Quand la sécurité prime sur les soins psychiatriques - Objectif Soins & Management n° 186 du 01/05/2010 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 186 du 01/05/2010

 

Revue de presse

Claire Pourprix  

On connaît en France une recrudescence des incarcérations depuis plusieurs années, hormis la période 1996/2001. Pourtant, la criminalité ne suit pas la même croissance. Or, souligne le sociologue Loïc Wacquant, « le recours réflexe à l’incarcération est un remède fait pour aggraver le mal même qu’il est censé guérir ». En se focalisant sur les risques de dangerosité des détenus, on laisse peu de place à la possibilité de soigner les individus qui en ont besoin.

L’enfermement carcéral est identifié par Christiane de Beaurepaire, psychiatre des hôpitaux, comme « le traitement économique de la misère et de la folie ». L’enfermement n’a pas cours qu’en milieu carcéral. Les personnes atteintes de troubles psychiatriques le subissent aussi à l’hôpital. Anne Perraut Soliveres, praticien-chercheur et cadre infirmier supérieur, témoigne ainsi de la difficulté d’appréhender ces patients par des soignants non formés. Pour sa part, Claire Gekiere, psychiatre de secteur, liste les pratiques d’enfermement dans les services de psychiatrie. Et déplore que « non seulement la contrainte de corps persiste, mais elle est de nouveau encouragée, au nom de la sécurité, comme valeur d’intérêt supérieur à la liberté ».

Pratiques, les cahiers de la médecine utopique, n° 48, janvier 2010. 52, rue Gallieni, 92240 Malakoff.