DES IMAGES À LA PLACE DES MOTS - L'Infirmière Magazine n° 405 du 01/06/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 405 du 01/06/2019

 

ONCOLOGIE

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LISETTE GRIES  

Sous l’impulsion d’une IDE, une équipe de l’hôpital Pierre-Wertheimer, aux Hospices civils de Lyon, a mis en place un carnet de communication pour les patients aphasiques en neuro-oncologie. Ce projet a été récompensé par le prix infirmier Any-d’Avray.

C’est à l’occasion d’un DIU en neuro-oncologie, passé en 2018, que Laure Fro-ment s’est interrogée sur les moyens pour améliorer la communication des patients aphasiques qu’elle côtoie à l’hôpital Pierre-Wertheimer, à Bron (69). « Durant mes recherches, je me suis rendu compte qu’il n’existait pas de support de communication adapté, alors que des solutions ont été imaginées pour des pathologies vasculaires », se souvient l’IDE.

Au quotidien, elle s’occupe de patients atteints de tumeurs cérébrales primaires et qui souffrent d’une aphasie non fluente, c’est-à-dire que leurs capacités à former des mots intelligibles est altérée, même s’ils comprennent ce qu’on leur dit. « Ce sont des personnes en grande souffrance : elles se savent atteintes d’un cancer et sont handicapées par cette perte d’autonomie », souligne-t-elle. L’évolution rapide de la maladie va de pair avec la progression de l’aphasie. « Les patients peuvent se replier sur eux-mêmes et s’isoler socialement, ce qui complexifie leur prise en charge », note l’IDE.

Carnet d’images

Avec l’orthophoniste de son service et d’autres infirmières, elle a alors imaginé un carnet de communication pour ces patients et leurs aidants. Composé d’images que le patient peut montrer, ce carnet se divise en quatre parties : douleur, émotions, besoins et divers. La partie douleur dispose d’une échelle visuelle avec plusieurs expressions faciales. En parallèle, une échelle numérique permet d’affiner ces expressions. Des visuels des parties du corps permettent aux patients de dire où ils ont mal.

Les chapitres émotions et besoins facilitent la communication quotidienne et l’identification des difficultés auxquelles les patients sont confrontés. Enfin, la fin du carnet s’adresse aux personnes qui ont conservé plus d’autonomie : un alphabet, une suite numérique et une ardoise leur permettent de formuler des mots, voire des phrases. Instauré dans le service en juillet 2018, ce carnet a vite rencontré un grand succès, tant auprès des patients et de leur entourage que des soignants, qui peuvent proposer une prise en charge plus adaptée.

Un prix de 2 500 €

Proposé au prix infirmier Any-d’Avray, organisé tous les ans par la marque de perruques du groupe Aderans (voir encadré), ce projet a conquis les douze membres du jury. « Les initiatives en neuro-oncologie sont plus rares, et les jurés ont apprécié cet intérêt pour des patients moins visibles. Ce carnet est un outil simple, facilement transposable, mais qui présente un grand intérêt pour le bien-être des patients », détaille Sylvie Brusco, directrice adjointe d’Aderans France. Distingué du deuxième prix de cette 25e édition, le projet de Laure Froment s’est vu récompensé d’un chèque de 2 500 €.

Cette dotation arrive comme un coup de pouce bienvenu. « Nous ne disposons que d’un carnet pour 21 lits. Grâce au prix, nous allons éditer de nouveaux carnets, afin de répondre aux besoins des patients aphasiques pendant toute leur hospitalisation », se réjouit l’IDE. Les familles se sont également montrées très intéressées et aimeraient pouvoir disposer d’un tel carnet à domicile. Ce sera peut-être la prochaine étape pour cet outil plein de bon sens.

PRIX ANY-D’AVRAY

Les initiatives infirmières à l’honneur

→ Depuis vingt-cinq ans, le prix infirmier Any-d’Avray récompense des projets portés par des IDE en oncologie. La cérémonie de remise des prix se déroule lors des Rencontres infirmières en oncologie, organisées par l’Association française d’infirmiers en cancérologie (Afic). Elle a eu lieu cette année le 23 mars, à Paris. Deux autres initiatives ont été distinguées.

→ Le premier prix (3 500 €) est revenu à un projet de lunettes de réalité virtuelle, porté par une équipe du centre Georges-François-Leclerc de Dijon (21). L’équipe souhaite proposer cette solution non médicamenteuse en substitut aux produits analgésiques lors de gestes invasifs, et en mesurer l’efficacité grâce à une étude comparative.

→ Le troisième prix (1 500 €), a récompensé un projet de développement de l’hétéro-palpation en gériatrie pour faciliter le dépistage du cancer du sein chez les femmes de plus de 75 ans (hôpital Croix-Rousse, Lyon).

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site : www.prixanydavray.com