« NOTRE MAL-ÊTRE N’EST PAS PSYCHOLOGIQUE » - L'Infirmière Magazine n° 385 du 01/09/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 385 du 01/09/2017

 

LEVOTHYROX

ACTUALITÉS

FOCUS

Hélène Colau  

Plusieurs patients se plaignent de violents effets secondaires depuis le changement de composition du Levothyrox. Chantale Garnier, coprésidente de l’Association française des malades de la thyroïde, demande le retour à l’ancienne formule.

Comment avez-vous soupçonné un problème avec le Levothyrox ?

Début mars, un courrier de l’ANSM(1) nous expliquait que le laboratoire Merck changeait la formule du médicament et que les femmes enceintes et les personnes souffrant de problèmes cardiaques devaient refaire un bilan thyroïdien. Cela nous a mis la puce à l’oreille. Dans le même temps, les pharmaciens, eux aussi informés, disaient aux patients que seule la couleur de la boîte avait changé… J’ai moi-même testé ce nouveau Levothyrox. Deux jours après, je ressentais une fatigue extrême, des maux de ventre, j’avais 8 de tension, je faisais des malaises… Cela fait trente ans que j’en prends et jamais je n’avais eu de problème. Nous avons donc mis sur notre site(2) un document demandant aux malades s’ils avaient ressenti des effets secondaires. Et avons eu de très nombreux retours. Depuis une dizaine de jours, mon télépho­ne ne cesse de sonner. Sur les 6 millions de Français qui consomment des hormones thyroïdiennes, je pense que seuls 30 % ne ressentent pas trop d’effets secondaires.

Quelle a été la réaction des autorités sanitaires ?

Nous avons eu une réunion en juillet avec l’ANSM qui minimise le problème. Elle s’est contentée de dire aux patients de ne pas arrêter le médicament, ce qui est une évidence… Tant qu’on peut supporter ces terribles effets secondaires, on doit donc continuer à le prendre car on n’a quasiment pas d’alternative. Les personnes ayant de graves problèmes cardiaques peuvent cependant passer aux gouttes de thyroxine, qui contiennent beaucoup moins d’excipient car elles sont, à l’origine, destinées aux enfants. Ceux qui l’ont fait revivent ! Dans l’ensemble, le monde médical nous dit que notre mal-être est psychologique, ce qui est inacceptable. Une nouvelle réunion avec l’ANSM est prévue le 22 septembre, mais on ne va pas attendre jusque-là. Nous comptons les interpeller dès leur retour de vacances, le 1er septembre.

Que demandez-vous ?

Déjà, une plus grande transparence de la part du laboratoire. Ils disent qu’ils ont simplement retiré le lactose et ajouté du mannitol et de l’acide citrique mais j’en doute, car ces excipients sont présents dans d’autres médicaments que je prends et je n’en souffre pas. Certains méde­cins disent qu’il faut un ou deux ans pour constater l’ampleur des effets secondaires, mais on ne va pas attendre que les gens tombent comme des mouches ! Merck dit qu’il ne reviendra pas à l’ancienne formule. Cependant, il y a une dizaine d’années, nous étions parvenus, avec le soutien d’un chimiste, à faire retirer des colorants et excipients qui semblaient inutiles. Nous espérons donc beaucoup. Si nous ne sommes pas entendus par l’ANSM, nous monterons au ministère et même à l’Élysée !

1- Agence nationale de sécurité du médiaments et des produits de santé.

2- www.asso-malades-thyroide.fr

PÉTITION

Une formule tragique

Une pétition, lancée en juin contre la nouvelle formule du Levothyrox, utilisé en France par des millions de malades de la thyroïde, a dépassé les 150 000 signatures : « Les laboratoires ont décidé de changer certains excipients et il en résulte que trop de patients ne supportent pas le nouveau Levothyrox, ils ressentent d’importants effets secondaires. […] Nous demandons à ce que les laboratoires concernés reviennent à l’ancienne formule. » bit.ly/2wDTRCp