Enquête après un suicide - Objectif Soins & Management n° 243 du 01/02/2016 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 243 du 01/02/2016

 

Actualités

Anne-Lise Favier  

Procédure Après le suicide d’un cardiologue à l’HEGP, une enquête administrative a été diligentée pour faire toute la lumière sur cette affaire.

Soigné pour dépression, le Pr Jean-Louis Megnien revenait d’un arrêt maladie de plusieurs mois et avait déjà signalé une situation conflictuelle avec sa hiérarchie, et notamment avec Anne Costa, la directrice de l’établissement, alertant au plus haut niveau la direction de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) sur sa situation. En vain.

Une lettre ouverte

Certains de ses amis et collègues se sont exprimés sur ce drame, mettant en cause la direction de l’hôpital et celle de l’AP-HP, notamment par le biais d’une lettre ouverte au directeur de l’institution, Martin Hirsch. Le Pr Bernard Granger, qui dirige l’unité de psychiatrie de l’hôpital Tarnier, dénonce dans cette lettre le harcèlement que le Pr Megnien subissait depuis quelques années, et plus encore lors de son retour d’arrêt maladie : serrures changées, patients adressés à d’autres médecins, secrétaires sommées de ne pas communiquer avec le médecin. Jusqu’à l’issue fatale, trois jours plus tard, le 17 décembre, quand le cardiologue se défenestre sur son lieu de travail à l’Hôpital européen Georges-Pompidou.

La commission d’enquête… indépendante ?

En réaction à ce drame, la direction de l’AP-HP a mis en place une commission d’enquête pour mettre à plat des dysfonctionnements au sein de l’Hôpital européen Georges-Pompidou.

Un simulacre, pour le collectif de médecins, qui soutient le professeur décédé et qui estime que cette commission d’enquête travaille « sans indépendance et sans impartialité » en raison de ses liens avec des personnes dont se serait plaint le cardiologue. Une enquête a également été ouverte par le parquet de Paris.

Vers une enquête de l’Igas

Pour l’heure, les premiers éléments apportées par la commission montre des dysfonctionnements que la ministre de la Santé souhaite éclaircir : elle a donc annoncé le 18 janvier que l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) serait saisie à l’issue du rapport définitif « pour que […], sur la question de l’organisation, des réponses plus solides soient apportées » et que l’on « mette en place en France une politique pour répondre à la souffrance qui peut aussi concerner les médecins ».

En parallèle, le directoire de l’AP-HP a annoncé un plan d’action pour « traiter les situations conflictuelles ».