de cas positifs à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône. « Nous voulons pouvoir nous organiser comme nous le voulons, en toute sécurité, auprès des patients Covid-19, ajoute Lucienne Claustres-Bonnet. Les infirmières ne savent pas toujours qu’elles vont chez un patient Covid car cette information n’est pas précisée dans le dossier de sortie d’hospitalisation et/ou le patient lui-même ne le dit pas. Or, un patient Covid nécessite des précautions supplémentaires qui impliquent aussi des frais pour les Idels. Tout cela doit être pris en compte. L’infirmière apprend aussi parfois la positivité d’un patient par le contact tracing de l’Assurance maladie. C’est une véritable cacophonie ! » Ainsi, dans leur communiqué, les professionnels demandent « une procédure simplifiée pour l’ouverture d’hôtels Covid afin d'isoler les patients Covid qui n’auraient pas les structures nécessaires (dossiers proposés par les CPTS) et un financement de l’ARS. Et une procédure opposable et signée par l’ARS pour l’entrée des soignants dans les EHPAD en vue d’une continuité des soins. » Sur ce point, Lucienne Claustres-Bonnet renchérit : « Si on ne peut plus rentrer dans les Ehpad et les foyers logement sans se faire tester toutes les semaines, on met en difficulté et en danger les personnes qui y résident, c’est un véritable problème de santé publique ! »

Purement consultatif

Du côté des masseurs-kinésithérapeutes, l’analyse est encore plus critique. « La crise liée au Covid-19 est un catalyseur de tous les problèmes existants, estime Julien Autheman, président de l’URPS masseurs-kinésithérapeutes. Il faut de la réactivité dans ce type de situation et l’État en est incapable. Aujourd’hui, nous constatons que le mille-feuille administratif ne marche pas. Durant les trois mois de fermeture, nous n’avons pas pu nous occuper de la santé des patients pour des entorses, des BPCO ou toutes les suites post-opératoires. Et c’est sans compter toutes les personnes âgées qui n’ont pu être levées… Toute la problématique de la rééducation, c’est qu’elle ne se voit pas. Or, trois mois sans rééducation, c’est beaucoup. Aujourd’hui, rentrer dans un Ehpad ne se fait qu’au bon vouloir du médecin coordinateur et du directeur de l’établissement. Dans certains établissements, on ne veut qu’un seul professionnel de santé mais on laisse entrer les animateurs ! Il n’y a pas de norme, de protocole. On attend toujours. Nous participons à toutes les réunions, nous proposons des solutions, mais au final, rien n’est jamais pris en compte. Tout cela est purement consultatif et on nous le fait bien comprendre. »

Face à l’évolution de l’épidémie de Covid-19 ces dernières semaines (augmentation significative des taux d’incidence et de positivité), les communes d’Aix-en-Provence et Marseille ont été classées en zone d’alerte maximale avec de nouvelles mesures mises en place. Le sujet est loin d’être clos.

Isabel Soubelet

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