Coût de la rentrée universitaire : les infirmières lésées | Espace Infirmier
 

22/08/2019

Coût de la rentrée universitaire : les infirmières lésées

La Fédération des étudiant.es en soins infirmiers (Fnesi) dévoile son estimation du coût de la rentrée scolaire. Les étudiantes en Ifsi débourseront 337,87 euros de plus que les autres étudiants à l’université.

Cette année encore, c’est pour les étudiants en soins infirmiers (ESI) que la note est la plus salée. Ils doivent débourser la coquette somme de 2622,87 € contre 2285 € pour les étudiants des autres cursus universitaires, selon l’indicateur du coût de la rentrée en Ifsi (Institut de formation en soins infirmiers) (1), publié par la Fnesi le 21 août (2), basé sur celui de la Fage (3).

Mais la hausse des frais de rentrée touche tout le monde : 5,4 % de plus qu’en 2018 pour les ESI et 1,96 % de plus pour les autres étudiants. La Fage précise que « la plus forte augmentation s’observe sur les frais de vie courante avec 2,73 % supplémentaire en moyenne … et qu’elle explose en région avec 3,4 % de plus ». Cela dans un contexte de précarisation de la population étudiante.

Selon la Fnesi, 76,5 % des ESI estiment être obligés de travailler pour subvenir à leurs besoins » (4). Selon la Fage, plus d’un quart des étudiants sont forcés de se salarier et ils constituent 57% des « travailleurs des plateformes » (5)

Des frais complémentaires litigieux et en hausse

Du côté des étudiants infirmiers, les 337,87 € supplémentaires à débourser s’expliquent par les frais « complémentaires » exigés en Ifsi public lors de l’inscription. Selon l’enquête de la Fnesi, ils ont augmenté cette année de 58,3 % et oscillent entre une trentaine d’euros et 335 euros ! La Fédération évalue à 3,8 millions d’euros le montant annuel versé par les étudiants « pour compenser les désengagements des services publics ».

Cette année, « certains étudiants nous ont indiqué qu’ils payaient beaucoup plus et que l’on justifiait ce surplus par la suppression du concours responsable de restrictions de budget », témoigne Clara Hammmer, première vice-présidente en charge de la communication et des relations presse à la Fnesi. Pourtant, les frais relatifs au concours étaient justement censés financer ce dernier… Cela coince au niveau de certaines régions qui ne donnent pas assez d’argent aux Ifsi et leur préconisent de demander des frais supplémentaires aux étudiants. »

L’organisation étudiante déplore, en outre, que l’ensemble des frais exigés n’ait pas toujours figuré sur la plateforme Parcoursup bien que ce soit une obligation légale. Les étudiants ont donc eu la mauvaise surprise de se voir réclamer des frais complémentaires lors du retrait de leur dossier. La Fnesi encourage les étudiants à se mobiliser collectivement pour refuser de les payer qu’ils aient été annoncés ou non. « Les frais complémentaires ne sont légaux qu’à la seule condition qu’ils soient facultatifs et identifiés », précise l’organisation étudiante dans son dossier de presse. Pour l’heure, 148 Ifsi publics ont fait le choix de ne rien exiger au-delà des 170 € de droits d’inscription et les 91 € de CVEC (Contribution de vie étudiante et de campus).

Tenues, chaussures… toujours à charge

D’autres frais spécifiques à la formation infirmière, en hausse également, s’ajoutent comme les tenues (85 €, +0,2%), les chaussures (49,31 €, + 3%), les ciseaux et pinces (10,83 €, +42,9%), selon les données de la Fnesi (2). Une charge injustifiée selon cette dernière, estimant que tenues et chaussures devraient être fournies gratuitement, puisqu’il s’agit d’équipements de travail, au sens de l’article R. 4321-4 du code du Travail tandis que ciseaux et pinces en tant qu’outils pédagogiques devraient être prise ne charge par la Région.

La Fnesi se bat également pour le transfert de la gestion des bourses des formations sanitaires et sociales aux Crous. Elles sont souvent versées tardivement, ce qui contraint les étudiants à avancer les frais d’inscription, et de manière irrégulière. « Cela fait plusieurs années que le ministère fait des promesses sans le mettre en place. Seule la région Normandie, depuis plusieurs années, a mis en place ce transfert ».

A la recherche de la carte d’étudiant

Quant à l’accès aux services du Crous, là aussi peu mieux faire. « Les difficultés concernent surtout les Ifsi délocalisés où aucun service n’est mis en place pour les étudiants. Par ailleurs, l’université de La Sorbonne a voté cet été de faire payer un supplément de 34 euros aux étudiants infirmiers pour accéder à la BU et à l’extranet de l’Université », explique Clara Hammer.

Ailleurs, la délivrance de la carte d’étudiant qui permet d’accéder à ces mêmes services « se fait très tardivement où ne se fait pas. Certaines universités nous disent qu’elles ne la délivre pas aux étudiants infirmiers parce qu’ils ne sont pas encore pleinement intégrés à l’université ». L’universitarisation a encore du chemin à faire…

Hélène Trappo

1- Coût moyen de la rentrée pour un étudiant primo entrant en licence, sans double inscription, non boursier et décohabitant (ne vivant plus au domicile familial)
2- Fédération Nationale des Etudiant.e.s en Soins Infirmiers. Voir le détail des modes de calcul dans le Dossier de presse « indicateur du coût de la rentrée d’une étudiante.e en soins infirmiers, 2019 » accessible sur son site
3 - Fédération des associations générales étudiantes, Dossier de presse « Indicateur du coût de la rentrée »
4- Dossier de presse « Mal être des Esi : il est temps d’agir », 2017, Fnesi
5- Selon une étude de l’Institut Montaigne

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