Extrapolation des mesures correctives à l’établissement - L'Infirmière Magazine n° 403 du 01/04/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 403 du 01/04/2019

 

FORMATION

DÉMARCHE QUALITÉ

JACQUELINE PILORGET  

CADRE DPI CHU RENNES

La mise en place du dossier patient informatisé a un impact sur les organisations médico-soignantes et met notamment en évidence les pratiques différentes des infirmières, tant au niveau des soins et surveillances réalisés au cours de la prise en charge des personnes soignées que de leur traçabilité.

Accompagner le déploiement du DPI signifie accompagner le changement des pratiques, non seulement dans l’utilisation d’un nouvel outil mais aussi dans la traçabilité des soins réalisés. C’est souvent lors de cette étape que les écarts de pratiques apparaissent entre les équipes et en leur sein même. L’informatisation du processus de soins oblige alors les équipes à se questionner sur leurs pratiques et sur la nécessaire harmonisation de traçabilité afin d’assurer une qualité de continuité des soins et de surveillance du patient.

Malgré ce travail d’uniformisation nécessaire lors du déploiement du DPI, des pratiques individuelles perdurent, qui limitent parfois la lecture globale des soins réalisés et/ou planifiés. Du fait de sa formation et de son parcours professionnel, chaque infirmier a ses propres modèles, ses « habitudes » de surveillance du patient et de traçabilité des soins, même si des protocoles existent au sein de chaque service et au niveau institutionnel.

L’EPP réalisée en orthopédie met en évidence ces pratiques individuelles et apporte des éléments concrets sur les pratiques non homogènes dans le suivi des CVP au sein même de l’équipe. Le travail réalisé avec l’équipe a permis d’interroger également les préconisations institutionnelles, en lien avec l’équipe opérationnelle d’hygiène. Une procédure d’harmonisation de la surveillance des CVP et de la traçabilité dans le DPI a été proposée à l’équipe, puis réajustée après le bilan d’utilisation. Le rôle du cadre de santé est ici essentiel, tant dans la mise en œuvre de la procédure que dans le suivi et l’évaluation. Garant de la qualité des soins dispensés, le cadre est en effet un acteur clé de l’accompagnement des équipes. Il est l’interlocuteur privilégié de l’équipe et le moteur de la réussite de la démarche auprès de chaque infirmière.

Cette démarche a mis en évidence la nécessaire harmonisation des pratiques des équipes soignantes, tant pour la sécurité et la qualité des soins apportés au patient, que pour répondre aux recommandations de bonnes pratiques. Une procédure unique au niveau du service puis au niveau institutionnel limite aussi les risques pour les infirmières, qui sont parfois confrontées à une traçabilité défaillante du suivi des patients, du fait d’organisations complexes et de pratiques professionnelles variées. Elle participe également à limiter la charge mentale, notamment pour les infirmières du service de remplacement : elles n’ont plus à s’interroger sur les pratiques de chaque service. Les pratiques de pose, de surveillance et de retrait des CVP sont uniformisées au niveau institutionnel, de même que la traçabilité et la lisibilité de ces soins dans le DPI.

L’uniformisation de la traçabilité est essentielle car, si aujourd’hui, la saisie des informations dans le DPI est maîtrisée, encore faut-il que ces informations soient faciles à retrouver par l’ensemble de l’équipe médico-soignante, de façon à assurer une continuité adaptée de la prise en charge du patient et des soins de qualité. Une telle étude montre bien l’intérêt des EPP : gain de sécurité et de qualité des soins délivrés à la personne soignée, pertinence des soins et démarche de gestion des risques associés au CVP. Elle a permis également de s’interroger sur les indicateurs de pose, de surveillance et de retrait du CVP à exploiter au niveau institutionnel.

L’harmonisation des pratiques professionnelles est donc un levier pour améliorer la qualité des prises en charge, pour s’assurer de la pertinence des soins, de la planification et de la traçabilité de ces soins. C’est un gain de temps utile pour toute l’équipe. En effet, si le DPI facilite le partage d’informations, il nous oblige aussi à interroger le temps passé à la saisie et à la lecture des données. Optimiser ces étapes permet de libérer du temps pour les soignants, au bénéfice des patients.