La consultation : où et avec qui ? - L'Infirmière Magazine n° 386 du 01/10/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 386 du 01/10/2017

 

FORMATION

PRISE EN CHARGE

C. M.*   Danielle Gaudry**  


*médecin gynécologue-obstétricien, au CPF de Créteil (94)

Beaucoup de femmes ignorent que l’on peut avoir une contraception en dehors du cabinet d’un médecin gynécologue. Panorama des professionnels et des structures dédiées.

Adopter une contraception qui convient n’est possible qu’à condition d’avoir les informations adéquates. Il est parfois nécessaire de changer d’interlocuteur quand on est insatisfait de la prise en charge (pas d’écoute, argument péremptoire) ou quand on a une demande spécifique (pose de DIU, implant…).

Les professionnels libéraux

Trouver la personne avec qui on va se sentir en confiance n’est pas toujours simple. Le conseil : au moment de prendre rendez-vous, demander au secrétariat « Monsieur (ou Madame) Untel pose-t-il les implants, les stérilets ? Accepte-t-il de le faire chez les mineurs ? Est-ce qu’il fait un examen gynécologique systématique ? » On évitera alors les déconvenues… Devant certaines expériences malheureuses, des femmes ont créé sur le site Internet collaboratif gynandco.wordpress.com une liste de soignants classés par catégorie (pose DIU nullipare, accompagnement stérilisation volontaire, accessible fauteuils). Par une étiquette en anglais (lesbianfriendly, transfriendly…), il est aussi spécifié s’ils accueillent avec bienveillance les femmes lesbiennes, bisexuelles, transsexuelles, racisées, en surpoids, ne désirant pas d’enfants, toxicomanes… En outre, on peut retrouver, pour chaque praticien, les commentaires des femmes ayant renseigné les informations.

→ Les médecins gynécologues-obstétriciens : ils sont surtout formés à la pathologie de l’appareil génital féminin et au suivi de la grossesse mais ils sont aussi les interlocuteurs les plus fréquents des Françaises en matière de contraception. Leur formation fait qu’ils ont souvent une vision de la contraception axée sur l’efficacité des méthodes. La diminution du nombre de gynécologues en ville contraint les femmes à s’adresser à d’autres professionnels.

→ Les médecins généralistes : les femmes sont plus ou moins à l’aise avec l’idée de consulter le médecin de famille pour une contraception, en particulier les mineures. Il est utile de rappeler qu’il est tenu au secret médical. De nombreux médecins généralistes, formés pour cela (diplôme universitaire), prescrivent la contraception, posent des DIU et des implants.

→ Les sages-femmes peuvent assurer, depuis 2009, le suivi gynécologique, prescrire tout type de moyen de contraception (et même pratiquer des IVG médicamenteuses). Et la consultation ne coûte que 23 € ! Ces compétences sont mal connues et le public est parfois en peine pour trouver une sage-femme libérale. Il suffit de consulter les pages jaunes.

Les organismes de planification

Historiquement, les premiers centres de planification ont été créés par le Mouvement français pour le planning familial, communément appelé « Planning familial », association dédiée aux droits des femmes et dont le premier objectif fut d’obtenir le droit à la contraception. La loi Neuwirth autorise ainsi, en 1967, la contraception et crée des structures spécifiques pour informer le public, qui ont toutes la particularité d’employer des conseillères conjugales et familiales : les établissements d’information, de consultation et de conseil familial (EICCF) et les centres de planification ou d’éducation familiale (CPEF). Ces structures s’adressent à tous, en particulier aux mineurs et aux populations défavorisées. Si leur origine est commune, leurs fonctionnements sont bien distincts.

→ Les EICCF : en 2010, on recensait 391 EICCF en France, directement financés par l’État et gérés principalement par des réseaux associatifs féministes(1), confessionnels(2) ou issus du mouvement familial et d’éducation populaire(3). Les EICCF ont du personnel salarié et/ou bénévole et ont trois missions : ?information sur la fécondité, la contraception, la sexualité et la prévention des IST (avec organisation de séances d’éducation à la vie sexuelle et affective en milieu scolaire) ; soutien à la parentalité ; soutien dans les situations de dysfonctionnement familial et de violence.

→ Les CPEF : ce sont les départements qui ont la responsabilité des 1 188 CPEF en France. Les conseils généraux gèrent la moitié d’entre eux et délèguent la gestion des autres à des hôpitaux, des communes, des universités ou, de façon très minoritaire, à des associations telles que le Planning familial (2 %). Les CPEF reçoivent gratuitement les mineurs et les personnes non affiliées à la Sécurité sociale. Ils proposent schématiquement les mêmes prestations que les EICCF mais se distinguent par l’aspect médical de leurs prestations :

– consultations avec délivrance et suivi contraceptif, dépistage et traitement des IST, consultations pré-IVG et orientation ;

– délivrance de la contraception d’urgence ;

– renouvellement de la prescription de contraceptif par les infirmières.

Pour trouver les bons interlocuteurs, de nombreuses sources d’information existent (lire Savoir + p. 54).

1- Le Mouvement français pour le planning familial et le Centre d’information pour le droit des femmes et des familles.

2- Le Centre de liaison des équipes de recherche (CLER) amour et famille.

3- Association française des centres de conseil conjugal, Couple et familles, l’École des parents et des éducateurs, le réseau des Unions départementales des associations familiales et Familles rurales.

FICHE PRATIQUE HAS

Décision médicale partagée

La Haute autorité de santé (HAS) a élaboré une fiche pratique destinée aux professionnels, « Aider la personne à choisir une contraception adaptée », pour accueillir la personne, l’écouter, l’informer, etc. Extrait : « La discussion avec la personne vise à lui permettre de vous faire part :

→ de ses souhaits, de ses attentes, des objectifs recherchés : garder la même contraception ; avoir une contraception d’emblée efficace ou pouvoir attendre ; n’avoir aucun risque d’être enceinte ou accepter de prendre un certain risque ; envisager une grossesse dans un délai plus ou moins long ou ne (plus) jamais avoir d’enfants ; avoir des règles à dates fixes ou ne plus en avoir ; ne plus avoir de maux de tête, de règles douloureuses, etc.

→ de ses préférences vis-à-vis des caractéristiques des différents moyens de contraception : coût du remboursement, discrétion, modalités d’utilisation (prise quotidienne ou non, maîtrise complète ou non de la personne sur la mise en place et l’arrêt de la contraception, application intime ou non), mode d’action respectant ou non le cycle de la femme, conséquences sur la santé ou l’environnement, impact sur le désir sexuel, etc.

→ de son contexte et de son mode de vie : expériences de contraception antérieures […], besoin d’une contraception ponctuelle ou régulière, sexualité non reconnue socialement ou imposée, etc.

→ de ses représentations, croyances, peurs autour de la contraception : valoriser sa recherche d’informations ; rectifier et/ou compléter les informations. »