Prévenir la récidive - L'Infirmière Magazine n° 389 du 01/01/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 389 du 01/01/2018

 

FORMATION

PRISE EN CHARGE

Aurélie Gay  

Après un premier épisode lithiasique, une surveillance régulière du patient s’impose, compte tenu du risque important de récidive. Les conseils hygiéno-diététiques occupent une place de choix dans la prévention.

Comme nous l’avons déjà vu, le taux de récidive de la colique néphrétique lithiasique est important. Après le premier épisode lithiasique, il est environ de 15 % à un an, 35 % à cinq ans et de 50 % à dix ans. Le but ultime de cette prise en charge médicale est de stabiliser l’évolution de la maladie lithiasique et de prévenir les récidives. Elle repose sur une enquête étiologique systématique pour chaque patient, dès le premier épisode, et nécessite une synthèse des données cliniques, radiologiques et biologiques centrée sur l’analyse du calcul.

Analyse du calcul

L’analyse de la nature du calcul est l’élément le plus important de l’enquête étiologique. La récupération du calcul après expulsion spontanée ou traitement urologique doit être une priorité pour le patient, comme pour le praticien.

Bilan métabolique

Près de 80 % des calculs sont liés à des apports hydriques insuffisants et à de mauvaises habitudes alimentaires qu’il faut savoir dépister et corriger. Ainsi, la prise en charge métabolique et diététique d’un patient lithiasique est essentielle pour prévenir la récidive.

→ L’exploration de première intention s’adresse à tout patient y compris en cas de premier calcul. Elle doit être réalisée en externe, à distance (quatre à six semaines) de toute manifestation clinique (colique néphrétique) ou manœuvre thérapeutique (lithotritie extracorporelle, endoscopie ou chirurgie) et dans les conditions habituelles d’activité et d’alimentation du patient.

→ Bilan sanguin et urinaire de première intention

• Volume urinaire : le recueil des urines de vingt-quatre heures permet d’évaluer la diurèse quotidienne. Elle doit être au minimum de deux litres par jour.

• Calciurie : l’hypercalciurie est l’anomalie métabolique la plus fréquemment rencontrée en cas de lithiase calcique et justifie à elle seule une exploration approfondie par l’urologue ou le néphrologue.

• Urée urinaire et apport en protéines animales : l’urée urinaire est le reflet de l’apport en protéines animales (viande ou poisson). Au-delà de 1 g/kg par jour, l’apport en protéines est considéré comme excessif.

• Sodium urinaire : idéalement, il ne faudrait pas dépasser 6-7 g de sel par jour, soit 150 mmol/jour de sodium (Na) urinaire.

• Densité urinaire : mesurée sur les urines fraîches du matin. La diurèse nocturne est considérée insuffisante si la densité urinaire au réveil est supérieure à 1 025 g/mL. Il est alors conseillé de mieux répartir la prise de boissons au cours de la journée en favorisant les prises au coucher ou lors des réveils nocturnes.

• pH urinaire : il doit être compris entre 6 et 7.

• Diététique et lithiase rénale : voir ci-contre.

INFORMATION AU PATIENT

Conseils diététiques

Boissons :

→ Boire en quantité suffisante : deux litres par jour, plus s’il fait chaud ou en cas de pratique d’une activité physique, en répartissant régulièrement les boissons. Objectif : une diurèse > 2 litres par jour.

→ Tous les liquides sont autorisés : la quantité des boissons est plus importante que la qualité. Deux verres de jus d’oranges pressées sont conseillés. À consommer avec modération : le thé trop fort, les boissons sucrées ou salées, le lait, la bière, l’alcool.

Alimentation : les excès de calcium, sel, sucre, protéines animales, oxalate et acide urique favorisent la formation des calculs.

→ Apports en calcium : ils doivent être de 800 mg à 1 g par jour, soit deux à trois portions de produits laitiers par jour, selon la quantité de calcium de l’eau (voir étiquette).

→ Apports en sel : limiter les aliments et les repas trop salés (charcuterie, plats préparés), ne pas ajouter de sel à table.

→ Protéines animales : pas plus de 150 g de viande ou de poisson par jour.

→ Les aliments riches en oxalate doivent être consommés avec modération, en particulier le chocolat et le cacao.

→ La vitamine C en grande quantité (500 mg à 1 g) est déconseillée.

→ Acide urique : limiter les aliments en apportant (charcuterie, abats, gibier, certains poissons et les fruits de mer).

→ Consommer régulièrement des fruits et des légumes.

→ En cas de calculs d’acide urique, une eau alcaline riche en bicarbonate est conseillée.

Source : « Fiches d’information patient », Comité lithiase de l’Association française d’urologie.