INFIRMIÈRE EXPERTE EN PLAIES ET CICATRISATION EXERÇANT AU SEIN DE L’ÉQUIPE MOBILE PLAIES ET CICATRISATION DU CHU DE BORDEAUX ET PRATIQUANT LA TÉLÉMÉDECINE DEPUIS 2012 - L'Infirmière Magazine n° 387 du 01/11/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 387 du 01/11/2017

 

RENCONTRE AVEC MARTINE BARATEAU

CARRIÈRE

PARCOURS

A. VION  

Je me suis toujours intéressée aux plaies. Dès l’Ifsi, j’ai choisi d’écrire mon mémoire sur les escarres. Puis j’ai travaillé auprès des brûlés, cela a confirmé mon choix. » Martine Barateau intègre le pôle gérontologie clinique du CHU de Bordeaux en 1985. Elle passe un diplôme universitaire (DU) Soins infirmiers des personnes âgées en 1991, puis se lance dans la recherche. Ce qui l’intéresse : encore et toujours les escarres ! Elle étudie en particulier les liens avec l’alimentation dans le cadre d’un programme de recherche clinique. En 2000, elle décroche un DU Plaies et cicatrisation à Paris. Avec le soutien du Pr Nathalie Salles (chef de pôle gérontologie du CHU de Bordeaux), l’infirmière participe à la création de ce même DU à l’université de Bordeaux en 2007. Elle y dispense actuellement toujours des cours.

Depuis 2012, Martine Barateau pratique la télémédecine. Une nouvelle façon de prendre soin qui la séduit : « Surtout en gériatrie, car elle permet de répondre à plusieurs problèmes, notamment pour les personnes âgées qui présentent des polypathologies et qui sont difficilement transportables. La télémédecine peut aussi être une réponse aux déserts médicaux, estime l’IDE. On peut aller partout. C’est une porte ouverte sur plein de choses… » Preuve que cette nouvelle pratique fonctionne et répond à un vrai besoin : le nombre d’Ehpad partenaires est passé de six au départ à 50 aujourd’hui.

→ Infimière « article 51 ». Comment fonctionne ici la télémédecine ? « Lorsqu’un Ehpad a une difficulté avec une plaie d’un résident, il fait une demande de consultation sur notre plateforme. Le jour du rendez-vous, nous nous connectons de part et d’autre. Pour une première consultation, je suis aux côtés d’un médecin. Ensuite, je peux faire du télésuivi seule, grâce à un protocole de coopération, qui m’autorise en vertu de l’article 51 de la loi HPST(3), à réaliser certains actes », explique Martine Barrateau. Un protocole pour lequel l’infirmière a dû batailler ferme pour qu’il soit validé par l’Agence régionale de santé : « Cela m’a pris trois ans. Ce fut très laborieux. »

Une téléconsultation dure en moyenne une heure (quarante-cinq minutes de direct et quinze de compte-rendu), un télésuivi une demi-heure. « Ce qui est intéressant avec la télémédecine, c’est que l’on s’immisce dans le lieu de vie du patient. Avec la caméra, on peut voir comment il est installé dans son fauteuil ou dans son lit, on peut voir ses chaussures. Cela nous permet de mieux comprendre certaines choses. On peut aussi échanger avec les soignants de l’Ehpad. Il m’arrive, selon les problématiques, de demander à parler à l’ergothérapeute, au cuisinier de l’Ehpad ou à la famille. Cette qualité d’échange, on ne l’a pas quand on voit les patients au centre hospitalier », détaille l’IDE experte.

→ Des protocoles de soins mieux suivis. La présence et les échanges avec l’équipe soignante offrent bien des avantages : « La télémédecine constitue un superbe moyen de formation pour les soignants. Je leur explique des techniques spécifiques de pansement, je leur donne des idées pour faire manger un patient qui n’a pas d’appétit… C’est très formateur pour les infirmières et les aides-soignantes de l’Ehpad. Je constate que le protocole de soins est largement mieux suivi que lorsqu’il est réalisé au pied du malade. Et je comprends pourquoi : parce que mes recommandations sont discutées en direct et que j’essaie de m’adapter au résident et à l’établissement. »

Si Martine Barateau croit fermement aux vertus de la télémédecine, reste le problème de la rémunération. « C’est beaucoup de temps personnel pour le moment. J’attends avec impatience la reconnaissance des infirmières article 51. Si l’on me proposait de faire de la télémédecine à 100 %, j’accepterais tout de suite, il y a tellement d’échanges avec les patients et les soignants. »

  • 1- Projet de recherche en soins infirmiers « Étude multicentrique infirmière évaluant l’intérêt d’un soutien nutritionnel dans la prévention des escarres chez la personne âgée à risque ».

  • 2- Mission d’expertise « Incidence du suivi nutritionnel et comportemental sur l’apparition des escarres et des infections nosocomiales ».

  • 3- Loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires.

MOMENTS CLÉS

1979 : Diplôme d’État infirmier.

1991 : DU Soins infirmiers des personnes âgées (Bordeaux).

1993-1995 : Projet de recherche en soins infirmiers (PHRC Bordeaux)(1).

1996-1998 : Mission d’expertise (financée par le ministère de la Santé)(2).

1997 : DU évaluation qualité en médecine (Bordeaux).

2000 : DU Plaies et cicatrisation.

2008 : European Academy of Wound Therapy.