LIBÉRÉE, DÉLIVRÉE, je NE tE PIQUERAi PLUS JAMAIS - L'Infirmière Magazine n° 374 du 01/09/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 374 du 01/09/2016

 

L’INVITÉ

ACTUALITÉS

SUR LE WEB

Yo les gros (oui, je suis Lorrain) ! Me revoilà pour une presque analyse de pratique professionnelle (APP). L’action se situe dans le service palliatif où j’ai effectué une partie de mon dernier stage. Cette presque APP porte sur un refus de soin de la part d’une patiente. Ce service a une patientèle très variée : des petits, des grands, des vieux, des jeunes, des drôles, des tristes.

Un jour, au cours du tour des glycémies (ce moment où toi, comme les patients, commencez à vous demander ce que vous allez manger), je toque, puis entre dans la chambre de Madame L. La patiente a un cancer multi-métastasé ; son pronostic vital est engagé ++. Madame L. est diabétique insulino-dépendante, mais c’est le cadet de ses soucis : elle a un protocole Novorapid adapté à ses glycémies (très stable lors de ses deux semaines d’hospitalisation). Mais lorsque j’arrive, Madame L. refuse catégoriquement le dextro : « Ne m’embêtez pas avec ça » (je pense qu’elle a retenu le « p’tit con » qui aurait bien ponctué sa phrase). Je suis reparti en en discuter avec les collègues. Puis je suis retoumoonwalkrné voir la patiente pour lui expliquer ce qui allait se passer : les risques, les trucs et bidules à surveiller… Cette situation a fait appel à mes cours précédents : déontologie, santé publique, tout ça.

Alors votre jeune future (peut-être) blouse blanche s’est posé plusieurs questions : ai-je eu une réaction adaptée ? aurais-je dû être plus insistant ? quel est l’avis du médecin ? comment œuvrer au « bien mourir » ? qu’est-ce que je vais manger ce midi ? Je me suis aussi documenté sur le refus de soins (chapeau !). A posteriori, je trouve mon comportement adapté aux débats actuels sur la fin de vie. La prise en charge palliative doit être centrée sur le confort des patients. Après tout, je pense que ça ne dérange personne qu’elle mange des tonnes de chocolat, tant qu’elle passe ses derniers moments avec nous dans les meilleurs sentiments possibles. La patiente est orientée et une fois tout le bordel expliqué, elle est restée sur son choix. Le médecin ne trouvant pas cette doléance déraisonnable, le bénéfice/risque justifiant un arrêt du traitement, on l’a laissée tranquille. Je n’ai pas vu l’intérêt d’insister. Je pense que parfois, à vouloir soigner, on oublie de prendre soin.

Ce jour-là, j’ai mangé des gâteaux secs, parce qu’une fois de plus, j’avais oublié ma gamelle à la maison. Lovenox & macrogol < 3.