CAP SUR L’ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES - L'Infirmière Magazine n° 375 du 01/10/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 375 du 01/10/2016

 

FONCTION PUBLIQUE

ACTUALITÉS

COLLOQUES

Solange de Fréminville  

Pionnier de l’égalité professionnelle, le centre hospitalier de Thuir (66) a présenté les avancées de sa démarche et ses projets lors d’une journée sur ce thème, le 16 septembre.

Plafond de verre, rémunérations inférieures, fréquence plus grande des accidents du travail… Les femmes subissent de réelles inégalités en milieu hospitalier. « La fonction publique hos?pitalière (FPH) compte 77 % de femmes, mais 41 % dans les directions et 20 % à des postes de directeur », détaille David Gruson, délégué général de la Fédération hospitalière de France (FHF), dans une intervention vidéo qui introduisait la 4e Journée en faveur de l’égalité professionnelle organisée par le centre hospitalier spécialisé de Thuir (CHS). « Si les statuts de la FPH apparaissent comme un rempart contre les inégalités, ils ne sont pas une garantie », poursuit le délégué général.

Depuis 2013, le CHS de Thuir s’attaque à cette problématique. Une démarche pionnière. Premier point : le traitement égalitaire des embauches. La parité est ainsi de mise dans les équipes de recrutement et les jurys de concours afin qu’aucun genre ne soit favorisé.

Interruptions

Autre avancée : l’accès à la formation est facilité. « Nous informons plus largement sur les formations et nous organisons 70 % des actions sur le site du CHS », précise Sophie Barre, référente égalité et directrice du développement durable, des achats, de la logistique et de l’immobilier. En outre, les agents qui s’engagent dans un projet d’études promotionnelles bénéficient d’un accompagnement pendant 6 à 8 mois.

Il est plus difficile d’agir sur les interruptions de parcours et les temps partiels, qui ont une incidence négative sur les rémunérations et les déroulements de carrière. Là aussi, le CHS de Thuir mise sur la communication pour faire évoluer les mentalités. Il distribue des flyers sur les différents congés (maternité, paternité, parental, etc.) et sur le temps partiel. Un premier pas. En 2016-2017, il est prévu de rencontrer systématiquement les femmes qui déclarent une grossesse pour les aider à se maintenir au travail jusqu’à leur congé maternité, par exemple en leur proposant des missions temporaires ou un changement d’affectation. Bien des congés maladie seraient ainsi évités.

Mieux encore, l’établissement s’engage à soutenir l’évolution professionnelle de ses agents, quel que soit leur grade, en développant le mentoring (lire l’encadré) et, pour les cadres, le coaching. Mais aussi en aidant les moins qualifiés, les agents de service hospitaliers (90 % de femmes), à développer leurs compétences clés et à valoriser leur parcours, en particulier par la validation des acquis de l’expérience. Autre enjeu : garantir l’égalité de traitement dans la mobilité interne. Pour ce faire, les équipes chargées du recrutement vont être formées. Last but not least, la santé au travail, avec notamment un projet de forum sur ce thème.

Le CHS de Thuir a également testé un outil de diagnostic, conçu par l’Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier (ANFH) qui devrait le diffuser à partir de novembre 2016. Pour développer la connaissance et l’analyse des inégalités de genre… Une priorité, désormais ? « L’égalité professionnelle est un facteur de progrès et d’inclusion, dans un milieu hospitalier marqué par le sexisme », souligne Clara de Bort, cheffe de la Réserve sanitaire et spécialiste de l’égalité hommes-femmes, modératrice de cette journée.

ÉVOLUTION PROFESSIONNELLE

Des mentors pour soutenir les agents

Le 16 septembre, le CHS de Thuir a lancé une initiative originale baptisée mentoring. Les agents de l’établissement qui veulent évoluer professionnellement pourront désormais être accompagnés pendant six mois par un mentor. Il s’agit d’une personne extérieure à l’hôpital, expérimentée et bienveillante, qui a pour mission d’aider l’agent dans son projet par son expérience et ses contacts. Une charte du mentoring encadre cette action. Chaque mentor signera un contrat avec la personne qu’il s’engagera à soutenir. Il est prévu une rencontre par mois, qui pourra se limiter à des entretiens téléphoniques après le premier contact. Déjà, 11 agents – 9 femmes et 2 hommes – veulent se lancer dans cette action.