Fédérer avec le tri - L'Infirmière Magazine n° 387 du 01/11/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 387 du 01/11/2017

 

INITIATIVE

DOSSIER

L’Ehpad Simon-Bénichou, à Nancy (54), a intégré une démarche d’éco-responsabilité de 34 actions à son projet d’établissement et une réflexion sur les déchets, générant de nombreuses économies.

Tout a commencé avec un poulailler. Son installation, avec six gallinacées, marque le début de la démarche éco-responsable de l’Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) Simon-Bénichou. Un établissement, géré par l’association œuvre israélite de secours aux malades, qui accueille 67 résidents, pour un effectif de 45 personnes. «  C’est la convergence de quatre facteurs - amener la campagne à la ville, réduire les déchets alimentaires, avoir des animaux sur place et répondre à un appel à projets du département de Meurthe-et-Moselle - qui a lancé le projet, souligne Emmanuelle Dietsch, la directrice. Le processus s’est enclenché avec la constitution d’un comité de pilotage pluridisciplinaire(1) dédié à l’éco-responsabilité, dans le cadre du projet d’établissement 2016-2020. Avec la création de ce Copil, nous avons affirmé qu’un plan collectif était nécessaire pour mettre en place des mesures qui aient des effets sur les pratiques professionnelles.  »

Un projet collectif

Depuis, les actions s’enchaînent. Le personnel a notamment été formé au tri des déchets en juin 2015, avec le Grand Nancy. «  Le comité de pilotage est un véritable laboratoire d’idées, les gens ont vraiment adhéré au projet car ils y ont été associés dès le départ, et nous avons réellement réduit nos ordures », précise Martine Lemoine, cadre de santé. Papier, ampoules, bouchons, contenants plastiques et cartonnés, cartouches d’encre et toners, déchets d’équipements électriques et électroniques, déchets d’activités de soins à risques infectieux (Dasri), verre, textile, piles, aluminium, boîtes de médicaments, déchets verts et même stylos et mégots, font aujourd’hui l’objet d’une filière de tri grâce à de nombreux partenariats. Ainsi, en 2017, l’établissement a enregistré 16,7 % de déchets ménagers en moins, une hausse de 341 % du tri, 210 litres de déchets compostés et 64 kg de papiers récoltés. Le tout entraînant une économie substantielle de 25 % du coût de gestion des déchets. Des résultats probants, même si la directrice reste modeste. «  Nous sommes une petite structure et nous avançons pas à pas. L’objectif est de prioriser et pérenniser les actions. Nous veillons vraiment à intégrer les professionnels, mais aussi les résidents et leurs familles. C’est une des clés de la réussite. » Tout est fait pour inciter chacun à avoir les bons gestes. Les bacs situés à chaque étage du bâtiment y contribuent. Les résidents viennent ainsi parfois eux-mêmes y apporter leurs contenants.

Moins de plastique

Parfois, l’initiative vient directement des soignants. C’est le cas pour les plastiques. «  Nous avons travaillé sur la réduction des contenants plastiques afin de les remplacer par d’autres, durables et réutilisables, notamment pour la distribution des médicaments, explique Amélie Beauregard, infirmière référente du projet éco-responsable. Nous avons supprimé les bouteilles en plastique en salle des repas et introduit des carafes en polycarbonate (plastique dur) avec couvercle sur les tables. Nous avons aussi supprimé les gobelets et les cuillères en plastique à l’infirmerie. » Ce changement, même s’il est bien accepté, implique de remplir et vider le lave-vaisselle plusieurs fois par jour, et donc de la manutention supplémentaire pour les agents de service. Pour les plastiques, tout n’est pas encore optimal puisque dans les chambres, les bouteilles demeurent.

Cette démarche, qui s’appuie sur la bonne volonté du personnel, essaime. Depuis 2016, des bacs de compostage sont installés et partagés à l’échelle du quartier. Ils permettent ainsi les relations avec les habitants. Et bientôt, un deuxième site de compostage verra le jour. «  On s’inscrit dans la vie de la cité, cette ouverture vers l’extérieur est importante pour les résidents, elle favorise les échanges pour nous tous », confie Martine Lemoine.

1- Une équipe composée d’une directrice d’établissement, d’un responsable assurance qualité, d’un cadre de santé, d’un psychologue, d’une IDE, d’une gouvernante des services hôteliers, de responsables d’animation, de cuisiniers, d’un agent de service, de deux représentants de familles de résidents et deux résidentes.

1 - Une équipe composée d’une directrice d’établissement, d’un responsable assurance qualité, d’un cadre de santé, d’un psychologue, d’une IDE, d’une gouvernante des services hôteliers, de responsables d’animation, de cuisiniers, d’un agent de service, de deux représentants de familles de résidents et deux résidentes.