QUAND LE SOIN SE MET AU VERT - L'Infirmière Magazine n° 385 du 01/09/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 385 du 01/09/2017

 

JARDIN THÉRAPEUTIQUE

ACTUALITÉS

FOCUS

Isabel Soubelet  

Si les jardins thérapeutiques se développent en France, leur réussite repose sur l’implication d’équipes pluridisciplinaires dès leur conception. Une démarche dans laquelle les soignants ont toute leur place.

Amélioration de l’appétit, réduction de la prise de médicaments et de la durée de séjour à l’hôpital, diminution des états d’anxiété et de dépression, régulation de l’agressivité dans les unités de psychiatrie… « L’apport positif de la nature à l’homme n’est plus à démontrer, estime le Pr Roland Sambuc, président du Comité régional d’éducation pour la santé Provence-Alpes-Côte d’Azur (Cres Paca). La jardinothérapie et l’hortithérapie sont bien un mode d’accompagnement des soins et non une spécialité. »

Lors du colloque organisé fin juin à Marseille par le Cres Paca et l’Agence régionale de santé Paca dans le cadre du plan régional santé environnement 2015-2019, les intervenants ont insisté sur les points clés pour assurer la pérennité des projets. La conception est elle-même une étape déterminante « qui nécessite de faire appel à des équipes aux multiples compétences, médicales bien sûr, mais aussi des jardiniers et des paysagistes, insiste Bethsabée de Gunzbourg, responsable de la commission jardins à but thérapeutique de l’association Jardins et santé. Il faut sortir de la posture figée qui rappelle toujours la maladie, et bien prévoir l’entretien du jardin, sinon il périclite ».

Paysage créatif

La démarche doit également s’élaborer dans le cadre d’une concertation entre les équipes de l’établissement, avec les soignants et les usagers. Le jardin doit en même temps tenir compte du site dans sa globalité et de la diversité des personnes. « Il est important d’avoir des situations qui permettent l’expression de la violence comme la taille et le fauchage, et d’autres qui offrent calme et apaisement (semis, repiquage…) », précise Sébastien Guéret, jardinier formateur professionnel pour le Réseau des jardins solidaires méditerranéens (RJSM). Dans ce jardin, où les blouses blanches sont proscrites, des moments précieux peuvent arriver. « Les ateliers de création – céramique, bouquet, peinture… –, permettent de redonner des repères spatio-temporels, explique Danielle Barilla, art-thérapeute et responsable du jardin thérapeutique au Centre gérontologique départemental de Marseille. Un jour, j’ai même vu une personne qui ne parlait plus prendre la parole pour évoquer la vigne. » Un résultat qui redonne du sens au travail de chacun.