« Nous sommes en souffrance. On ne sait plus comment le dire, comment le crier » | Espace Infirmier
 

14/10/2016

MOUVEMENT UNITAIRE DU 8 NOVEMBRE

« Nous sommes en souffrance. On ne sait plus comment le dire, comment le crier »

Unies, les infirmières seront dans la rue le 8 novembre prochain à l’appel de 16 syndicats et associations professionnelles, qui entendent crier leur ras-le-bol au Gouvernement et exprimer leur désarroi face aux conditions de travail, d'études et de rémunération. Du jamais vu depuis près de 30 ans.

Article mis à jour le 19/10

Le mouvement s’annonce d’ampleur. À l’appel de 16 syndicats et associations professionnelles et étudiantes (1), les infirmières seront dans la rue le 8 novembre à Paris mais aussi en régions, date à laquelle plusieurs syndicats de la fonction publique hospitalière (CGT, FO et Sud santé sociaux) ont également annoncé une journée d'action. Le mot d’ordre n’est pas la grève générale, mais ce n’est pas loin. Pour une fois, la majorité des organisations ont réussi à se mettre d’accord sur une plate-forme de revendications communes.

Revendications communes

La profession demande la reconnaissance de la pénibilité par un départ anticipé à la retraite (avec une bonification d’un an tous les 10 ans), une revalorisation salariale conforme au niveau de responsabilité des professionnels infirmiers, un élargissement de l’exclusivité d’exercice des Iade et Ibode, une réactualisation du décret de compétences des IDE (inchangé depuis 2002), la détermination d’un ratio infirmiers/patient par spécialité, la création d’une spécialisation en santé mentale après une formation en master, la reconnaissance en master des formations d'Ibode, de puéricultrice et de cadre de santé ou encore le retrait de l’article 51 de la loi Bachelot HPST, qui encadre le transferts de compétence.

Quant au plan d’économie de 3,5 milliards d’euros prévu sur trois ans dans l’Objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) et qui devrait se traduire par le suppression de 16.000 lits et quelque 22.000 postes, les IDE n’en veulent pas. Pas plus qu’elles n’acceptent les 100.000 fermetures de lits programmés sur dix ans avec la mise en place des groupements hospitaliers de territoires (GHT).

Dans un communiqué diffusé le 17 octobre, les organisations déplorent également "l'encadrement déficient des étudiants". En libéral, elles dénoncent "la concurrence des structures de soins, parfois déloyale et non coordonnée avec les libéraux, une nomenclature obsolète et un refus de prendre en compte toutes les compétences infirmières".

« On a atteint la cote d'alerte »

« La coupe est pleine. Les contraintes budgétaires imposent un mode de fonctionnement qui entraîne une souffrance profonde chez les professionnels. On parle de dialogue social, mais il n’existe pas. C’est marche ou crève ! », tempête Bruno Huet, vice-président du Syndicat national des infirmiers anesthésistes (Snia). « Du côté des associations professionnelles, tout le monde sera là et ce n’est pas du tout habituel, même si on échange très souvent ensemble », se félicite Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI).

Et de préciser : « Cette mobilisation traduit un ras-le-bol de nos conditions d’exercice, mais aussi le mépris des tutelles. On a atteint la cote d’alerte. On ne se reconnaît plus du tout dans nos valeurs professionnelles, nous n’avons plus les moyens d’exercer. Et cette souffrance de ne plus pouvoir prendre soin des patients comme on le veut est intolérable. Nous sommes en souffrance, on ne sait plus comment le dire, comment le crier alors que des vies sont en jeu. Des vies de patients, des vies de soignants. »

1988 est dans tous les esprits

Si 1988 est bien sûr dans tout les esprits, il serait prématuré de faire un parallèle entre les deux mouvements. Pour la CNI, toutes les conditions sont réunies. « D’ailleurs les revendications - conditions de travail, salaires et formations- sont les mêmes que celles qui ont déclenché 88 », constate la présidente. À bon entendeur…

Françoise Vlaemÿnck


1- Les syndicats infirmiers salariés CNI, SNPI, Snies, Snics et les syndicats libéraux Sniil, FNI, Convergence infirmière et Snipuerlib. Les organisations professionnelles Iade -Snia, Aneia, Ceeiade, Ibode -Unaibode, Aeeibo, et puéricultrice - ANPDE, la Fnesi pour les étudiants en soins infirmiers et l'association d'Idel Unidel.

Les dernières réactions

  • 15/10/2016 à 00:06
    Thierry Amouroux
    alerter
    Contrairement à ce qu'indique l'article
    1) il n'y a pas de syndicat infirmier CGT ou CFDT
    2) la CFDT n'a rien à voir avec notre plateforme, qui ne concerne que les organisations infirmières, des secteurs public, privé et libéral, ainsi que les étudiant
  • 15/10/2016 à 06:21
    blaise
    alerter
    Les autres revendications évoquées par le président de l'ordre infirmier de Paris sont les suivantes :
    - Abrogation de la Loi HPST ;
    - Abrogation de la Loi santé ;
    - Abandon de la «territorialisation» de l’offre de soins, des GHT et des restructuration
  • 16/10/2016 à 18:41
    solange granier
    alerter
    Beaucoup d'agitations et de publications, ces derniers jours, au sujet d'une "prochaine journée de grève et et de manifestations infirmières". A bien y regarder, nous voyons surtout beaucoup de tentatives de récupérations, beaucoup de "mises au point parf
  • 17/10/2016 à 10:00
    Fanny
    alerter
    SNPI et ordre infirmier même combat = non merci !
  • 17/10/2016 à 10:24
    blaise
    alerter
    C'est là où réside toute l'ambiguïté des choses : comment un syndicat pro-ordre peut combattre d'un côté un gouvernement qui le soumet de l'autre côté ? Impressionnante gymnastique posturale et intellectuelle, il n'y a pas à tortiller, il faut faire parti
  • 17/10/2016 à 19:50
    Thierry Amouroux
    alerter
    Les infirmier.e.s appellent à la mobilisation générale
    le 8 novembre 2016

    Quel que soit leur mode d’exercice, les infirmier.e.s, à bout de souffle, peinent à répondre aux besoins de la population nécessitant des soins, en raison notamment d'un désinve
  • 17/10/2016 à 20:21
    blaise
    alerter
    N'est-ce pas l'article qu'on peut lire sur le site @ du SNPI sous le titre "Soigne et tais-toi : les infirmières appellent à la mobilisation générale le 8 novembre 2016" ?
  • 18/10/2016 à 02:12
    solange granier
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    Le snpi pro ordre infirmier a droit de propagande ici quand les autres se font éjecter au moindre communiqué de presse ???
    Cette manif du 08 novembre est une tartuferie et un enfumage de première. Les mêmes qui harcèlent et menacent les infirmières à la
  • 18/10/2016 à 09:05
    blaise
    alerter
    Le gouvernement est plutôt critiqué dans la propagande du SNPI, et pourtant il vient de proroger pour 1 an les mandats des conseillers ordinaux infirmiers nationaux, dont celui du secrétaire général du syndicat sus-nommé, alias président de l'ordre 75, al
  • 19/10/2016 à 05:42
    solange granier
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    Injures, insultes voire menaces, les réactions sont vives après le communiqué de RESILIENCE sur la journée de manif du 08/11 : nous maintenons !

    manifestation "infirmière" et autres impostures du 08 novembre 2016, RESILIENCE communique :
    RESILIENCE co
  • 19/10/2016 à 22:26
    thle
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    J'espère que ce mouvement sera à hauteur du mouvement de 1988.
    Le personnel soignant ne peut rien attendre des directions , des tutelles ou encore le ministère. Nous sommes devant un choix de société : quelle médecine pour demain ? et c'est pourquoi le s
  • 20/10/2016 à 13:56
    chesnel
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    si je comprends bien il suffit de mettre les socialistes dehors et demain avec la droite l'extéme droite tout ira bien. Lisez les programmes et vous me direz si les conditions de travail vont s'améliorer en revenant au 39h en supprimant le statut de fonct
  • 20/10/2016 à 17:47
    thle
    alerter
    bonjour,

    le dernier message témoigne "D'accord pour une reconnaissance de spécificités mais pourquoi réclamer une spécialisation en psychiatrie"
    Je travaille en psychiatrie depuis 36 ans et en tant que cadre sd'unité d'entrée et des Ump, je suis affai
  • 21/10/2016 à 04:57
    solange granier
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    "DANS LE PLUS GRAND SECRET", HIER A L'ASSEMBLEE NATIONALE, "LES INFIRMIÈRES" ONT ÉTÉ AUDITIONNÉES SUR LE SYNDROME D'EPUISEMENT PROFESSIONNEL A L'HOPITAL. SAUF ERREUR, AUCUNE INFIRMIERE EN ACTIVITÉ N'ETAIT PRESENTE ... TOUT VA BIEN ...

    Table ronde réuni
  • 21/10/2016 à 08:01
    blaise
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    Ce seraient donc des personnes épuisées et en souffrance : de qui se moque-t-on ?
  • 21/10/2016 à 19:41
    Kiwidi
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    D'abord ce n'est pas le décret de compétence qui date de 2002 (lui il date de 2009) mais les actes d’infirmiers qui ne sont d'ailleurs plus en décret... mais intégré dans la loi de santé publique ! Nos connaissances sur la législation qui gère notre profe
  • 23/10/2016 à 03:21
    solange granier
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    La douleur des soignantes existe belle et bien. Elle est entretenue par la violence institutionnelle, elle se manifeste aussi des patients qui ne le sont plus (patients) et qui depuis 15 ans consomment la santé comme ils vont chez carrefour avec une carte
  • 30/10/2016 à 11:34
    Patou67
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    Tout à fait d'accord avec Thle et Kiwidi en réponse à Chesnel qui ne voit pas l'intérêt d'une spécialisation en psychiatrie ! Moi je le vois l'intérêt, et en connaissance de cause ! Je suis ISP, eh oui comme on nous appelle, les derniers "dinosaures" de l

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