Conclusion générale - Objectif Soins & Management n° 206 du 01/05/2012 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 206 du 01/05/2012

 

Cahier du management

Groupe cadres chercheurs*   Dorsafe Bourkia**  

Ces différentes pages de réflexion commune ont permis de mettre en évidence une certaine complexité dans l’apparente simplicité de la dichotomie “formateur-manageur”, ce qui interroge de manière profonde la définition de la véritable identité professionnelle du cadre de santé.

La place du cadre de santé et de sa citoyenneté, qu’il soit formateur ou manageur, est donc fortement interrogée, voire parfois même remise en question. Devenir cadre n’est plus une simple “récompense promotionnelle” suite à de bons et loyaux services en tant qu’infirmier devenu expert du soin, c’est surtout un projet qui exige de plus en plus de compétences multidisciplinaires (gestion, sciences de l’éducation, sociologie, comptabilité, santé publique…) et une capacité à se remettre en question, à s’adapter aux réformes de la politique de santé, au nouveau référentiel de formation…

Si, idéalement, les cadres formateurs et manageurs devraient pouvoir se croiser régulièrement et échanger volontiers sur un sujet fédérateur comme l’évolution des professions infirmières et aides-soignantes, nous voyons surtout deux professions qui s’ignorent et échangent encore bien trop peu sur leurs propres pratiques.

Cependant, même si les rencontres ont lieu, elles souffrent d’un manque de visibilité et sont devenues pourtant de plus en plus indispensables en ces temps de réformes qui s’appliquent bien plus vite que les moyens et l’organisation ne peuvent le lui permettre. HPST, licence infirmière, Europe, rationalisation des dépenses publiques, environnement économique inquiétant, mondialisation, crispation sur l’accès aux soins et à la santé, enjeux pour l’avenir de la santé publique, de la prévention et de la cohésion sociale…

D’aucun se réfugieront derrière des valeurs humanistes pour défendre un tant soit peu la spécificité du cadre de santé. Cela fera-t-il le poids face à une gestion de plus en plus désincarnée et déshumanisante de nos organisations soignantes ? Après tout, des cadres, il y en a bien dans les entreprises qui géreront tout aussi bien des flux de conserves que des flux de patients… et seront probablement plus efficaces en logistique et bien plus sensibles à l’environnement économique, surtout s’ils sont issus du secteur privé !

Par conséquent, cette crise identitaire rejoint celle, plus préoccupante, de la crise des valeurs soignantes que nous sommes censés défendre : quel que soit son milieu d’exercice, formation ou management, le cadre doit replacer tout le sens profond de ses actions en se recentrant sur ce qui constitue son cœur de métier, en ayant toujours pour finalité la satisfaction du patient.

Nous exerçons dans un environnement situé au cœur de l’Humain, et c’est ce qui en donne tout son sens et sa richesse. Bien évidemment, même si elle a un coût, la vie n’a pas de prix.