Journée gériatrie à Uzès - Objectif Soins & Management n° 196 du 01/05/2011 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 196 du 01/05/2011

 

Actualités

Thierry Pennable  

GRAND ÂGE → Participation des personnes âgées à leur propre prise en charge et projet personnalisé ont guidé la 4e journée des soignants en gériatrie du Pont-du-Gard. Consacrées à la qualité de vie lors du vieillissement, ces rencontres ont été une nouvelle occasion de “sortir la tête du guidon” pour s’interroger sur ses pratiques.

Se tenant volontairement à l’écart de toute forme d’angélisme, Sylvie Landru et Denis Bruguier, cadre de santé et directeur de l’hôpital local d’Uzès (30), n’hésitent pas à confronter les domaines de réflexion. Les conceptions des sciences humaines et des sciences médicales ont été exposées, et parfois opposées.

« Nous avons un plan hôtelier, veuillez rester à votre place »

C’est en ces termes que l’infirmière de “la maison de retraite du pipeau” recadre le septuagénaire venu s’asseoir à la table de Mme Rose dans une des scénettes présentées par l’équipe du Centre gérontologique départemental de Marseille (CGD). Avec humour et pertinence, ces représentations mêlent soignants et résidents pour illustrer les droits de ces derniers recensés dans une charte rédigée par l’équipe du CGD*. Les bénévoles, les familles et les résidents ont été associés à sa rédaction. Jean-Claude Pical, directeur du CGD, a insisté sur « l’intérêt de l’appropriation d’une démarche propre à un établissement et à son histoire », et sur la participation des résidents, principaux intéressés.

Le bonheur des uns fait le bonheur des autres

« Dans les Ehpad, 60 à 70 % des personnes ont des troubles sensoriels et cognitifs », a rappelé le Pr Claude Jeandel du CHU de Montpellier, président de la journée et membre du conseil scientifique de l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm). « Une architecture inadaptée concourt à majorer les troubles psychocomportementaux, l’état confusionnel, la déambulation, etc. », constate le gériatre. Avec pour conséquence une augmentation des situations de crise, de la charge en soins et du burn-out des soignants. « S’intéresser à l’environnement architectural, à la participation des familles, et à la formation du personnel à la réflexion éthique peut réduire le stress et améliorer le niveau de satisfaction des soignants », a-t-il ajouté.

Accompagner et se faire accompagner

L’accompagnement à l’occasion du vieillissement, « c’est faire un pari sur les possibles de l’autre et prendre les gens comme ils sont sans faire de diagnostic, explique le Pr Michel Vial, chargé des sciences de l’éducation à l’université d’Aix-Marseille. Si on fixe des objectifs à l’autre, on n’est plus dans l’accompagnement mais dans le guidage, son contraire. » Ce consultant en ressources humaines a l’habitude de travailler avec les infirmiers. Il souhaite que l’accompagnement devienne une spécialisation de préférence en sciences humaines et « pas dans les sciences médicales qui ne comprennent rien à l’accompagnement ». Quant aux soignants, « ils doivent exiger de la supervision dans leur emploi du temps. C’est admis dans tous les métiers qui ont affaire à l’humain », précise le Pr Vial en prenant l’exemple des assistants sociaux.

* Consultable sur le site www.cgd13.fr.