Ségur : les infirmières ne croient pas au grand soir | Espace Infirmier
 

28/05/2020

Ségur : les infirmières ne croient pas au grand soir

Le Premier ministre a ouvert lundi dernier le « Ségur de la santé ». Objectif : concrétiser la promesse présidentielle, faite au cœur de l’épidémie de coronavirus, d’un « plan massif » pour l’hôpital. Pour l’instant, du côté des infirmières, c’est le scepticisme qui domine.

Un « Ségur ». C’est, en référence à l’adresse du ministère de la Santé (dont l’entrée principale se situe pourtant avenue Duquesne), la réponse que le gouvernement entend donner à la mobilisation des soignants pendant la crise du coronavirus. Au menu, une grande concertation devant à la fois aboutir à des revalorisations salariales, à des investissements, ou encore à des modifications de la gouvernance des établissements. Le tout doit se terminer dès la mi-juillet, promettent les organisateurs. Mais pour l’instant, les organisations infirmières semblent trouver que les choses manquent de concret.

Il faut dire que les attentes sont importantes. « Nous demandons une augmentation de 300 euros nets par mois pour tous les hospitaliers », rappelle Céline Laville, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI). Dans un communiqué diffusé lundi, le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC) brandit le même chiffre, « pour tous les infirmiers salariés (public ou privé), quel que soit leur grade ou leur ancienneté », selon les mots de son porte-parole, Thierry Amouroux. Mais il n’y a pas que l’argent. « Au-delà de la question des rémunérations, il y a celles des conditions de travail et des effectifs », rappelle Bruno Lamy, infirmier et secrétaire général adjoint de la CFDT « santé-sociaux ».

De vraies négos, vraiment ?

Ces revendications seront-elles entendues ? « On est dans le cadre de vraies négociations, ce qui est quelque chose qu’on n’a pas vu depuis très longtemps », se réjouit Bruno Lamy. Reste à savoir comment se dérouleront lesdites négociations. « Il y a dans le discours quelque chose qui laisse entendre une réelle envie d’écouter les remontées du terrain et les problématiques rencontrées par les paramédicaux, reconnaît Céline Laville. Mais dans les faits, nous sommes en colère, car dans les groupes de travail, les paramédicaux ne sont pas ou peu représentés. » D’autant plus qu’à la question de la méthode s’ajoute celle des moyens. « On démarre une négociation dont on ne connaît pas l'enveloppe, cela complique les choses », souligne ainsi Philippe Crépel, infirmier et membre de la direction nationale de la CGT « santé et action sociale » cité par l’agence APMNews.

Et pourtant, il faut faire vite, car l’impatience de la profession est grande. « Nous espérons qu’il y aura une annonce très rapide pour une mise en place des revalorisations dans l’été, indique Céline Laville. Il n’y a pas besoin d’attendre les résultats du Ségur pour cela. » Bruno Lamy, à la CFDT, confirme. « Je pense qu’il y a des choix qui peuvent être faits rapidement, notamment sur la rémunération, estime-t-il. En revanche, il y a des sujets comme l’organisation des soins pour lesquels tout ne sera probablement pas arrêté le 15 juillet. »

Et pourtant, il faudra avancer sur tous les fronts, et notamment sur le statut de l’infirmière. « Nous demandons une reconnaissance de la contribution réelle des infirmiers à l’offre de soins et appelons les pouvoirs publics à engager dans les plus brefs délais la révision des textes qui encadrent l’exercice de la profession », indiquait ainsi lundi soir l’Ordre national des infirmiers (ONI) dans un communiqué. Le moins que l’on puisse dire est qu’il y a du pain sur la planche.

Adrien Renaud

Dessine-moi un « plan massif » pour l'hôpital

A lire dans « L'Infirmière magazine », n° 416

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Les dernières réactions

  • 28/05/2020 à 14:30
    depite
    alerter
    je pars en retraite le 1er juillet et comme MR MACRON a désindexé les retraites des salaires j'aurai eu toute ma vie un salaire de merde et maintenant une retraite de merde
  • 28/05/2020 à 20:01
    Fred
    alerter
    Où est l’ordre national des infirmiers ?
  • 28/05/2020 à 21:41
    Buguet81
    alerter
    Augmentez notre salaire maintenant ,c'est une vraie urgence .
    Économisez vos stratégies d'évitement ,ne proftez pas de notre légendaire empathie mais agissez.
    La profession infirmière est fin prette pour la grève maintenant et rien ne pourrait la démotiver .
    Où sont nos syndicats et notre ordre Infirmier ?
    Exprimez vous ,soutenez nous !
  • 29/05/2020 à 08:57
    De Valery
    alerter
    Bonjour

    N'étant pas un professionnel de santé (je travaille dans le secteur médico-social depuis quelques années en tant que bénévole), si les paramédicaux veulent voir leur situation progresser (Kiné, AS, IDE, IBODE) est le suivant :

    - Déposez en même temps une lettre de démission (il y a certes la réquisition mais bon, bon courage aux services de la préfecture si elle doit réquisitionner en même temps des centaines de milliers de soignants à cause du bordel généré)

    - Évitez les guerres de clan, mettez de côté vos désaccords (et ne dites pas que cela n'existe pas, dans toute entreprise il y a forcement des rivalités).

    Si vous ne faites pas cela, vous aurez dans le meilleur des cas une légère augmentation (qui sera difficile à obtenir car l'Economie française actuelle va très mal).

    Et ne comptez pas sur le soutien de la population ; En effet, qui se souvient du sacrifice des policiers lors des attentats il y a à peine quelques années ? Peu de gens selon moi.

    Bon courage.


  • 29/05/2020 à 09:54
    progres
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    parmi les réformes de l'hôpital il faut supprimer le grade de cadre de santé supérieur et conserver que des cadres de santé avec des objectifs en fonction de leur affectation ce serait plus efficace
  • 02/06/2020 à 09:43
    De Valery
    alerter
    Bonjour Progres

    Le système hospitalier en France repose en partie (à l'instar d'autres institutions) sur le copinage et le népotisme.

    C'est malheureux ce que je vais dire mais je vais quand même le dire : Cassez-vous ou changez de métier. Si vous croyez que les conditions de travail vont s'améliorer en France, c'est un mirage.

    L'endettement de la France vient de dépasser les 100% de son PIB. Vous augmenter ? Oui, mais avec quel argent ? Si on vous augmente, les autres professions vont demander une augmentation (profs, policiers, douaniers, les magiciens et j'en passe). C'est triste, c'est tragique mais c'est une vérité. A vous soignants qui vont lire mon commentaire, ayant une vision extérieure de votre quotidien, mon seul conseil ?

    CASSEZ-VOUS ET EN COURANT. Le monde est vaste, vous avez de l'or entre vos doigts et vous trouverez facilement du travail à l'étranger (en tant qu'ASH/AS au début le temps d'apprendre la langue)

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