#12mai : Ce que les IDE souhaitent pour la profession ! | Espace Infirmier
 

12/05/2020

#12mai : Ce que les IDE souhaitent pour la profession !

La Journée internationale des infirmières revêt une dimension particulière en 2020. Les soignantes ont été, sont encore, en première ligne pour lutter contre le Covid-19. Nous leur avons demandé de formuler à la lumière de cette expérience leurs vœux pour le métier. Reconnaissance, considération, autonomie, valorisation des compétences… font l'unanimité.

Pour marquer cette journée du 12 mai, nous avons proposé aux IDE de répondre à cette question : « À la lumière de la crise sanitaire, quels sont vos vœux pour la profession ? » Ils et elles sont cadres, infirmières et infirmiers de bloc, de santé au travail, de pratique avancée, en réanimation, ou bien exercent en libéral… Ils nous dévoilent, en vers ou en prose, leurs souhaits. Évidemment, les écrits se rejoignent, les attentes sont si anciennes... La reconnaissance sociale et pécuniaire revient tel un leitmotiv. Chacun en parle à sa manière avec ses mots, son expérience et sa passion pour ce beau métier.


« Une juste place »

Je ne suis pas un héros.
Je ne porte ni cape ni lasso magique.
Je fais partie d’un tout, et pourtant, je suis unique.
Je suis un groupe et pourtant je suis seule.
Je m’appuie sur mon passé pour imaginer mon avenir, j’assimile les leçons de mes pairs pour accompagner à mon tour mes nouveaux collègues.
J’ai une famille, des loisirs, des amis, une vie. Et tout a failli basculer.
Parce que notre profession fait les frais de décennies d’œillères économiques. Parce que nous manquons du recul nécessaire pour agir en complémentarité plutôt qu’en confrontation. Et peut-être parce que la sémantique qui nous entoure nous renvoie à une condition religieuse.
Je n’ai pas été appelée, je n’ai pas de vocation, je n’agis pas par dévotion.
Je suis professionnelle, je m’appuie sur des preuves et mes valeurs, je suis un élément indispensable du système de soin, comme tous mes collègues soignants.
Le sacrifice n’est pas une vertu.
Je souhaite pour ma profession une juste place. Je ne souhaite pas être écoutée mais entendue. Je souhaite que s’éloigne la cornette du soleil des sciences infirmières. Je souhaite que l’on n’oublie pas, une fois la crise passée, que nous avons su nous mobiliser pour les patients.

Je souhaite que la profession continue d’évoluer, avec des justes moyens et pas des bouts de chandelles.
Je souhaite que la place des infirmières soit entière à tous les niveaux de soin et de décision.
Je souhaite qu’on nous donne la possibilité de réaliser tout cela.

Aurélie Broussois, infirmière étudiante en pratique avancée (mention oncologie)


« Influenceur »

« Au-delà des vœux, par-delà les applaudissements qui nous accompagnent, je souhaite que la profession infirmière se positionne comme influenceur de l'évolution des systèmes de santé,  de leur financement et de l'organisation des soins. Ensemble, consolidons cet avenir, nous nous devons cet engagement. »

Hélène Salette, infirmière, M. Sc. inf., ASC directrice générale du Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone (Sidiief)


« Prendre conscience de sa valeur »

Un vœu pour la profession infirmière... Je souhaite que cette crise ait permis aux IDE de prendre conscience de leur grande valeur. Aucune autre profession ne demande autant de qualités différentes en même temps : rigueur, dextérité, technicité, humanité, adaptabilité, empathie, sang-froid, douceur, patience, bienveillance, endurance, tolérance, efficacité, motivation, sensibilité... et tant d’autres. On a trop souvent tendance à l’oublier et je pense que si l’on veut être reconnue, il faut déjà nous-mêmes nous estimer... Un deuxième vœu ? Soyons fous... Je souhaite que la considération et la gratitude de la société civile ET politique envers les soignants perdurent au-delà de la crise. Notre profession n’est pas seulement utile, elle est indispensable. La vie est le bien le plus précieux, et nous sommes là, du début à la fin, pour en prendre soin.

Enfin, pour ce 12 mai, je ne peux pas conclure sans m’inspirer de Florence Nightingale et souhaiter que la profession infirmière s’émancipe définitivement des principes ancestraux de soumission et subordination pour gagner en autonomie. Le travail en coopération est un bénéfice incontestable pour tous, soignants ET patients. Notre profession nécessite des savoirs et compétences spécifiques.

Nathalie Roy, infirmière et formatrice


Solidarité

« Le virus nous a fait peur, le virus nous a appris à nous adapter et à rester soudés.  Mon souhait serait que la population n’oublie plus jamais la définition du mot “solidarité” et que les soignants soient enfin écoutés ». 

Vanessa Morales, infirmière


« Il faut nous intégrer dans les prises de décision »

Pour l’avenir, j’aimerai une plus grande considération et une revalorisation de notre profession. Les infirmières libérales devraient être davantage considérées comme des partenaires et non comme de simples exécutantes des décisions nationales, prises par des administrations coupées de la réalité des soins. Il faut nous consulter, nous intégrer à cette prise de décision. Le Covid-19 l’a mis en exergue : pour une gestion efficace de l’épidémie, il faut tenir compte des remontées de terrain. Et cela vaut pour l’organisation de l’offre de soins en général.

Par ailleurs, il faudrait que notre rémunération soit revue à la hausse avec une refonte de notre nomenclature générale des actes professionnels. Le nouvel avenant à notre convention nationale le prévoit mais ce n’est pas suffisant. Il est vrai que nous gagnons mieux notre vie en libéral qu’à l’hôpital, mais notre charge mentale est aussi fortement alourdie par notre mode d’exercice. La charge administrative déjà très importante - et qui augmente - n’arrange rien. Par exemple, en deux ans, sept nouveaux outils de communication se sont développés et certains ont dû être intégrés à notre pratique pour obtenir des aides de l’État : la messagerie sécurisée, notre espace Ameli pro, un logiciel de facturation, une plateforme développée par l’agence régionale de santé pour communiquer notamment avec les médecins, le dossier médical partagé, et un logiciel de téléconsultation. C’est contraignant, cela me prend énormément de temps et d'énergie au détriment de ma disponibilité pour les patients et pour ma formation afin d’améliorer ma pratique. Ce n’est pas normal.

Dernier point concernant justement l’amélioration des pratiques : pendant la crise, nous avons créé des liens solides avec les autres professionnels de proximité, médicaux et paramédicaux. Il faudrait que nous parvenions à maintenir ce lien pour nous sentir moins isolés et répondre plus rapidement aux problèmes que nous pouvons rencontrer dans notre exercice quotidien.

Anna Tellier, infirmière libérale en Dordogne (propos recueillis par Laure Martin)


Le bloc opératoire illusoire

Je ne veux plus rêver de mon métier, mais vivre ma spécialité.
J'ai fait le rêve qu'un jour « infirmière en bloc » ne rimerait plus avec « méprisée ».
Celui où un jour, infirmière de bloc ne serait plus synonyme de colère.
Dans ce monde chimérique, soigner serait idyllique.
Nous serions tous managés avec bienveillance pour soigner dans la bientraitance.
Nous serions en nombre au bloc pour affronter les jours sombres.
Au bloc opératoire nous serions plein.es d'espoir.
Nous serions rémunéré.es convenablement pour travailler sereinement.
Puis je me suis réveillée, le rêve envolé, le cauchemar bien réel.
Parce que je reste optimiste dans un monde pessimiste ;
Parce qu'être infirmière au bloc c'est un choix, une volonté, une réflexion et pas seulement une vocation ;
Je fais de ce rêve aujourd'hui de formation, un vœu pieux pour demain.
Je ne veux plus le rêver, je veux le vivre, mon métier d'infirmière de bloc.

Une infirmière en bloc aspirante Ibode


Une voix entendue dans les instances politiques

J’aimerais que les infirmières s’appuient sur de grandes théoriciennes pour investir pleinement les champs :
- de la clinique (Virginia Henderson)
- de la recherche (Florence Nightingale)
- de la formation (Fawcett)
- de la politique (Léonie Chaptal)

J’aimerais que les infirmières aient des sièges décisionnaires dans toutes les commissions publiques en lien avec la santé (hôpitaux, universités, villes...). J’aimerais qu’il y ait des infirmières qui se fassent entendre dans les ministères de la santé, de la recherche et de l’enseignement supérieur.
J’aimerais que l’hôpital fasse évoluer son organisation pyramidale en une organisation consultative et collaborative.
J’aimerais qu’on redéfinisse les missions de l’hôpital et de la médecine de ville.
J’aimerais que soient rediscutées les possibilités d’évolution des carrières infirmières.
J’aimerais que la corporation infirmière soit unie et autonome.
J’aimerais que les infirmières collaborent encore plus avec les usagers.

Sandrine, cadre supérieure de santé


« La reconnaissance de ces qualités indispensables »

À chaque lettre, un adjectif du métier qui nous passionne, sans quoi nous n'aurions pas pu résister dans la traversée de cette épreuve qui a touché l'humanité et mis en lumière ce métier indispensable et rempli lui aussi d'humanité.

Intégrité
Nécessité
Fierté du métier
Implication
Reconnaissance
Motivation
Innovation
Épanouissement
Respect
Engagement
Solidarité

Mon vœu : la reconnaissance de ces qualités indispensables, comme ont su le faire de nombreux anonymes chaque soir à leur fenêtre. 

Stéphanie Bonnel, cadre en réanimation


« Un investissement sur le personnel paramédical et médical et sur les établissements de soins »

Cette crise sanitaire aura montré au monde entier l'importance de chacun des métiers médicaux et paramédicaux. Être infirmière aujourd'hui, ce n'est pas être une simple exécutante. Et pourtant, c'est encore la représentation d'un grand nombre de personnes.... C'est une profession pourtant en pleine évolution et qui ne cesse de croître tant les besoins sont nécessaires. Nous nous apprêtons à accueillir d'ici quelques mois la première génération d'infirmières en pratique avancée. Un grade master, avec des connaissances pointues dans un domaine spécifique, une analyse clinique poussée et un droit de prescription. La recherche en sciences infirmières est également en plein essor.

Mais, malgré tout, notre métier reste bien méconnu et nombreux sont ceux qui continuent de considérer que nous ne sommes QUE des infirmières... Mais qu'est-ce que cela signifie ? Être infirmière aujourd'hui, c'est avoir des connaissances en sciences médicales, des compétences diagnostiques, techniques, cliniques. Être infirmière, c'est être capable de s'adapter à n’importe quelle situation, faire preuve de polyvalence ainsi que de réflexion, afin de garantir la meilleure prise en charge des personnes soignées. Mon métier, c'est une profession à part entière. Ce que je souhaite, à la lumière de cette crise sanitaire, c'est que cette profession soit reconnue à hauteur de ses responsabilités, valorisée à hauteur de ses compétences, et que l'on nous donne les moyens d'exercer dignement et d'être fières de notre profession. 

Je ne souhaite pas d'applaudissements ni de prime. Je veux une reconnaissance qui se manifestera par une reconnaissance salariale, des moyens humains et matériels. Je veux plus de formation et de facilité d'accès au développement professionnel continu.

Que ce soit à l'hôpital, en clinique, en libéral, en Ehpad ou en Ehpa, en MAS, en FAM, en milieu pénitencier ou encore en milieu scolaire. En somme, je veux un investissement sur le personnel paramédical et médical et sur les établissements de soins. Un investissement pour notre santé à tous.

Mélina Rachet, infirmière en soins intensifs et réanimation en néonatologie


« Plus d’humanité »

Mes vœux pour la profession sont :
Qu’après la crise sanitaire, la situation de l'hôpital change. Il est nécessaire de faire passer les besoins des patients avant la logique budgétaire.
Que les revendications des professionnels en blouse blanche ne deviennent pas des rituels, l’épidémie de coronavirus ayant encore assombri leur quotidien.
Qu’il y ait plus d’humanité dans les prises en charge des patients et de temps que les soignants n’ont plus pour le relationnel et autres...
Réorganiser les hôpitaux et octroyer les moyens humains et matériels.
Espérant un changement durable des pratiques.

Nadia Tamène, infirmière de santé au travail

Les dernières réactions

  • 12/05/2020 à 12:27
    mal
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    il ne faut pas mettre plus d'argent dans les hôpitaux car ce sont nos impôts mais mieux le dépenser et commencer par diviser par 2 le nombre de personnes qui ne soignent pas mais qui passent tout leur temps dans des réunions ou à réaliser des procédures et des protocoles que personne ne connaît et n'appliquent

    il faut surtout supprimer tous les médecins mercenaires à 1500euro la journée
  • 14/05/2020 à 20:33
    Buguet81
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    Une revalorisation salariale digne de nos responsabilités, penibilite, risques sanitaires et horaires ......
    Notre société nous plébiscite et pourtant nos dirigeants nous dédaignent sur le plan salarial.
    Ce manque de reconnaissance est à combler rapidement afin que nous retrouvons notre dignité professionnelle .
  • 15/05/2020 à 08:39
    Sb
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    Je souhaite que les infirmières soient reconnues par l 'état en leur donnant une revalorisation salariale et du recrutement de personnel mais cela doit se faire des maintenant et non pas après la crise car on nous dira encore qu il n y a plus d'argent tous les secteurs sont soutenus par l'état en ce moment de crise sauf le secteur médical et on se moque vraiment de nous en nous donnant une médaille c est vrai que cela ne coûte rien à l état j'espère que les infirmières refuseront ces médailles et demanderont plutôt d avoir des équipements de protection tout le monde sait très bien que si des masques avaient été donné dans les ehpad il y aurait eu moins de morts de personnes âgées

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