Maladies chroniques : tous concernés ! - Objectif Soins & Management n° 239 du 01/10/2015 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 239 du 01/10/2015

 

Actualités

Olivier Blanchard  

Interdisciplinarité Les maladies chroniques ne concernent pas que les personnes d’âge mûr. C’est en tout cas ce qu’ont annoncé les orateurs lors du séminaire européen du Sidiief le 25 septembre dernier.

L’interdisciplinarité est nécessaire pour les pathologies chroniques durant la grossesse. Nathalie Putteman, infirmière sage-femme, et Jean-Claude Servotte, infirmier de la Haute École de Namur-Liège-Luxembourg (Belgique), ont lancé une alerte lors du séminaire européen du Sidiief (Secrétariat international des infirmiers et infirmières de l’espace francophone) consacré aux maladies chroniques qui s’est déroulé à Bordeaux le 25 septembre : non, les maladies chroniques ne concernent pas que l’homme âgé ! Elles sont responsables de 63 % des décès (première cause de mortalité dans le monde) mais, sur les 36 millions de personnes décédées de maladies chroniques en 2008, 29 % avaient moins de 60 ans et la moitié étaient des femmes.

Les grossesses dans le viseur

Or, pendant la grossesse, les pathologies aiguës sont prises en charge, mais les pathologies chroniques, traditionnellement suivies en ville, sont parfois oubliées.

Pour les diabètes de type 2 par exemple, contrairement aux idées reçues, les femmes de 15 à 34 ans sont plus touchées que les hommes, notamment à cause des diabètes gestationnels qui les déclenchent.

Des économies à tous les étages ?

D’autre part, les facteurs économiques semblent de plus en plus déterminants en santé. Ainsi, en Belgique, la Flandre et la Wallonie ont des taux de mortalité périnatale normaux alors qu’autour de la ville de Bruxelles, la région la plus pauvre du pays, ce taux frôle celui d’un pays en voie de développement, ce qui s’explique par des pathologies chroniques et des grossesses trop précoces.

En effet, même si l’accès aux soins est assuré par l’État, c’est une chaîne complexe de décisions qui entraîne la moins bonne santé : la pauvreté conduit à des privations qui suscitent des choix (par exemple dans les médications) qui changent le comportement, qui aggrave la maladie, et éloigne du soin et au final augmente les complications…

Un suivi plus complet ?

Sachant tout cela, la prise en charge d’une grossesse doit donc passer aujourd’hui par une connaissance bien plus précise de l’état de santé réel de la patiente et de son entourage. Or aucune profession n’a les compétences pour embrasser seule toute la complexité d’une situation. Les deux infirmiers appellent donc de leur vœux un plus grand développement de l’interdisciplinarité pour s’éloigner de la multidisciplinarité en s’inspirant par exemple de l’extended care model qui replace le système de soins dans la communauté du patient.

La multidisciplinarité est une méthode de travail d’équipe où chacun travaille selon son savoir puis le met en commun ; l’interdisciplinarité consiste à un travail d’équipe où l’effort est davantage mis en coopération entre les différents membres de l’équipe.

Perspectives

Les maladies chroniques pourraient coûter 47 billions de dollars à l’économie mondiale au cours des vingt prochaines années. Or 80 % des cardiopathies et 40 % des cancers seraient évitables.