À L’IFSI, LA PRÉVENTION, C’EST POUR PETITS ET GRANDS - L'Infirmière Magazine n° 405 du 01/06/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 405 du 01/06/2019

 

ÉTUDIANTS EN SOINS INFIRMIERS

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ÉTABLISSEMENTS

SANDRINE LANA  

Depuis quatre ans, des ESI de Marseille préparent une journée d’ateliers de prévention à destination du grand (et jeune) public. Avant de prolonger l’action hors les murs.

Le hall de l’établissement grouille de blouses blanches, de bambins et d’adolescents. Dans le cadre de leur formation, les étudiantes en soins infirmiers de deuxième année animent, pendant une journée, des ateliers de prévention et de sensibilisation à la santé.

Au premier étage de l’Ifsi La Blancarde, à Marseille, on entre dans la chambre d’hôpital d’un enfant souffrant de gastro-entérite. Des lycéens sont invités à retrouver où se cachent les germes. Après un temps d’observation, ils dénichent facilement les causes de contamination les plus flagrantes. Quatre étudiantes font ensuite remarquer les interrupteurs souillés et les niches à microbes inattendues. Après ce repérage, chacun se lave les mains à l’aide d’un gel hydro-alcoolique et les passe ensuite sous la lampe UV pour identifier les bactéries restantes.

Cerner les publics

Pour préparer leur atelier de prévention, les étudiantes ont recherché du matériel et mis en place une scénographie ludique, sans aucun budget prévu par l’établissement. « Nous avons préparé le contenu durant le dernier semestre, avec nos formateurs référents des unités d’enseignement en santé publique, en éducation à la santé et en prévention. Nous avons également interrogé différents publics pour cerner les thématiques où la prévention était utile », explique une étudiante.

Au total, dix-sept ateliers ont été présentés à quelque 400 participants, principalement des lycéens, collégiens et écoliers, mais aussi aux cadres de santé de l’Hôpital européen, faisant face à l’Ifsi dans le quartier de la Joliette.

Des CM2 avertis

Dans la « chambre de Wendy », Hicham, Amélie, foulard de pirate sur la tête, et leurs collègues, s’attaquent aux dangers des écrans. Une classe de CM2 recherche pourquoi la petite Wendy, 8 ans, poupée couchée dans son lit, a du mal à s’endormir : portable collé au visage, tablettes et télé allumées font réagir les enfants, qui reconnaissent parfois leur quotidien dans la scène. « On a été surpris des connaissances qu’ils avaient déjà en la matière. Ils connaissent par exemple la lumière bleue… En adaptant notre discours, on complète leurs informations », explique Hicham, sous l’œil bienveillant de sa formatrice.

Dans la cabane des enfants perdus, les écoliers discutent des sigles apposés sur les écrans (- 12, - 10) qu’ils connaissent, de la durée préconisée de présence devant les écrans à ne pas dépasser… Sophie Demeusy, cadre de santé formatrice, observe avec contentement ses étudiantes : « Aujourd’hui, elles ont été très bonnes et ont endossé une posture vraiment professionnelle. » C’est elle qui est à l’origine de ces journées annuelles de prévention. « Elles ont bénéficié de quatre-vingts heures de formation avec moi pour être guidées dans la préparation de ces ateliers. C’est un gros investissement de l’équipe pédagogique », note-t-elle. Au rez-de-chaussée, quatre ESI évoquent les douleurs lombaires. Isolé du brouhaha par de minces draps blancs, on apprend à porter des charges lourdes en pliant les genoux, à s’adapter au lit du patient ou à une table trop basse et, finalement, on entre dans des positions yogiques adaptées, à l’étirement des lombaires et des cervicales.

Bientôt le service sanitaire

Tandis que l’événement a lieu depuis quatre ans, cette année amène un changement de taille : les ateliers vont être portés hors les murs, dans le cadre du service sanitaire instauré par la nouvelle stratégie nationale de santé.

Dans les prochaines semaines, 47 000 étudiants futurs professionnels de santé en France auront pour obligation de se former à la prévention, mais aussi d’assurer des interventions à destination du grand public (établissements scolaires, entreprises,…). « Tous les Ifsi sont aujourd’hui obligés de les mettre en place, explique Christophe Baillet, directeur de l’Ifsi La Blancarde. Les étudiantes doivent à présent adapter les ateliers aux différents publics, notamment aux plus petits. »

Les étudiantes seront notées fin avril, à l’issue de leur quatrième semestre, sur un bilan écrit. « C’est comme pour le Salon infirmier, rigole Sophie Demeusy. Elles nous présentent un stand et on leur dit si on l’achète ou pas ! »