La collecte de sang dans le rouge | Espace Infirmier
 

01/10/2020

La collecte de sang dans le rouge

Les réserves de sang ont atteint lundi dernier un niveau historiquement bas, a annoncé l’EFS. Celui-ci appelle à une mobilisation qui doit se poursuivre dans la durée.

100 000. C’est le nombre de poches de globules rouges que l’Établissement français du sang (EFS) estime devoir conserver en réserve pour pouvoir faire face à la demande des services hospitaliers. Or, le 21 septembre dernier, les stocks sont tombés à 82 000 poches : le niveau le plus bas enregistré depuis dix ans, explique l’institution. D’où un appel à un sursaut en faveur du don, lancé le jour même.

« Depuis plusieurs semaines, nous voyons les stocks baisser, explique le Dr Cathy Bliem, directrice adjointe de l’EFS. Ce qui nous pénalise, c’est la baisse des collectes en milieu scolaire ou en entreprise, en raison du contexte sanitaire. D’autre part, les Français sont très préoccupés par leur travail, par l’organisation pour la garde des enfants… Le don du sang n’est pas dans leurs priorités, et on les comprend. »

Risque d’opérations annulées

Or, l’EFS ne peut se permettre de voir les stocks baisser encore plus. « Quand nous avons 100 000 poches, nous sommes confortables, explique Cathy Bliem. Quand on frôle les 80 000, on commence à avoir des difficultés de répartition en fonction du groupe sanguin et des phénotypes. » Car, rappelle-t-elle, le travail de l’EFS est de toujours avoir « la bonne poche pour le bon patient, sur tout le territoire, y compris en outre-mer ». Et que se passerait-il si les stocks baissaient encore ? « On pourrait être amenés à repousser certaines opérations,répond la directrice adjointe de l’EFS. Heureusement on n’en est pas là, et à ce jour, pas un seul patient n’a manqué de sang. »

Il faut dire que pour réagir à la crise, l’établissement a pris toutes les dispositions, en commençant par rassurer les donneurs. « Ils doivent savoir que nous avons mis en place toutes les mesures barrière », explique Cathy Bliem. Par ailleurs, la possibilité de dons sur rendez-vous a été étendue, de manière à éviter les longues attentes dans les centres de collecte. Pour pallier le manque de collectes mobiles, les horaires des sites fixes ont par ailleurs été élargis. « On essaie de remplir au maximum nos lits tout en gérant au mieux la distanciation », résume la responsable.

Un élan qui doit durer

Toute la question est de savoir si le public réagira à l’appel lancé par l’EFS. Jeudi dernier, au centre de collecte de l’hôpital Avicenne, à Bobigny, l’activité était relativement normale. « C’est un peu en dent de scie : aujourd’hui, ça va, mais hier, il n’y avait personne », indique l’infirmière chargée du prélèvement.

Cathy Bliem indique cependant que depuis le 21 pseptembre, les réserves sont remontées. Elles atteignaient 89 000 poches le 25 septembre au matin. « Cela arrive toujours quand nous lançons un appel, mais l’enjeu, c’est que cet élan dure », assure-t-elle : les produits sanguins ont en effet une durée de vie limitée (7 jours pour les plaquettes et 42 jours pour les globules rouges), et la bataille de la collecte est un éternel recommencement. Et ce, d’autant plus que la baisse des collectes mobiles n’a pas été la seule conséquence de la crise sanitaire pour l’EFS. « Nous avons beaucoup d’absentéisme à cause du Covid », détaille Cathy Bliem. Celle-ci en profite pour lancer un appel à la mobilisation, mais cette fois-ci en direction de la profession infirmière. « Les infirmières sont essentielles à notre activité, ce sont elles qui prélèvent, or, nous avons à l’heure actuelle une quarantaine de postes vacants », explique-t-elle. Avis aux amatrices.

Adrien Renaud

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