Science infirmière : de la recherche à la clinique - Objectif Soins & Management n° 183 du 01/02/2010 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 183 du 01/02/2010

 

Actualités

RECHERCHE→ Les journées d'étude de l'Association de recherche en soins infirmiers (Arsi), organisées à Paris les 21 et 22 janvier, ont été l'occasion pour deux cents professionnels de débattre du réinvestissement des savoirs scientifiques infirmiers dans la pratique soignante.

Avec la mise en place du Programme hospitalier de recherche infirmière (PHRI) en septembre dernier ou encore l'installation d'un premier département des sciences infirmières à l'École des hautes études en santé publique (EHESP), la recherche infirmière en France a incontestablement le vent en poupe.

Le réinvestissement des résultats de la recherche dans la pratique est cependant encore balbutiant en Europe, y compris dans des pays pionniers en matière de recherche infirmière comme le Danemark, la Norvège ou le Royaume-Uni. « Le réinvestissement est plutôt local », a commenté Ljiljana Jovic, directrice des soins et présidente de l'Arsi. « Mais des changements s'opèrent pour la construction et la diffusion de la culture scientifique infirmière notamment à travers les recommandations de la Haute Autorité de santé ou les évaluations des pratiques professionnelles », a-t-elle continué.

Vers une filière académique en sciences infirmières

Comme l'a rappelé Valérie-Paule Roman-Ramos, cadre de santé et doctorante en sciences de l'éducation, la finalité d'une recherche est de produire des résultats et des savoirs. « Les pays qui se sont dotés d'une filière académique en sciences infirmières sont plus avancés dans la production des savoirs », a souligné Ljiljana Jovic.

À ce titre, l'universitarisation de la formation infirmière est une réelle opportunité pour la recherche infirmière et la construction des savoirs. Plusieurs participants aux journées ont cependant insisté sur le risque de voir des chercheurs en sciences infirmières de plus en plus éloignés du terrain, un éloignement susceptible de creuser le fossé entre recherche et clinique.

Sylvie Cossette, professeure agrégée à la faculté des sciences infirmières de l'Université de Montréal, a rassuré les uns et les autres en témoignant de son expérience de formatrice et chercheur en soins infirmiers. « Je mène des recherches en soins infirmiers avec les équipes de l'institut de cardiologie de Montréal. Les problématiques sont cliniques, comme l'observance du traitement, le retour à domicile ou l'arrêt du tabac », a-t-elle précisé.

L'utilisation des ressources

La construction d'une science infirmière prend son sens à partir du moment où les infirmières des services ont accès à ces nouveaux savoirs. Une étude récente conduite auprès de 760 infirmières a toutefois montré que les professionnelles ont plus tendance à consulter leurs collègues que les bases de données disponibles. La transposition des savoirs universitaires dans la pratique infirmière, nécessaire à la construction d'une science infirmière, représente de fait un enjeu important.

Conscientes de cette réalité, les infirmières de l'Arsi entendent promouvoir un travail de réflexion à partir des retours d'expériences d'infirmiers docteurs et doctorants. Car l'émergence des savoirs infirmiers est également liée à l'amélioration de la qualité des soins. Plusieurs recherches infirmières présentées au cours de ces journées, que ce soit l'évaluation du toucher dans les soins, la prévention des chutes ou la recherche dans le domaine des plaies et cicatrisations, ont illustré ces liens intimes entre recherche et qualité des soins.