RESPECTONS DÉJÀ LA LOI EXISTANTE | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 393 du 01/05/2018

 

EUTHANASIE

ACTUALITÉS

FOCUS

Héloïse Rambert  

Une pétition a été lancée par des IDE et aides-soignantes à l’intention des députés qui veulent légiférer sur l’euthanasie. Selon elles, le « mal-mourir » français est dû à un mépris de la loi existante sur la fin de vie.

Elles n’en peuvent plus de se voir confisquer la parole par des politiques qu’elles jugent « déconnectés de la réalité ». Un collectif de onze aides-soignantes et IDE en soins palliatifs a adressé une pétition aux députés qui entendent légiférer sur la fin de vie et l’euthanasie. « S’occuper des patients en fin de vie, c’est notre métier au quotidien. C’est à nous de nous exprimer », affirme Marion Broucke, IDE en unité de soins palliatifs à l’hôpital Paul-Brousse (Villejuif), à l’origine de la pétition(1).

Elle s’agace d’entendre les militants désinformer sur la réalité de la fin de vie et brandir l’euthanasie comme la solution au mal-mourir : « Oui, on meurt mal en France. Mais pas à cause de la loi Claeys-Leonetti. À cause de son non-respect. »

L’urgence de la formation

Pour elle, l’urgence est de mieux former le personnel soignant aux soins palliatifs, à l’hôpital, en Ehpad ou en ville. « Certains médecins refusent de prescrire de la morphine à des malades atteints de cancer… Il demeure dans nos hôpitaux une incompétence et, parfois, pire, une certaine indifférence par rapport aux soins palliatifs », poursuit-elle.

Le collectif dénonce aussi une obstination déraisonnable qui perdure, générant des situations insensées et des dépenses publiques énormes. « Nous voyons arriver des malades cancéreux agoniques chez qui on a arrêté la chimiothérapie, la veille », se désole Marion Broucke.

Avec cette pétition, les infirmières, qui s’estiment « réduites à un rôle purement technique et considérées comme des subalternes » face à une « forme de toute-puissance médicale », veulent « être reçues par les députés et intégrées au groupe de réflexion de l’Assemblée nationale », annonce Marion Broucke. Car elles le savent d’expérience : si les soins palliatifs sont bien adaptés, les demandes d’euthanasie tendent à disparaître. « Nous voudrions que les familles des patients qui ont connu les soins palliatifs puissent témoigner. Il faut que les politiques comprennent que la priorité est de faire respecter la loi dont nous disposons. Ensuite, on pourra rediscuter de l’euthanasie. »

1- Pétition en ligne : bit.ly/2GwozCQ.