LE BLOC DEVIENT ÉCOLO - L'Infirmière Magazine n° 395 du 01/07/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 395 du 01/07/2018

 

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

ACTUALITÉS

COLLOQUES

Adrien Renaud  

Et si on parlait développement durable au bloc ? Une conférence des 35es journées d’étude et perfectionnement de l’Unaibode(1), organisées mi-mai à Paris, s’est penchée sur la question.

Éclairage, tenues, matériel… Au bloc, le bleu domine les autres couleurs. Mais de nombreuses voix s’élèvent pour introduire dans cet univers monochrome une nuance de vert. Ainsi, lors des 35es journées nationales d’étude et de perfectionnement de l’Unaibode, les participants ont pu assister à une conférence sur le développement durable.

« On estime que les établissements de santé représentent 15 % de la consommation d’énergie du secteur tertiaire », expliquait Catherine Souquet, Ibode à l’institut Gustave-Roussy (IGR) de Villejuif (94), qui s’est impliquée dans un projet de promotion du développement durable dans son hôpital. « Dans les établissements de santé, les blocs opératoires consomment 20 % de l’énergie, c’est énorme », poursuit-elle. D’autant plus que s’ajoute la question des déchets, dont les blocs sont de très gros producteurs.

Des gaz polluants

Malheureusement, il n’y a pas que l’énergie et les déchets. Les gaz anesthésiques contribuent eux aussi fortement à l’effet de serre. Le principal accusé est le desflurane (dont le potentiel de réchauffement est 2 250 fois supérieur à celui du CO2), mais il n’est pas seul. « Résultat : chaque fois qu’un patient entre au bloc, c’est l’équivalent d’un aller-retour Paris-Lyon en voiture qui est émis », résumait le Dr Jane Muret, anesthésiste à l’Institut Curie et pilote du projet “développement durable” de la Société française d’anesthésie-réanimation (Sfar).

« Une lutte au quotidien »

Dans ces conditions, impossible de rester les bras croisés. Des initiatives sont d’ailleurs en train de voir le jour. Le bloc de l’IGR s’est par exemple engagé depuis 2009 dans une démarche volontariste de diminution de son empreinte écologique, détaillée par Catherine Souquet : tri drastique des déchets, lutte contre le gaspillage… « C’est une lutte au quotidien », résume l’Ibode.

Il est également possible d’agir sur la question des gaz. « Lorsque je travaillais à l’IGR, nous avions réussi à diminuer la prescription de desflurane, ce qui a fait économiser 43 tonnes équivalent carbone », se souvient Jane Muret. Autant de bonnes idées résumées dans un Guide pratique du développement durable au bloc opératoire, ouvrage réalisé par la Sfar et le Comité pour le développement durable en santé (C2DS) que l’on peut commander sur le site de ce dernier(2).

1- Union nationale des infirmières de bloc opératoire.

2- À consulter sur : bit.ly/2s5esMb