L’infirmière référente passée au crible - Objectif Soins & Management n° 194 du 01/03/2011 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 194 du 01/03/2011

 

Actualités

Mathieu Hautemulle  

SONDAGE → Un questionnaire a été distribué à la Conférence nationale des plaies et cicatrisations pour mieux cerner la notion d’infirmière référente. Pour l’heure, les définitions manquent.

IDE référente douleur, plaies et cicatrisations, en psychiatrie… Les pratiques et les appellations de « référente » sont multiples, mais les définitions précises du mot manquent. Pour mieux cerner le rôle et l’identité de cette infirmière, Sylvie Palmier, référente plaies et cicatrisations au CHRU de Montpellier, a distribué un sondage aux participants de l’atelier qu’elle animait sur le sujet, le 18 janvier à Paris, lors de la 15e Conférence nationale des plaies et cicatrisations. Des quelque 200 documents complétés, il ressort, déjà, que nombre d’infirmières envisagent de créer un tel poste dans leur établissement.

Cerner son rôle au quotidien

Le questionnaire vise à savoir, notamment, si les postes de référentes sont occupés à temps complet ou à temps partagé, dans quel lieu d’exercice et sous quelle forme. La référente exerce-t-elle en première ligne, aux côtés du patient, ou en deuxième ligne, un autre soignant étant alors le bénéficiaire direct de son « avis éclairé » ? Cette référente exerce-t-elle aussi comme consultante projet, sollicitée pour un audit par exemple ? Enfin, joue-t-elle occasionnellement le rôle de formatrice ?

Un savoir supplémentaire, lié à une expérience et des qualifications, peut aussi compter dans la définition de la référente, parfois appelée « correspondante ». Deux questions du sondage portent sur la formation, dans le domaine des plaies mais aussi en pédagogie. Certaines tensions peuvent d’ailleurs être suscitées par l’obtention d’une formation, comme le raconte l’infirmier expert Pascal Vasseur : « Quand j’étais cadre à l’hôpital, les équipes voyaient parfois d’un mauvais œil l’infirmier poussé à passer un diplôme universitaire en cicatrisation ou en douleur : “Lui ou elle a réussi à avoir sa formation… moi je ne l’ai pas eue.” Une compétitivité peut ainsi s’installer. [Pour l’infirmière référente], il faut inscrire son action dans l’interdisciplinarité et ne pas vouloir être l’infirmier sauveur. » Pour Sylvie Palmier, « Il faut rester humble. »

Promouvoir l’écrit

La définition du terme « référente » pourrait passer par sa différenciation avec celui « d’experte ». Certains estiment que l’experte a franchi un pas de plus que la référente… L’expertise infirmière se situe « entre l’acte de soins et l’acte pédagogique, note Sylvie Palmier. Il faut apprendre au patient ou au collègue à faire ». L’infirmière experte doit aussi être consciente de ses responsabilités, de son degré d’autonomie et de la limite de son champ de compétences. Parmi les difficultés, également, l’évaluation de ses pratiques et de leur impact sur la qualité de la prise en charge des patients.

La production de travaux écrits est nécessaire pour mieux décrire les activités des infirmières référentes, construire du savoir et le diffuser, « montrer de quoi on est capable, valoriser les compétences acquises et les sciences infirmières, explique Pascal Vasseur. On peut avoir un badge, avec une pancarte grande comme ça, tous les titres de la création, si on n’est pas capable de faire passer son expertise à d’autres, on n’est pas un expert ». Sylvie Palmier projette ainsi d’analyser les résultats du sondage pour le Journal des plaies et cicatrisations. Et aimerait faire de l’IDE référente un sujet de recherche en soins infirmiers.

Contact : s-palmier@chu-montpellier.fr