« Ségur » : les infirmières ne veulent pas rester sur la touche | Espace Infirmier
 

02/06/2020

« Ségur » : les IDE ne veulent pas rester sur la touche

Vingt-six organisations infirmières signataires d’un appel déplorent la quasi-absence de représentants de la profession autour de la table du « Ségur de la santé » lancé par Édouard Philippe le 25 mai. Et elles comptent bien faire entendre leur voix malgré tout.

« Une mascarade » dont « les infirmières sont exclues ». C’est ainsi que le « Ségur de la santé », grande concertation organisée par le gouvernement pour tirer les enseignements de la crise du coronavirus et revaloriser les carrières des soignants, est considéré par les 26 organisations infirmières signataires d’un appel diffusé vendredi dernier. Un texte dans lequel elles disent vouloir « faire entendre leur indignation face à ce mépris intolérable » et exigent d’être intégrées « pleinement et sans délai aux négociations du Ségur », faute de quoi elles déclarent être prêtes à se mobiliser « pleinement et avec force ».

Il faut dire que la composition du « Comité Ségur national » et du « Groupe Ségur national “carrières et rémunérations” », les deux instances chargées de négocier les mesures gouvernementales qui doivent être annoncées mi-juillet, est assez éloquente. Les seules organisations infirmières que l’on y trouve sont l’Ordre national des infirmiers (ONI), qui y a été intégré tardivement, et la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi).

Des infirmières sont bien sûr présentes dans les rangs des grandes centrales syndicales (CFDT, CGT, Sud-Santé…) ou du Collectif inter-hospitalier (CIH), qui, eux, siègent dans l’un ou l’autre des deux groupes, voire dans les deux. Mais la disparité avec le sort réservé aux organisations de médecins est criante : entre les syndicats de libéraux, les syndicats de praticiens hospitaliers, l’Ordre, les conférences des présidents de CME ou de doyens, plus d’une vingtaine d’organisations médicales en tout sont représentées dans le « Comité » ou le « Groupe » Ségur.

Un Ségur très médico-centré

« Il y a 700 000 infirmières en France, et je ne pense pas que nier la profession de santé la plus nombreuse ait du sens », explique Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC), signataire de l’appel. « Ce Ségur est très médico-centré, et nous trouvons que nous sommes loin d’y être représentés à la hauteur de ce que nous venons de vivre », ajoute Sylvie Ciron, membre du Conseil d’administration de l’Union nationale des Idel (Unidel), qui figure elle aussi parmi les 26 organisations à l’origine du texte.

Loin d’être désabusée, l’Idel nourrit de grands espoirs pour l’après-crise. « Nous voulons une refonte du système de santé, affirme-t-elle. On ne peut pas balayer d’un revers de main notre présence quotidienne auprès des patients, nous voulons être reconnues comme le praticien de premier recours par excellence. » Quoi qu’il en soit, les signataires entendent maintenir la pression. « Nous allons continuer à nous manifester, avec comme point d’orgue la journée de mobilisation du 16 juin », annonce Thierry Amouroux. Celui-ci dit espérer que le soutien de la population aux soignants, qui s’est exprimé pendant la crise, pourra de nouveau se manifester à cette occasion.

Adrien Renaud

Les dernières réactions

  • 02/06/2020 à 18:32
    Dies Ire
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    L'ONI n'a survécu qu'avec le bon vouloir du pouvoir en place à grands coups de décrets toujours plus contraignants pour les infirmiers vis à vis de cet ordre.

    Rappelons qu'exercer la profession d'infirmier sans être inscrit à l'ONI est assimilé à de l'exercice illégal et passible pour le coup de 2 ans de prison et 30000 euros d'amende.

    Autant dire que l'ONI ne va pas aller à l'encontre de ses bienfaiteurs auxquels il est inféodé et ne créera en aucune façon un rapport de force.

    Quant aux étudiants, c'est pour le décor ?
  • 04/06/2020 à 10:13
    colere
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    il faut réformer le service infirmier car directeurs de soins de + en + bureaucrates donc inefficaces
    supprimer le grade de cadre de santé supérieur et ne garder que des cadre de santé
  • 04/06/2020 à 20:10
    P.
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    700.000 IDE mais 26 organisations ? Le taux d'adhésion, d'implication dans un syndicat, une association, un club (?), un cercle (?) est tel que ça justifie 26 organisations ? Certaines ne doivent pas représenter grand chose si ce n'est représenter la contestation (systématique ?) de ceux dont c'est la vocation de les représenter.

    Le problème des IDE est d'abord-là. Les organisations syndicales conférées ou fédérées qui ont pignon sur rue vont déjà avoir du mal à arbitrer les revendications (fussent-elles légitimes) des IDE avec les autres professions, notamment salariées, qu'elles représentent aussi.

    Alors, placer autour de la table des organisations de faible représentativité, incapables d'avoir une vision plus large que celui du seul métier d'IDE, ça aurait été le meilleur moyen de mener à l'échec ces discussions.
  • 05/06/2020 à 10:13
    De Valery
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    Bonjour P.

    " Diviser pour mieux régner " : un principe vieux de plusieurs millenaires pour garder le pouvoir.

    Pour les soignants qui croient à une hausse de leur rémunération, ne rêvez pas. Le pouvoir cherche à gagner du temps pour mieux vous escroquer.

    Les surveillants de prison par ex ont manifesté pendant des années et malgré le fait qu'ils ont un moyen de pression assez conséquents, ils ont eu des miettes après des échanges très musclés avec les gendarmes ! (Regardez des vidéos sur YouTube si vous ne me croyez pas)

    La meilleure manière pour casser un projet ?
    Créer la commission de la commission de la loi.
    C'est ce qui risque de se passer pour les professionnels de santé. Sans vouloir vous manquer de respect Mesdames (car la majorité des personnes qui embrassent vos métiers sont des femmes), une manifestation de sages-femmes par ex, ça ne fait pas peur à des cohortes de CRS !


    A mes proches, petits cousins qui veulent embrasser votre métier ? Surtout pas en France, jamais de la vie !
  • 05/06/2020 à 21:27
    L’ancien
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    Non L’ordre n’a pas survécu grâce à des largesses du gouvernement, je dirais même que celui-ci ne l’a pas aidé en refusant d’imposer aux salariés son inscription qui aurait permis un fonctionnement opitimum.
    Il a fallu une injonction du conseil d’état pour que le ministère publie le code de déontologie.
    En terme de soutien, on repassera. Il est vrai qu’il est difficile de tenir ces promesses dans un but électoral une fois au affaires.
    Il s’est maintenu en réduisant de façon drastique son fonctionnement en réalisant des économies afin de rembourser les emprunts faits par l’ancienne équipe qui avait cru qu’en très peu de temps les professionnels se seraient inscrits.
    Un lecteur souligne justement la difficulté de la profession à se fédèrer. Alors qu’en il existe autant d’organisations que de professionnels cela devient difficile d’être entendu.
    Le conseil de l’ordre a u e carte a jouer ainsi que les syndicats.
    A ce propos, si tous les IDE payaient une adhésion à un syndicat, il auraient plus de poids face à des technocrates car tout est dans le rapport de force en france.
    Inviter les représentants des étudiants en oubliant le collège infirmier Français qui justement regroupe de nombreuses composantes de l’exercice est d’un mépris qui en dit long sur ce qu’ils ont déjà décider de lâcher.
    Je pense que la revalorisation des médecins sera à la hauteur de la prime de nuit entre nos deux catégories professionnelles. 11 euros pour une nuit pour les IDE, 250 euros pour les médecins.
    Encore le rapport de force dans la balance.
  • 06/06/2020 à 07:46
    P.
    alerter
    @L'ancien

    A propos de l'Ordre,

    Si d'aventure, les IDE salariés finissaient par être vraiment tous contraints de s'inscrire à l'Ordre, le mieux qu'il leur resterait à faire c'est de s'y investir massivement.

    Les IDE salariés, fonctionnaires en tête, sont très majoritaires en nombre dans la profession.I Ils peuvent faire et défaire cet Ordre de l'intérieur !

    Les IDE libéraux regretteraient d'avoir fait le forcing pour l'obligation de l'inscription à un Ordre professionnel qui objectivement pour des salariés, déjà soumis à un lien de subordination avec leur employeur (public ou assimilé le plus souvent) ne leur apporte rien. Sinon, une structure représentative (???) de plus.
  • 07/06/2020 à 11:52
    L’ancien
    alerter
    Même si on est hors sujet, il est difficile de convaincre des réfractaires inconditionnels de l’organisation que représente l’ordre.
    Non Monsieur, ce n’est pas une strate supplémentaire mais bien une représentativité de l’ensemble de la profession avec trois collèges ( Public,privé et libéral)
    Que de haine dans vos propos qui consiste à s’investir non pas pour essayer de promouvoir une profession mais de la couler de l’intérieur.
    Il est vrai que les syndicats ont déclaré que l’ordre représentait une concurrence avec eux car malheureusement les professionnels qui vont payer leur cotisations ne la payeront pas pour un syndicat généraliste alors que leurs missions diffèrent.
    Pour ne citer qu’un exemple.
    Faute grave pouvant même poser question de son côté involontaire qui aurait pu entraîner la mort d’un enfant.
    L’infirmière a été suspendu 6 mois par l’ars, révoqué de la fonction publique mais après la suspension qui ne peut aller au delà, cette infirmière exercera en privé ou en libéral voir même en vacation ou en intérim sur l’hôpital.
    Que peut faire les syndicats RIEN
    Après je pourrais vous inviter à lire le site du National pour vous rendre compte du travail qui a été réalisé, des publications qui ont permis parfois de faire respecter les textes législatifs que certaines directions ignorent volontairement.
    Pour finir, certains syndicats s’insurgent justement de la multiplication des organisations qui représentent les professionnels alors comment expliquer votre position dogmatique sur un tel sujet.
    L’ordre est à sa place dans le Ségur car contrairement aux syndicats reconnus dans la fonction publique ils ne représentent pas l’ensemble des professionnels qui sont concernés par l’ordre du jour de cette concertation.
    Bien à vous

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