UNE PLACE À PART ENTIÈRE - L'Infirmière Magazine n° 399 du 01/12/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 399 du 01/12/2018

 

MÉDECINES ALTERNATIVES

FORMATION

PRISE EN CHARGE

MARIE FUCKS  

Avec 80 % de sa patientèle constituée de femmes atteintes d’endométriose, le Dr Delphine Lhuillery nous fait part de son expérience de l’usage des médecines alternatives dans la prise en charge des douleurs associées à cette maladie.

Une fois les douleurs neuropathiques maîtrisées, je propose aux patientes d’aider leur corps à se libérer de toutes ses tensions douloureuses. Différentes techniques permettent de déverrouiller localement les tissus et de restaurer leur mobilité. Je leur propose l’ostéopathie en première intention pour redynamiser la mobilité des tissus et la circulation sanguine grâce à la fasciathérapie. Il s’agit d’une technique sans “trust” (il ne faut surtout pas faire craquer) qui permet de rendre aux tissus le réflexe de mobilité naturelle.

La mésothérapie (micro-injection sur la peau) a le même objectif en créant, par l’effet de l’aiguille, une réaction réflexe de mobilité des tissus concernés. Elle peut être utilisée en complément ou si la fasciathérapie ne donne pas de résultats satisfaisants. En général, je réserve l’acupuncture aux patientes très fatiguées et qui dorment mal pour renforcer et rééquilibrer globalement les énergies, et conseille la pratique d’une activité physique régulière en “traitement de fond” pour maintenir ce déverrouillage et favoriser un sommeil réparateur. Par ailleurs, concernant l’alimentation, j’informe les patientes que l’immobilité tissulaire du tube digestif rend difficile l’absorption de certains nutriments, en particulier le gluten et le lactose, et qu’il est préférable, tant qu’elles n’ont pas recouvré un mieux-être digestif, de soustraire temporairement les aliments riches en gluten et en lactose. J’évalue au fur et à mesure l’effet de la prise en charge corporelle et si nécessaire, je propose aux patientes de renforcer le mental à l’aide de la sophrologie, la relaxation, la méditation pleine conscience, l’hypnothérapie ou la psychothérapie. Tous ces outils ont globalement une même fonction : augmenter l’action de certaines voies de contrôle de la douleur afin de réduire l’hyperexcitabilité de la réception de la douleur dans le cerveau. Hormis la psychothérapie, que je conseille préférentiellement en cas de contexte très émotionnel, le choix de la pratique va dépendre de la patiente, de sa personnalité, de ce qui l’attire, de sa capacité à faire certains exercices et pas d’autres, seule ou plutôt accompagnée par un thérapeute ou un coach. L’essentiel, comme pour le sport, c’est que les femmes comprennent que ces pratiques nécessitent un entretien quotidien sous forme de petits exercices à faire tous les jours pour en retirer un bienfait tangible. Quant aux médecins, quelle que soit leur spécialité, ils doivent intégrer que la douleur est transversale et que son mécanisme repose sur des nerfs qui dysfonctionnent, des tissus qui s’immobilisent et un cerveau qui “mouline”, et qu’une douleur chronique nécessite une prise en charge globale, donc forcément pluridisciplinaire et ouverte à toutes les techniques susceptibles d’apporter leur contribution antalgique. »