Hospitalisation : moins de lits, plus de places, tout bénef’ ? | Espace Infirmier
 

23/10/2019

Hospitalisation : moins de lits, plus de places, tout bénef’ ?

Une étude récente du ministère de la Santé montre que si le nombre de lits d’hospitalisation complète des établissements français est en diminution, ce n’est pas le cas du nombre de places d’hospitalisation à temps partiel. Bonne ou une mauvaise nouvelle ?

La situation des hôpitaux n’est pas si grave que vous le croyez. Tel est le message que semble vouloir faire passer la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé en publiant ce mois-ci une analyse des dernières statistiques sur les capacités hospitalières. Les chiffres mis en avant, tirés de la Statistique annuelle des établissements (SAE) pour l’année 2018, semblent en effet montrer que la baisse du nombre de lits en hospitalisation complète est contre-balancée par la hausse du nombre de places en hospitalisation à temps partiel (ambulatoire, hospitalisation de jour, etc.). Sauf que derrière ce constat rassurant se cache une réalité moins reluisante.

Certes, nous apprend la Drees, le nombre de places en hospitalisations à temps partiel a augmenté de 2,4 % entre 2017 et 2018, quand dans le même temps, le nombre de lits d’hospitalisation complète diminué de 1 %. Mais comparer l’hospitalisation complète et l’hospitalisation à temps partiel revient un peu à comparer des choux et des carottes, du moins si l’on en croit Hugo Huon, infirmier et président du collectif Inter-urgences. « On ne s’adresse pas au même public, pointe ce militant. L’ambulatoire n’est pas adapté à tout le monde », ajoute-t-il, citant notamment les cas des personnes âgées et des plus précaires.

Deuxième point négatif : si l’on passe des pourcentages aux valeurs absolues, la hausse des places en hospitalisation partielle est loin de compenser la baisse du nombre de lits en hospitalisation complète. Le nombre des premières est en effet passé entre 2017 et 2018 de 75 452 à 77 291, soit un gain de 1 839 places. Dans le même temps, les effectifs des seconds passaient de 399 865 à 395 693, soit une chute de 4 172 lits. En un an, a donc perdu 2,3 lits d’hospitalisation complète pour une place d’hospitalisation à temps partiel gagnée.

Et les conditions de travail ?

Mais après tout, les places d’hospitalisation à temps partiel permettent, sur une durée donnée, d’accueillir davantage de patients que les lits d’hospitalisation complète. En jouant sur les rotations plus rapides des premières, on pourrait imaginer faire tout de même face à la demande de soins. Mais pour Hugo Huon, ce transfert a un désavantage certain. « Il faut prendre en compte les conditions de travail, plaide le militant. Si on n’a plus que les cas les plus graves dans les services d’hospitalisation complète, la charge en soin deviendra tellement lourde que plus personne ne voudra y travailler. »

Enfin, last but not least, le transfert des lits d’hospitalisation complète vers l’hospitalisation à temps partiel se fait dans le cadre d’une baisse globale du nombre d’établissements. La Drees note en effet que le nombre d’entités géographiques a diminué de 4,2 % entre 2014 et 2018 pour les hôpitaux publics, de 1,3 % pour les cliniques privées et de 0,3 % pour les structures privées à but non lucratif. Plus d’ambulatoire, concentré dans moins d’hôpitaux : tel est le futur qui semble se dessiner pour les établissements.

Adrien Renaud

Les dernières réactions

  • 23/10/2019 à 18:43
    krys.k
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    Bonjour,
    Est ce vraiment un mal de reduire le nombre de lits d'hospitalisation. Quand on voit parfois la visite avec 3 passage infirmier ou AS pour prendre des constantes et un garde veine... Est on dans une hospitalisation qui justifie une prise en charge hospitalière de 24h/24h etc. Si on est dans le militantisme et la défense de l'emploi alors ces lits on un intérêt sinon comment fait le reste de l'europe? Est-ce que cela à une intérêt pour le patient de rester et d'attendre ? Pas certain pour ma part.
    Après si je me mets a ma place de patient, est-ce que je préfère être opéré dans un centre ambulatoire ou la procédure est roder? ou le chirurgien fait ce geste plusieurs fois par semaine? ou celui qui le fait a coté de chez moi mais une fois pas mois... C'est ca la question sécurité ou proximité?
  • 24/10/2019 à 09:41
    IDE
    alerter
    Des économies doivent être faites, soit. La transformation des lits hospit complète en lits ambulatoires pourquoi pas. Le problème est qu'il n'y a pas d'organisation de prise en charge à la sortie des patients à domicile. Le PRADO mis en place par la sécu ne fonctionne pas puisqu'il n'y a pas assez de professionnels libéraux (sans parler des déserts médicaux et paramédicaux) . Le réseau externe est trop pauvre. Encore une fois la logique économique est prioritaire. La réflexion sur le long terme ne semble pas être menée en amont des décisions. De plus, prendre des décisions de son bureau parisien ne reflète pas la réalité complexe du territoire français.

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