PROTOCOLES BIEN HUILÉS - L'Infirmière Magazine n° 394 du 01/06/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 394 du 01/06/2018

 

AROMATHÉRAPIE

ACTUALITÉS

SALON INFIRMIER

Hélène Colau  

Depuis 2016, les Hôpitaux civils de Colmar (68) apaisent les patients du bloc d’orthopédie-traumatologie et de neurochirurgie avec des huiles essentielles.

Dès l’arrivée au bloc, l’infirmière d’accueil propose au patient un diffuseur ou un mouchoir imbibé d’huiles essentielles, qui l’accompagne jusqu’en salle d’intervention. Le but : créer une ambiance olfactive apaisante, aux propriétés anxiolytiques. « Dans un univers technique, cela offre une dimension personnalisée du soin », souligne Catherine Maranzana, infirmière dans le service d’onco-hématologie des Hôpitaux civils de Colmar (68), à l’origine du projet. C’est un peu par hasard que celle qui s’intéressait depuis longtemps à l’Aromathérapie a eu l’idée de l’expérimenter au travail. « En 2010, j’ai commencé à utiliser des huiles essentielles pour contrer les mauvaises odeurs au sein du secteur stérile, se souvient-elle. On a réalisé que cela avait un effet positif sur les patients. » L’infirmière décide d’étudier les vertus médicinales de ces huiles, grâce à une formation à distance. C’est ainsi qu’elle apprend qu’elles soulagent angoisses et nausées… Des applications plus qu’intéressantes pour ses patients. « J’ai donc présenté un projet à mon médecin chef et à ma cadre, qui ont été emballés. »

Les patients satisfaits

L’expérimentation est lancée, de façon très cadrée. C’est la pharmacie qui achète les huiles essentielles et les équipes suivent des protocoles stricts. Deux techniques sont à l’œuvre : des sticks imbibés d’huiles que les patients peuvent humer ou des mélanges à base d’huiles végétales, en application cutanée. Les indications sont nombreuses : nausées chimio-induites, troubles du sommeil, stress… En 2013, le projet est institutionnalisé. Il s’étend à la gérontologie, l’anesthésie, la pédo-psychiatrie… Aujourd’hui, une trentaine de services sont concernés. Pour chacun, un protocole a été élaboré. « Je constitue un dossier personnalisé, étayé par des études et je le soumets aux chefs de service », détaille Catherine Maranzana, qui a complété sa formation par un DU d’aromathérapie clinique, en 2014. Elle veut former toutes les équipes autour d’elle, un objectif qui devrait être atteint d’ici deux à trois ans.

Si les Hôpitaux civils sont désormais convertis à l’aromathérapie, c’est que l’évaluation de son efficacité et de la satisfaction des patients, menée grâce à des questionnaires, a été positive. « 80 % des patients de cancérologie poursuivent l’usage chez eux, souligne l’infirmière. Nous avons aussi constaté une diminution de la consommation d’anxiolytiques, de somnifères et de certains antiémétiques. » Au total, l’efficacité varie entre 65 et 80 %, tandis que le taux de satisfaction s’établit à 83 %.