BILAN CONTRASTÉ DES SINISTRES - L'Infirmière Magazine n° 398 du 01/11/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 398 du 01/11/2018

 

RISQUES PROFESSIONNELS

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SÉVERINE CHARON  

La profession infirmière affiche le taux le plus faible de sinistres corporels. Mais cela n’empêche pas les suites pénales…

Chaque année, la MACSF-LéSou médical (1), forte de 475 633 sociétaires, dévoile son rapport. L’assureur, dont le nombre d’adhérents est en hausse, a reçu l’an dernier 4 650 déclarations de sinistres corporels, soit une progression de 4,07 %. Le taux moyen de sinistralité (2) est en hausse également, passant à 1,02 % en 2017, contre 0,99 % en 2016.

La palme revient aux chirurgiens-orthopédistes, avec 375 déclarations et un taux de 61 %. Les médecins généralistes, avec 355 déclarations pour un taux de 1,63 %, sont parmi les plus exposés. Les paramédicaux ne sont pas à l’abri, même si les mises en cause sont très faibles. Le taux de sinistralité est de 0,35 % pour les kinés, tandis que les 112 006 infirmières, avec 58 déclarations en 2017, affichent le taux le plus faible, guère plus de 0,05 %.

Deux IDE au pénal

Mais si les déclarations restent rares, les conséquences pour les IDE (3) peuvent être lourdes. Au civil (411 décisions de justice en 2017), le seul IDE mise en cause, parmi les 734 professionnels et 48 % de décisions défavorables, a été condamné. Au pénal (12 décisions de justice), on compte deux infirmières parmi les 13 personnes condamnées.

La première a été sanctionnée pour blessure involontaire dans le cadre d’une administration de médicament qu’elle n’a pourtant pas réalisée directement. Ses consignes ont été mal comprises par une élève sage-femme de 1re année, qui a confondu deux patientes et donné du Cytotec prévu pour un curetage à une personne venue pour un cerclage. Elles ont toutes deux été jugées responsables d’avoir provoqué la fausse couche.

La deuxième IDE a été condamnée pour homicide involontaire, après un décès lié à un hématome cérébral occasionné par un pansement compressif. On lui a reproché de ne pas avoir appelé le médecin qui avait réalisé ce pansement, lui-même condamné pour ne pas avoir laissé assez de consignes. À noter : la justice a relevé dans les deux cas que le défaut de communication entre les professionnels n’exonérait personne de sa responsabilité.

1- Mutuelle d’assurance du corps de santé français. Rapport à lire en ligne sur : bit.ly/2CSDmpd

2- Nombre moyen de déclarations de sinistre pour 100 sociétaires.

3- Sept plaintes au pénal, onze procédures civiles, quatre procédures ordinales, vingt-trois réclamations amiables et treize saisines d’une commission de conciliation et d’indemnisation (CCI) des accidents médicaux en 2017.