Pratique avancée : un pas en avant, deux pas en arrière… | Espace Infirmier
 

30/04/2018

Pratique avancée : un pas en avant, deux pas en arrière…

Un nouveau projet de décret définissant les futures compétences des infirmières de pratique avancée (IPA) a été présenté aux syndicats infirmiers et médecins le 24 avril dernier par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS). Un texte qui renforce la tutelle des médecins… et déçoit les représentants infirmiers.

En mars dernier, au moment de sa présentation, le projet de décret avait déjà provoqué de vives contestations dans les rangs infirmiers et médecins : les premiers dénonçant l’absence d’autonomie en raison du maintien d’une tutelle des médecins sur leurs pratiques, et les autres craignant de perdre la main dans le suivi des patients.
Dans la dernière version du décret présentée aux syndicats infirmiers et médecins, le 24 avril dernier, les médecins ont plutôt le beau rôle, car le texte, en rappelant leur place centrale et décisionnaire, leur donne de nouvelles garanties : c’est le médecin qui choisira de « confier » le patient à l’infirmière de pratique avancée (IPA) et qui déterminera la « conduite diagnostique » et les « choix thérapeutiques ». Seule nouveauté du texte, le médecin établira, avec l’IPA, un « protocole d’organisation » pour préciser les règles de leur « collaboration ». L’IPA participera, pour sa part, à la prise en charge globale du patient dans quatre domaines : oncologie ; maladies rénales chroniques, dialyse, transplantation rénale ; pathologies chroniques stabilisées ; prévention et polypathologies courantes en soins primaires. Elle sera ainsi habilitée à conduire un entretien avec le patient, à retracer ses antécédents, prescrire des examens, renouveler ou adapter des prescriptions, ou procéder à des examens… mais ne pourra pas interpréter les résultats.

Un décret qui fâche

« Ce décret, c’est de la cosmétique, dénonce Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI). Des points essentiels, comme la psychiatrie, ont été supprimés du texte. » D’autant que ce décret a également bloqué les négociations conventionnelles infirmières actuellement en cours puisque « Nicolas Revel [directeur de la Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés, NDLR] nous a informés que la chimiothérapie orale relèverait dorénavant du rôle des IPA », regrette le président de la FNI. Et d’ajouter : « Le ministère n’a pas été en mesure de s’opposer au lobby médical, ce qui a conduit à un déshabillage du projet. À ce stade, il nous a informés que c’était à prendre ou à laisser. »

Pour rappel, c’est la loi de modernisation de notre système de santé de janvier 2016 qui a acté l’existence des IPA. Depuis, la profession était dans l’attente de la publication du décret. Le ministère espère, pour sa part, que les premières formations universitaires sur la pratique avancée pourront être mises en place dès la rentrée prochaine. Le projet de décret doit encore être examiné en Conseil d’État.

Laure Martin

Les dernières réactions

  • 01/05/2018 à 10:40
    Pierre
    alerter
    La brèche est ouverte, c'est ce qui compte à l'heure actuelle pour nous car OUI, ce nouveau champ d'exercice est une nécessité.
    Les médecins ne sont pas contents ? ...la réalité du terrain liée à l'intensification des deserts médicaux sera bientôt généralisée et il leur faudra tôt ou tard prendre conscience et admettre que l'IDE a un rôle majeur à jouer auprès des populations. C'est une évidence !
    Que l'on arrête de s'auto-flageller en évoquant sans cesse que l'on n'a pas fait 9 ans d'études. Soyons réalistes, faut-il absolument posséder un doctorat pour traiter la bobologie, retirer un bout de coton-tiges resté coincé dans le conduit auditif et le contrôler, prendre en charge une plaie traumatique nécessitant 2 ou 3 points de suture, surveiller une dénutrition ou gérer une déshydratation ???? Avec 5 ans d'études et une expérience professionnelle exigée, je pense que ces IPA auront toute la légitimité requise pour être très compétents et très performant, tout en apportant une plus value indéniable en termes de proximité et de relation.
    Mais il ne faut pas oublier de revoir et d'enrichir l'actuel décret de compétences qui n'est absolument plus adapté !
  • 05/05/2018 à 19:09
    Oula
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    Encore des usines à gaz pour sortir des fainéant des soin on est infirmier on reste infirmier sinon fallait faire médecine en attendant on manque de vrais infirmier s qui veulent faire leur métier
  • 16/05/2018 à 19:44
    Jiaime
    alerter
    Pierre et Oula je partage entièrement votre analyse. Mais nous traînons comme une casserole l'image d'Epinal de Religieuses sacrées ou profanes dispensant des soins en brousse ou en Europe, sous l’œil goguenard du prêtre en soutane blanche pour évangéliser la " bonne parole ". Oui les temps ont changé et sans se griffer les joues de douleur il est permis d'être triste devant tant de gâchis, de discours à l'emporte pièce, de promesses sans lendemain jurant la main sur le cœur : " Yes we can ......I promise you that we will do it " (Oui nous pouvons.....Je vous promets que nous allons le faire). Le médecin va devenir, par la force des événements, un collaborateur de l'IDE et vice-versa. Les politiques passant ainsi plus de temps à dire ce qu'ils vont faire que faire ce qu'ils ont juré de faire. Les grincheux, si si il y en a, vont forcément trouver que l'on en fait un peu trop à une époque où réclamer l'essentiel sans le superflu ni l'accessoire, est un acte de gourmandise. Un grand nombre de décideurs, " vous avez dit bizarre ? tiens comme c'est bizarre " bottent en touche renvoyant aux calandres Grecques des promesses, toujours des promesses. Attention car à force de tirer sur l'élastique, soit il rompt, soit il revient vers ceux q
  • 16/05/2018 à 19:52
    Jiaime
    alerter
    .....ui l'auront mis en tension. Et là cela risque de faire mal, très mal. CQFD.

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