Trois infirmiers dans la campagne | Espace Infirmier
 

10/03/2020

Municipales : trois infirmiers dans la campagne

Dimanche 15 mars, plus de 900 000 Français se présenteront aux suffrages de leurs concitoyens pour le premier tour des élections municipales. On trouvera parmi eux de nombreux infirmiers. Portraits croisés de trois d'entre eux.

Difficile d’imaginer des êtres aussi distincts les uns des autres que Joëlle Urbani, Éric Tricot et Jean-Marc Frigout. La première est occitane, le deuxième est francilien, et le troisième est normand. Ils travaillent à la campagne ou en ville, sont salariés ou indépendants, se trouvent à des périodes différentes de leur vie et de leur carrière… Mais ils ont au moins deux points communs. Premièrement, ils sont infirmiers. Et deuxièmement, ils sont candidats aux élections municipales 2020.

Pour tous les trois, ce scrutin est une première. Mais cela ne veut pas dire que leur engagement dans la vie locale n’est pas ancien. « Les gens me connaissent par mon métier, et par le fait que j’ai fait beaucoup de sport dans de nombreuses associations de la commune », explique ainsi Jean-Marc Frigout, infirmier libéral à La Hague (Manche) où il mène une liste baptisée « Nouvelle Hague ».

Pour Joëlle Urbani, jeune infirmière dans un centre d’hémodialyse et quatrième sur la liste du maire sortant de Montpellier Philippe Saurel, l’histoire est un peu différente. « Je connais Philippe Saurel depuis l’âge de 10 ans, raconte la jeune femme. Je participais alors avec ma grand-mère à des commémorations sur la Seconde Guerre mondiale qu’il était à l’époque le seul à promouvoir. Il m’a proposé d’être sur sa liste en 2014 mais je partais faire mes études infirmières à Rodez, j’ai dû refuser. Il a renouvelé cette proposition cette année, et je suis heureuse de pouvoir faire valoir mes idées pour la ville. »

En comparaison de ces deux profils plutôt neutres politiquement, le parcours d’Éric Tricot est beaucoup plus marqué. « J’ai d’abord eu un engagement syndical », raconte cet infirmier anesthésiste au CHU Henri-Mondor de Créteil, troisième sur la liste « Créteil insoumise » de la préfecture du Val-de-Marne et délégué syndical Sud au sein de son établissement. « On écrit des tracts, on siège dans les instances, mais on se rend compte que nos conditions de travail ne s’améliorent pas, s’indigne-t-il. De frustration en frustration, si l’on veut aller plus loin que ce que le syndicalisme permet de faire, on est en quelque sorte obligé d’entrer en politique. »

La santé avant tout

Parmi l’éventail des propositions défendues par leur liste, les trois infirmiers entendent mettre tout particulièrement en avant celles qui concernent la santé. « Nous proposons par exemple un pôle d’excellence santé qui permettra de développer la santé du futur à Montpellier », avance Joëlle Urbani. « J’ai notamment des propositions sur la santé des séniors », indique du côté de La Hague Jean-Marc Frigout. « Nous avons beaucoup de choses, mais nous manquons de structures sur la semi-dépendance. » Quant au Cristolien Éric Tricot, ses motivations sont claires. « Je le fais pour l’hôpital public, qui est un joyau qu’il nous faut défendre », avance-t-il.

La campagne a bien sûr des incidences sur l’organisation du travail des trois infirmiers. « Je vais au contact des citoyens, je participe aux opérations de tractage, cela prend du temps, raconte Joëlle Urbani. Heureusement, j’avais des jours de congé à poser et que je risquais de perdre, c’est une bonne coïncidence. » Pour Jean-Marc Frigout aussi, la campagne est prenante. « On a fait trois meetings au cours des trois derniers jours », explique-t-il. En tant que libéral, il se félicite d’avoir beaucoup de flexibilité. « Je travaille auprès des patients deux jours par semaine, et le reste du temps je gère toute l’administration du cabinet, donc je peux m’organiser un peu comme je veux. »

S’ils sont élus maire, adjoint ou conseiller municipal, la question de la conciliation entre l’engagement politique et la vie professionnelle continuera de se poser pour les trois infirmiers, qui envisagent tous des aménagements. Joëlle Urbani, par exemple, indique qu’elle prendra « les dispositions nécessaires » si une opportunité se présente, et se dit prête à envisager un mi-temps. « Cela aura un retentissement sur ma vie syndicale, et surtout sur ma vie privée », reconnaît de son côté Éric Tricot. Mais aucun des trois soignants n’envisage d’abandonner son métier. « Je garderai au moins 30 % de mon temps consacré à mon activité professionnelle, j’adore mon métier et je n’ai pas envie de m’en défaire », affirme le Francilien. Candidat, d’accord, mais infirmier d’abord !

Adrien Renaud

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