Accompagner les dons de sang - Objectif Soins & Management n° 200 du 01/11/2011 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 200 du 01/11/2011

 

Actualités

Sylvie Gervaise  

RÉFLEXION → Faut-il revenir sur les principes d’altruisme, de solidarité et le respect du choix qui ont marqué l’éthique du don du sang ? Telle a été la problématique soulevée le 20 octobre dernier lors de la 18e réunion d’automne de la Société française de transfusion sanguine.

Si volontariat, bénévolat et anonymat constituent les valeurs phares du don de sang en France, elles ne suffisent plus à mobiliser suffisamment d’adeptes pour faire face aux besoins sans cesse croissants de produits sanguins. Le professeur Alain Grimfeld, président du Comité national d’éthique (CNE) l’a rappelé : le CNE, en 1991, a insisté sur le fait que le corps humain – tout ou partie – ne pouvait faire l’objet d’un contrat ou d’une négociation. Que faire alors face à notre responsabilité collective d’assurer au receveur la sécurité et le volume des produits qu’il est en droit d’attendre ?

Jean-Daniel Tissot, directeur du service vaudois de transfusion sanguine, met en lumière des aspects symboliques forts qui pourraient en partie expliquer la résistance à une telle solution. En quoi le don rémunéré ne serait-il pas éthique ? Si la vie est donnée par voie sexuelle, que la mort est portée par le sang ou le sexe contaminés, le don de sang ne serait-il pas considéré comme un acte sexuel ? Tarifer celui-ci serait alors assimilable à la prostitution…

Mais la réponse est multifactorielle. Elle nécessiterait, comme le souligne Francine Decary, médecin responsable d’Héma Québec*, une recherche scientifique sur les motivations au don du sang et les aspects psychosociaux qui l’influencent.

Philippe Rouger, président de la Société française de transfusion sanguine (SFTS), résume dans ces propos l’incontournable nécessité d’amorcer une réflexion sur le don, en y associant les politiques, scientifiques, donneurs et représentants d’usagers. Repenser les besoins, réviser les critères de sélection des donneurs, rendre les choix culturels plus lisibles, actualiser les objectifs du don de produits sanguins, autant de chantiers pour prendre une « décision publique en situation d’incertitude scientifique », formule adaptée de l’application du principe de précaution par le professeur Grimfeld.

* Héma Québec : organisme en charge de la transfusion au Québec.