Quoi de neuf, Docteur… Souris ?

Le constat était simple : 99 % des jeunes de 8 à 18ans naviguent sur Internet, près de 75 % d’entre eux utilisent le Web pour discuter et faire des recherches scolaires. Or, si les hôpitaux offrent généralement un accès à la télévision, très peu, en revanche, proposent du matériel informatique et une connexion wifi. Docteur Souris* s’est donc assigné un objectif : « Améliorer les conditions d’hospitalisation et rompre l’isolement des enfants et adolescents malades ou en situation de handicap par l’usage des technologies de l’information et de la communication. »

Créée en 2003 par Roger Abehassera, qui fut directeur général adjoint de Microsoft France durant plus de vingt ans, l’association a depuis installé plusieurs centaines d’ordinateurs portables dans quelque 80services pédiatriques d’hôpitaux d’Île-de-France et de province. « En mars dernier, nous avons doté l’hôpital Bellevue et l’hôpital Nord de Saint-Étienne de soixante ordinateurs. L’opération a été financée par la fondation Casino, dont la ville est le berceau historique. C’est souvent la source du financement qui détermine un programme. Cependant, à Toulouse, c’est un chef de service qui nous a contactés et nous avons ensuite cherché le financement ; idem à Nice, où c’est le père d’un enfant hospitalisé qui nous a joints », explique Roger Abehassera, président de l’association qui regroupe une vingtaine de bénévoles. Fin 2010, pas moins de deux cents PC ont été implantés à l’hôpital de la Timone à Marseille.

Libre service

Une fois installés dans les services, les enfants et adolescents peuvent utiliser des ordinateurs portables à tout moment. Par un portail interne, ils peuvent ainsi, en direct ou en différé, communiquer entre eux, avec leur famille ou leur référent hospitalier via texte, photo ou vidéo. Côté divertissement, les PC sont équipés de logiciels de jeux ludo-éducatifs, et les jeunes peuvent accéder à des vidéos, des concerts, visiter virtuellement des musées… L’accès à Internet est sécurisé et filtré en fonction du profil de l’utilisateur. Un contenu scolaire interactif, validé par l’Éducation nationale, est également disponible. « On a le sentiment d’aider les soignants et de faire progresser l’hôpital dans la mesure où les enfants et les jeunes vont mieux vivre leur séjour hospitalier », estime le président.

Docteur Souris organise des formations pour le personnel soignant, mais la maintenance des logiciels et du matériel est assurée sur chaque site par un étudiant ingénieur en informatique rétribué par l’association. Les ordinateurs portables utilisés par Docteur Souris sont offerts par une quinzaine de partenaires et mécènes. Après l’installation des logiciels, les PC sont reconditionnés par un atelier de réinsertion des Restos du cœur de Vendée.

Si, jusqu’à présent, Docteur Souris s’appuyait exclusivement sur du mécénat et des partenariats privés pour développer sa mission, l’association souhaite désormais faire appel à des financements publics (État, régions, départements et villes) pour étendre son offre. « Plutôt que de faire du coup par coup, on souhaite en effet privilégier une approche territoriale. Par exemple, en Île-de-France, il existe une quarantaine d’unités pédiatriques, nous allons faire un état des lieux pour identifier celles intéressées par notre programme et évaluer leurs besoins », indique Roger Abehassera. Bref, la souris va encore faire des petits…