L’Ordre national infirmier se sert la ceinture | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 203 du 01/02/2012

 

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Françoise Vlaemÿnck  

ÉTAT DES LIEUX → Silencieux depuis cet été, le président de l’Ordre national infirmier a donné sa première conférence de presse fin janvier. Objectif : restaurer l’image de l’instance et la confiance passablement écornées auprès de la profession.

Fort du plan de restructuration – adopté en septembre dernier par le Conseil national et le groupe bancaire qui le soutient – qui prévoyait une augmentation de ses cotisations et une baisse très substantielle de ses charges, l’Ordre annonce un retour à l’équilibre budgétaire au printemps prochain. Il n’empêche, la note est douloureuse : plus de 11 millions de dette qu’il faudra rembourser en sept ans, la suppression de 114 emplois sur 156 et la fermeture des conseils départementaux.

Moins de coûts

Le Conseil national devrait également déménager au cours de l’année pour des « locaux moins spacieux et moins coûteux ». Au quotidien, la vie des Ordres départementaux et régionaux sera spartiate. Dans une note interne diffusée le 20 janvier *, Jean-Yves Garnier, trésorier de l’instance, recommande d’ailleurs aux élus une gestion parcimonieuse des deniers. « L’achat de timbre doit être réduit au minimum », peut-on par exemple lire en page 2. Plus étonnant, le trésorier indique que « les élus de conseils doivent être à jour de leur cotisation. […] Nous ne pouvons pas réclamer à nos collègues le versement de celle-ci sans l’avoir nous-mêmes versée ».

Une infirmière sur cinq

Côté cotisation justement, l’Ordre a déjà atteint les objectifs fixés à l’échéance d’avril 2012. « Depuis avril 2011, le nombre d’inscriptions a augmenté de 20 % », s’est félicité le président Didier Borniche. Au 25 janvier, l’Ordre indique avoir encaissé 90 020 adhésions sur les 110 752 infirmières inscrites au tableau. Parmi elles, 53 000 sont des libérales. Le taux de cotisation global se situe à 84 % et tombe à 44,61 % chez les salariés. Au total, l’Ordre regrouperait un peu plus d’une infirmière sur cinq. « Cet Ordre a à fédérer les quelque 500 000 infirmières du pays. Sans doute était-il illusoire [à sa création] de penser que nous allions y parvenir en quelques mois. Nous avons aujourd’hui mesuré l’ampleur de la difficulté », a expliqué Didier Borniche. Le Conseil national s’est donc donné sept ans pour inscrire la moitié des infirmières. D’ici peu, les infirmières pourront d’ailleurs s’inscrire via Internet.

Un avenir incertain

Le président a également rappelé que l’Ordre agissait dans le cadre la loi et qu’inscription et cotisation étaient obligatoires. Par ailleurs, le président a expliqué qu’il souhaitait, entre autres, renouer le dialogue avec « les partenaires syndicaux ». Quand et comment, les modalités restent floues. Et la tentative incertaine. Ceux contre l’Ordre ne devraient pas venir de sitôt s’asseoir autour de la table puisqu’ils réclament son abrogation pure et simple, et ceux qui étaient pour l’Ordre et continuent de l’être sur le fond ne le sont plus sur la forme ! Trois syndicats libéraux appellent à boycotter la cotisation. Mais, dans ce dernier cas, il ne s’agit, pour Didier Borniche, « que de règlements de comptes personnels ». Ce qui est sûr, c’est qu’avec si peu de moyens, l’Ordre est durablement affaibli et l’on voit mal la façon dont il va pouvoir s’imposer – même armé de sa bonne volonté – dans le paysage sanitaire pour faire entendre la voix de la profession…

* Lettre d’information n °53.