Violences à l'hôpital : les urgences parisiennes appellent à la grève | Espace Infirmier
 

10/04/2019

Violences à l'hôpital : les urgences parisiennes appellent à la grève

Suivant l’exemple des urgences de Saint-Antoine, plusieurs services d’urgence de l’AP-HP appellent à la grève à partir de lundi. Ce sont les infirmières qui se mobilisent.

Tout a commencé aux urgences de l’hôpital Saint-Antoine, à Paris. Depuis le début de l’année, les infirmières ont subi cinq agressions. La dernière a été particulièrement mal vécue : « Une infirmière, seule dans un box avec un patient, a essuyé des insultes, puis reçu un coup de poing » raconte Olivier Youinou, infirmier anesthésiste et secrétaire général de Sud santé. La gestion administrative de cette agression, défaillante, a été particulièrement mal vécue : « L’infirmière a contacté l’administrateur de garde, qui n’a pas jugé bon de se déplacer. Elle a dû prendre un taxi pour porter plainte au commissariat. C’est un abandon, qui s’ajoute à l’agression. »

« Aujourd'hui, il faut faire grève pour obtenir du matériel »

En solidarité, les infirmières et les assistantes sociales du service se sont mises en grève le 18 mars, et n’ont toujours pas baissé la garde. Elles réclament une sécurisation des locaux, la titularisation des CDD, le remplacement des arrêts maladie et des congés maternité, et une prime de 300 euros mensuels reconnaissant la spécificité du travail aux urgences. « On leur a fait des promesses sur la sécurisation des locaux. Elles ont obtenu du nouveau matériel : des tensiomètres, des thermomètres, des brancards qui roulent. Aujourd’hui, il faut faire la grève pour obtenir du matériel », s’indigne Olivier Youinou. En revanche, elles n’ont rien obtenu sur les effectifs et la rémunération. La grève s’étend donc, comme une trainée de poudre, à l’initiative des soignants, les syndicats se contentant de déposer des préavis de grève.

« Les infirmières et les aides-soignantes ont pris l’initiative d’organiser des réunions inter-services d’urgence, raconte le syndicaliste Sud. Ceux de Tenon, de Saint-Louis, de Lariboisière et de la Pitié-Salpêtrière appellent eux aussi à la grève. Bichat, l’Hôpital européen Georges-Pompidou, Robert-Debré, Necker et Cochin se mobilisent eux aussi. »

« Les agents de sécurité ne suffisent pas »

Est donc aussi mobilisé Lariboisière, touché par le décès d’une femme oubliée sur un brancard en décembre : « On a obtenu des postes d’infirmières et d’aides-soignantes, mais ce n’est même pas assez, raconte Yann Flecher, infirmier dans cet hôpital et élu CGT. Le service réclame plus d’encadrement, des assistants sociaux et des médiateurs pour contenir les violences. Les agents de sécurité ne suffisent pas. Les patients sont violents parce qu’ils ne comprennent pas pourquoi on les fait attendre des heures sur des brancards. Mais nous ne comprenons pas, nous non plus, pourquoi il n’y a plus de lits d’aval pour les hospitaliser. »

Pour Olivier Youinou, « les services d’urgence sont le miroir de l’hôpital d’aujourd’hui, de l’échec de la complémentarité entre la ville et l’hôpital, de la désertification médicale. Nos services, engorgés, sont des cours des miracles. » En l’absence de réponses satisfaisantes de la direction, leur grève débutera le lundi 15 avril.

Caroline Coq-Chodorge



Les urgences la jouent collectif

À lire dans « L'Infirmière Magazine », n° 405

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Les dernières réactions

  • 13/04/2019 à 01:55
    Marine
    alerter
    La violence est egalement au niveau de ces gerants d hopitaux publics . Pour ma part j ai ete agressee physiquement et insultee par ma cadre de service parce que je denoncais de graves glissements de taches de la part d une aide soignante .Lorsque j ai du deposer plainte contre cette cadre qui m avait demonte l epaule et laisser des hematomes cette Drh du Chu de toulouse s est debrouillee a me rendre la vie insupportable au travail multipliant les affectations en vue de constituer un dossier diffamatoire avec la complicite de cadres de sante et me licencier pour inaptitude alors qu avant cette agression j etais consideree comme une tres bonne Ide ...
  • 23/06/2019 à 10:36
    nenette
    alerter
    Bien sûr il n'est pas acceptable que les soignants se fassent agresser physiquement quoique qu'ils fassent: il faut toutefois constater qu'il est parfois difficile de se contenir et de ne pas leur en retourner une. par exemple quand un interne me reçoit à la place du médecin, regarde mes radios et me dit d'entrée d'un ton sec: Madame ne vous moquez pas du monde vous savez très bien que vous avez un cancer Il me dirige vers un autre service c'est ce qu'il a fait de mieux. C'était une erreur de diagnostic si on peut appeler ça un diagnostic puisqu'il n'a fait aucun complément d'analyses ou d'examen. Je voulais faire un signalement mais c'est le genre de chose auquel on est exposé quotidiennement dans les hôpitaux, ce qui peut faire hésiter à aller consulter. Je n'ai pas fait de signalement car il faudrait en faire un presque à chaque fois qu'on va à l'hôpital
    ;Quand les soignants et les responsables de santé se plaignent que des propos comme les miens ruinent la confiance que les patients mettent dans les médecins, ils devraient être un peu plus objectifs et moins dans le déni en se rendant compte que ce sont les soignants imbus d'eux mêmes et stupides qui se chargent eux mêmes , par leur attitude, de ruiner la confiance que les patients mettent dans leurs médecins.

    Les maltraitances de patients ont lieu principalement dans l'annonce de cancers tout va, en gynécolgie service de planqués par excellence où les maltraitances sont niées avec persistance voire considérées comme normales, et bien sûr en gériatrie mais ce ne sont pas les seuls...

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