Qui est Andrew ? Un chercheur en sciences cognitives devenu fou ? Un patient survolté en plein transfert ? « Essayez de comprendre. Je sais que c’est difficile pour vous, mais faites semblant d’être moi », implore-t-il dans ce que l’on imagine être le cabinet d’un psychanalyste. Ses confessions retracent les méandres de sa propre histoire, convoquent Lewis Carroll, la Maison Blanche, Le Magicien d’Oz, invoquent une Amérique tributaire de son inconscient collectif. Dans son maelström de propos délirants, il se débat entre sentiments de culpabilité, lucidité fugace, sempiternelles remises en question. Ses tourments nous invitent à un voyage jubilatoire au sein d’un récit drôle, chaotique, touchant. Les expériences-limites d’E. L. Doctorow rappellent le roman L’Homme-dé où le héros décide d’interroger un dé pour décider de ses actions. Une telle immersion dans les strates de l’identité et de la psychologie est ici une aventure littéraire à laquelle chacun finit par s’abandonner. L’auteur signe là un dernier roman totalement libre. Avec lui, on est en marche. Au singulier, comme au pluriel. « Écrire, c’est se parler à soi-même », confie le héros à son interlocuteur Doc. Doc, comme Doctorow ? Une belle leçon de littérature. Dans la tête d’Andrew, E. L. Doctorow, Éd. Actes Sud, 21 €