2007-2012 : état des lieux du quinquennat - Objectif Soins & Management n° 202 du 01/01/2012 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 202 du 01/01/2012

 

Actualités

Anne-Lise Favier  

POLITIQUE → À l’aube des élections présidentielles, l’heure est au bilan dans le domaine de la santé. Y a-t-il eu un défilé de ministres avenue de Ségur ? Quelles lois ont marqué ces cinq années ? Les promesses ont-elles été tenues ? C’est ce que nous vous proposons de résumer…

Force est de constater que si quelques gouvernements se sont succédé au plus haut niveau de l’État, la santé a brillé par sa constance : Roselyne Bachelot aura en effet occupé le poste dès le lendemain de l’élection et jusqu’au 14 novembre 2010, jour où elle a cédé son siège à Xavier Bertrand, qui l’occupe encore.

Trois chantiers, pas assez d’avancées

Du côté des promesses de Nicolas Sarkozy, en 2007, alors qu’il était encore candidat, se trouvaient trois grands chantiers : la mise en œuvre d’une grande politique de la fin de vie, la préservation de l’excellence du système de santé et l’amélioration des conditions de travail des professionnels de la santé. Au final, si la fin de vie a occupé certains débats et vu quelques améliorations du côté de l’accompagnement, avec la création d’une allocation d’accompagnement d’une personne en fin de vie, la grande politique annoncée n’a pas vu le jour. Il faut dire que d’autres chantiers ont occupé le devant de la scène, dont celui des franchises médicales qui devaient permettre d’économiser suffisamment pour renflouer le trou de la Sécurité sociale (12 milliards d’euros !), déficit géant qui se creuse un peu plus chaque jour. Il y a d’ailleurs fort à parier que ce dossier continuera son chemin dans les mains du futur ministre de la Santé qui sera en charge du dossier après les élections. Était-ce donc là le prix à payer pour préserver l’excellence du système de santé actuel ?

Du côté des professionnels de santé, les conditions se sont-elles améliorées ? Pas vraiment, si l’on en croit une enquête* menée sur quatre mois par certains syndicats qui montrent que 93 % des interrogés trouvent leur travail stressant et qu’à l’unanimité ils estiment que leurs conditions de travail se sont dégradées.

Lois et crises sanitaires

Du côté des grandes lois votées pendant le quinquennat, on retiendra la HPST ou loi Bachelot, qui entérine la généralisation de la tarification à l’activité (T2A) et modifie la gouvernance des établissements publics de santé. Cette loi, sortie pendant l’été 2009, a également créé les agences régionales de santé et mis sur pied une réorganisation de la carte hospitalière. Nombreux sont ceux qui ont fustigé la logique comptable de cette nouvelle organisation.

Enfin, ce quinquennat aura été aussi celui du fiasco dans la gestion de la crise de la grippe A. Fiasco, car, pour se prémunir d’une pandémie mondiale annoncée, la France a acheté plus de 95 millions de doses de vaccins contre le virus. Une commande un peu hâtive, car la campagne de vaccination ne prend pas dans notre pays : le grand public ne veut pas d’un vaccin fabriqué à la va-vite par les laboratoires et rejette l’idée. Les stocks sont finalement détruits. La grippe A aura plus coûté en termes de prévention ratée qu’en réelle crise sanitaire.

Néanmoins, de crise sanitaire, il en est tout de même question, notamment dans l’affaire du Mediator, qui a mis au jour les malversations du groupe Servier et entraîné dans la foulée une réforme de l’Agence sanitaire des produits de santé. L’actuelle affaire des prothèses PIP renforce l’idée qu’il est urgent de réformer le système sur le volet des contrôles des produits de santé. On comprend ainsi mieux la réticence du gouvernement à légaliser la question de la vente sur Internet des médicaments : cela serait la porte ouverte à de nombreux débordements. Reste à voir si cette réforme aboutira dans les temps et comment les victimes seront indemnisées.

* Sur un ensemble de 492 établissements, 38 455 professionnels, dont 13 748 infirmiers. Enquête en trois volets (conditions de travail, organisation du travail et reconnaissance) réalisée par la CFDT santé sociaux.