De la théorie à la pratique - L'Infirmière Magazine n° 394 du 01/06/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 394 du 01/06/2018

 

FORMATION

BONNES PRATIQUES

L’approche sensori-motrice (ASM) et le bilan sensori-moteur (BSM) interviennent dans le soutien et l’évaluation du développement et des acquisitions, chez l’enfant ou l’adulte.

1. L’APPROCHE SENSORI-MOTRICE

« Le développement de l’enfant est un processus et non un état », disait André Bullinger. La période sensori-motrice, située entre la naissance et 24 mois, est généralement considérée comme le soubassement du développement psychomoteur, affectif et cognitif. Durant cette période, et sur la base des systèmes sensoriels et proprioceptifs, l’enfant construit les premières représentations de son corps et du monde. Les difficultés liées à cette période entraînent des perturbations importantes, qui peuvent s’exprimer de plusieurs formes.

Les difficultés sensori-motrices peuvent entraîner des perturbations importantes dans le développement de la personne. Cela se manifeste au quotidien au niveau :

– de difficultés de régulation tonique pour un bébé prématuré ou un jeune infirme moteur cérébral ;

– de troubles relationnels et de comportement pour un adulte ou un enfant présentant un autisme ;

– de troubles de l’organisation spatiale pour une personne présentant un déficit sensoriel ou praxique.

L’ASM permet aux professionnels et aux parents d’intervenir en soutenant le développement et les acquisitions. Elle s’intéressera notamment à :

– penser l’installation (dans les bras, au sol, à la table) ;

– réfléchir aux appuis lors de postures facilitatrices (proposer des mises en formes corporelles) ;

– prendre en compte les éléments du milieu, tels que la luminosité, l’acoustique, etc.

2. LE BILAN SENSORI-MOTEUR

Le bilan sensori-moteur (BSM) est un outil d’évaluation globale qui vise à identifier des compétences motrices, posturales et sensorielles dans une perspective cognitive, émotionnelle et relationnelle.

C’est une approche issue de la psychologie du développement. Elle met l’accent sur les dimensions sensori-motrices et tonico-émotionnelles de l’évolution d’une personne.

→ Le BSM repose sur des mises en situation globales ou spécifiques afin d’explorer plusieurs domaines :

– l’organisation des systèmes sensori-moteurs ;

– les systèmes sensoriels ;

– la régulation tonico-émotionnelle ;

– l’organisation posturale (les troubles du redressement et de l’enroulement) ;

– la motricité globale ;

– la représentation de l’organisme ;

– l’oralité ;

– l’organisation praxique ;

– la structuration spatiale ;

– la graphomotricité.

Le BSM aide à comprendre les processus du développement, les modes d’organisation et potentialités d’une personne. Il cherche à mettre en évidence les moyens dont elle dispose pour interagir avec son environnement. Cet outil, novateur, est complémentaire aux outils traditionnels d’évaluation clinique.

→ À qui s’adressse-t-il ? Le BSM est destiné à des prématurés, des nourrissons, des enfants, des adolescents ou des adultes, en souffrance pour des causes très diverses. Pour les mineurs ou majeurs dépendants, il est réalisé en présence des parents.

Cette évaluation fait partie des outils de prévention proposés dans le cadre des soins de soutien au développement en néonatalogie.

Sont concernés par le bilan :

– la personne pour qui l’examen est demandé : il permet de définir des pistes thérapeutiques adaptées à son niveau de compétences et à ses potentialités (approches spécifiques) ;

– la famille : le bilan l’aide à se représenter différemment les difficultés de la personne et à modifier ou préciser son accompagnement dans la vie de tous les jours ;

– les professionnels : le bilan aide à la précision de certaines prises en charge déjà en cours, ainsi qu’à la mise en œuvre de nouvelles.

→ Le BSM est effectué en présence des parents, des représentants légaux et/ou des référents institutionnels (médecins, infirmiers, puéricultrices, éducateurs, psychomotriciens, psychologues, orthophonistes, kinésithérapeutes, etc.) avec l’accord des parents. Ces regards croisés enrichissent la compréhension du processus développemental du patient, ses compétences et ses difficultés pour penser et appliquer au mieux des pistes thérapeutiques.

Extrait du site www.absm-andre-bullinger.com(1)

1- Reproduit avec l’autorisation de l’Association des praticiens diplômés du bilan sensori-moteur André-Bullinger. D’après Le développement sensori-moteur de l’enfant et ses avatars, un parcours de recherche, tome 1, André Bullinger, Éditions Erès, 2016 (1re édition, 2004).

BSM

Une charte pour la passation

Une charte a été élaborée définissant les règles de passation du bilan sensori-moteur (BSM) par les praticiens diplômés. Il s’agit d’un code de déontologie pour les membres de l’Association des praticiens diplômés du BSM. Elle a donc une valeur contraignante pour ces derniers.

→ Pour être appelé BSM André-Bullinger®, le bilan doit notamment être effectué dans son intégralité par un praticien diplômé suivant le protocole établi par André Bullinger.

→ D’une durée évaluée à dix heures de travail, le BSM doit être filmé et effectué en présence des parents, des représentants légaux et/ou référents institutionnels (éducateurs, psychomotriciens, psychologues, orthophonistes, médecins, kinésithérapeutes, etc.) avec l’accord des parents.

→ Un entretien non filmé suit immédiatement la passation du BSM. Le rapport écrit est remis aux parents après le bilan. Ils ont le choix de le transmettre aux professionnels concernés. Un entretien supplémentaire peut être proposé pour répondre aux questions de parents concernant le rapport.