TROP DE SEPTICÉMIES - L'Infirmière Magazine n° 385 du 01/09/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 385 du 01/09/2017

 

SUISSE

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FOCUS

Murielle Chalot  

Un tiers des cas de septicémie chez les jeunes enfants serait d’origine nosocomiale, révèle une étude helvète.

Dix hôpitaux pédiatriques suisses(1) ont étudié, de 2011 à 2015, les causes et effets de la septicémie chez plus de 1 200 jeunes de moins de 17 ans. Les résultats, publiés fin juillet dans la revue britannique The Lancet Child & Adolescent Health, révèlent que la septicémie n’épargne pas les enfants auparavant en bonne santé et qu’un tiers des cas est dû aux bactéries avec lesquelles ils ont été en contact à l’hôpital. L’incidence est fortement corrélée à l’âge : 74 % des empoisonnements du sang sont survenus chez les moins de 5 ans, avec le plus fort taux parmi les nouveau-nés(2). Quant aux pathogènes, la bactérie fécale Escherichia coli, le pneumocoque Streptococcus pneumoniæ et le staphylocoque doré sont en cause dans 57 % des cas.

Cathéter central en cause

Concernant la part des septicémies d’origine nosocomiale, « la population la plus affectée » est celle « des enfants avec des comorbidités, précise Philipp Agyeman, médecin en chef du service universitaire de pédiatrie de l’Inselspital de Berne. Plus spécifiquement, 85 % des cas étaient des prématurés, des enfants avec un cancer ou suite à une opération. Aussi, 70 % des cas avaient un cathéter central au moment où ils ont développé la septicémie ».

Une partie de ces cas aurait pu être évitée par une meilleure prévention. « C’est surtout en faveur des prématurés et des nouveau-nés ou des en­fants avec une maladie sous-jacente que des mesures doivent être prises », note le Pr Christoph Berger, directeur de l’hygiène hospitalière de l’hôpital pédiatrique de Zurich, car les séjours hospitaliers récurrents ou un cathéter veineux augmentent le risque d’infection nosocomiale.

« Pour éviter une septicémie liée à un cathéter central », il importe de « suivre des instructions précises et de respecter une hygiène stricte pour l’insertion, les soins et le retrait du cathéter, note Philipp Agyeman. Un entraînement spécifique du personnel et la durée du cathéter jouent un rôle crucial : le cathéter doit toujours être retiré le plus tôt possible. » « Pour les enfants qui ont besoin d’un cathéter à long terme, ceux de type port-à-cath, Hickman ou PICC ont moins de risque d’infection », observe-t-il.

1- Cliniques pédiatriques de Berne, Zurich, Aarau, Bâle, Coire, Genève, Lausanne, Lucerne et Saint-Gall et l’hôpital universitaire de Zurich.

2- 20,1 cas pour 100 000 enfants, mais 146 cas pour 100 000 nouveau-nés.