ACTION, CICATRISATION ! - L'Infirmière Magazine n° 391 du 01/03/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 391 du 01/03/2018

 

BONNES PRATIQUES

ACTUALITÉS

COLLOQUES

Caroline Bouhala  

Le Dr Sylvie Meaume, gériatre-dermatologue(1), a fait le point, lors des Journées Cicatrisations 2018, sur les conseils destinés aux patients afin de prévenir les cicatrisations pathologiques.

Commençons par le nettoyage de la plaie. « Aujourd’hui, toutes les sociétés savantes recommandent de ne pas utiliser d’antiseptiques sur les plaies, même les plaies traumatiques, explique le Dr Sylvie Meaume. Il faut uniquement de l’eau et du savon. » La plaie doit ensuite être séchée en la tamponnant avec un linge propre et doux, sans frotter. Ces étapes sont les seules recommandées le temps de la cicatrisation, « qui prend huit jours sur le visage et deux à trois semaines sur le reste du corps ».

Pansements bien pensés

Bandes, hydrocolloïdes découpés à la taille de la cicatrice, etc., ces pansements occlusifs non siliconés auraient un rôle préventif s’ils sont utilisés après une incision chirurgicale de routine chez des patients à risque (jeunes, avec antécédents personnels ou familiaux) en réduisant le risque de cicatrices hypertrophiques. Ils sont à poser après le retrait des points, le long de la cicatrice. « C’est important de ne pas barrer les lignes de tension mais de les suivre, explique le Dr Meaume. L’erreur la plus classique consiste à mettre des pansements beaucoup trop larges et dans le mauvais sens. »

Hydrater et protéger

Une fois que la plaie est bien fermée et que les points ont été retirés, éventuellement après le recours aux bandes non siliconées, suivent l’hydratation et la protection solaire. Des soins importants pour la prévention de la survenue de cicatrices pathologiques. L’hydratation doit être réalisée trois à quatre fois par jour à l’aide d’une crème hydratante hypo-allergénique. « Sur ce marché en plein expansion, on trouve énormément de produits avec des mécanismes d’action souvent peu clairs. » Face au manque de preuves cliniques, le Dr Meaume rappelle une règle essentielle : « Ne pas nuire et utiliser des produits un peu sécurisés, qui ont au moins été vérifiés sur le plan de leur innocuité, leur hypo-allergénicité. » Concernant la durée de leur application, « tant que leur cicatrice n’a pas la couleur de la peau alentour, le patient doit continuer à l’hydrater et à la protéger du soleil ». Selon la littérature, il est recommandé de poursuivre une protection solaire durant au moins un an.

Des massages bienfaisants

Une fois que la cicatrise est bien fermée, qu’elle ne suinte plus et qu’elle n’a plus besoin de pansement, des massages légers peuvent être envisagés. « Masser doucement la cicatrice cinq minutes matin et soir en faisant des petits massages circulaires lors de l’application de la crème. Cela permet d’assouplir un peu la cicatrice et d’éviter les adhérences en profondeur », explique le Dr Meaume. À faire pendant un mois environ.

Les signes qui alertent

Le Dr Meaume recommande enfin aux patients de revenir consulter face à une cicatrice qui deviendrait hypertrophique, qui serait un peu dure ou qui semblerait très inflammatoire. Dans ce cas, d’autres techniques pourront alors être mises en place comme, par exemple, la prescription de palper-rouler ou de la compression…

1- Sylvie Méaume est également vice-présidente de la Société française et francophone des plaies et cicatrisations (SFFPC).

PLAIES AIGUËS

Les bonnes pratiques se mettent à jour

Publié en septembre 2017 et présenté aux Journées Cicatrisations 2018, le nouveau référentiel de bonnes pratiques sur la prise en charge des plaies aiguës en structure d’urgence a été réalisé par cinq sociétés savantes. « Il fallait sortir de certaines habitudes », a expliqué le Dr Hugues Lefort, membre de la direction scientifique et médecin en chef des urgences dans un hôpital militaire à Metz (57), citant par exemple l’usage trop fréquent des antiseptiques : « Leur recours doit être raisonné et raisonnable. » Le document fait donc le point sur la place de l’antisepsie dans les plaies aiguës mais explique aussi quand l’antibiothérapie est nécessaire. D’autres recommandations y sont détaillées, comme le délai avant la fermeture d’une plaie, auparavant de six heures. « Dès que la plaie est ouverte et accessible à un lavage de qualité, il n’y a plus de délai », informe le médecin, qui précise néanmoins qu’au-delà de douze heures, c’est selon l’avis médical idoine.

Référenciel à télécharger : bit.ly/2ENdN7c