LES FACTEURS DE CHANGEMENT - L'Infirmière Magazine n° 377 du 01/12/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 377 du 01/12/2016

 

DOSSIER

M. C.  

Les évolutions sociétales et médicales vont avoir des conséquences sur l’exercice du métier d’infirmière. Voici les principaux changements dont il faudra tenir compte.

Une population qui vieillit

• Le vieillissement de la population est un fait depuis longtemps établi. Aujourd’hui, on compte 15 millions de personnes de plus de 60 ans. En 2030, elles seront 20 millions et, en 2060, près de 24 millions ! De fait, les plus de 75 ans, qui étaient 5,7 millions en 2012, seront 12 millions en 2060. Cette démographie a pour conséquence l’augmentation du nombre de pathologies chroniques, mais aussi de certaines maladies liées à l’âge (Alzheimer, DMLA…), ainsi que la dépendance. Dans le même temps, une partie de la population âgée se portera globalement bien, notamment en raison des progrès de la médecine, et pourra rester autonome. La prise en charge des personnes âgées va donc inéluctablement changer, car elle devra être transversale.

• Le vieillissement de la population implique également le développement des Ehpad, mais aussi de structures accueillant des personnes atteintes de maladies neurodégénératives nécessitant un suivi spécifique, de maisons de retraites médicalisées ou non, de l’hospitalisation à domicile, du maintien à domicile avec une offre de services à domicile, y compris de soins.

Des malades chroniques de plus en plus longtemps

• Les progrès de la médecine ont permis de rendre chroniques des maladies jusqu’alors mortelles : VIH, hépatite C… Et ce n’est pas fini. En 2015, 15 millions de personnes étaient atteintes de pathologies chroniques. En 2020, elles seront plus de 20 millions.

• Ce mouvement de fond aura forcément des impacts sur le système de santé. Ces millions de patients ne pourront pas être suivis uniquement à l’hôpital ou y séjourner. Cela nécessitera le virage ambulatoire dont on parle tant, mais également une nouvelle organisation hospitalière. « L’hôpital va rester un lieu de recours d’excellence, mais deviendra un lieu de passage rapide. L’hôpital de demain devra être ouvert sur son environnement pour la coopération et la pluridisciplinarité », expliquait Édouard Couty, conseiller maître à la Cour des comptes, lors de la conférence « La santé, an 2050 », le 4 novembre 2015.

La médecine des 4 P

• La médecine sera préventive, prédictive, personnalisée et participative. La prévention va jouer un rôle de plus en plus important, alors que notre système de santé est basé sur le curatif. On peut imaginer que nombre de traitements thérapeutiques, notamment en oncologie, pourront être ajustés à chaque patient grâce aussi à leurs évaluations régulières. Les patients vont encore être plus acteurs de leur santé. Déjà, les relations entre patients et soignants ont été bouleversées par l’information et les connaissances acquises par les malades.

• Dans le cadre de la médecine des 4 P, le rôle du médecin va changer. Le spécialiste deviendra un hyper-spécialiste. Ce qui pose la problématique de l’accompagnement du patient en dehors de la consultation spécialisée.

L’utilisation des outils numériques

• On ne cesse de parler des applications de santé. Vont-elles révolutionner les relations entre patients et soignants ? Il est certain que certaines applications développées pour le suivi de patients chroniques (diabétiques notamment) ou atteints de cancer conduiront à créer une nouvelle façon de travailler.

• L’objectif est en effet de transmettre des informations, voire des alertes, au médecin ou à l’infirmière sur l’état de santé du patient. Comment les soignants vont-ils intégrer ce suivi personnalisé dans leur organisation de travail ? La question des données de santé et de leur stockage se pose également.

Le financement du système de santé

• Le dernier point qui conditionne la réorganisation du système de santé concerne le financement. Face à l’augmentation des dépenses de santé et à l’arrivée de traitements innovants coûteux, comment va-t-on pouvoir financer les réponses aux nouveaux besoins de la population ? L’évolution de la prise en charge des patients et de la maîtrise des coûts est certainement l’une des questions-clés pour la santé de demain.

BIBLIOGRAPHIE

→ Portrait des professionnels de santé, Dress, collection Panoramas, édition 2016.

→ « Les métiers en 2022 », rapport du groupe Prospective des métiers et qualifications, France stratégie, Dares, avril 2015.

→ « La démographie des infirmiers à l’horizon 2030. Un exercice de projections aux niveaux national et régional », Études et résultats, n° 760, Drees, mai 2011.

→ « La Santé, an 2050 », propos recueillis lors de la conférence du 4 novembre 2015, organisée par Grant Thornton en partenariat avec la Fédération hospitalière de France, l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers et la revue Gestions hospitalières.